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Dernières Infos - Diplomatie

L'ONU remet un navire pour remplacer un pétrolier délabré au Yémen


Une photo datée du 17 juillet 2023 du navire des Nations unies. Photo AFP/Mohammed Huwais

L'ONU a remis lundi au Yémen un navire dans lequel doit être transféré du pétrole stocké depuis des années dans un supertanker délabré ancré au large de ce pays en guerre, une opération cruciale pour éviter une marée noire en mer Rouge. Une cérémonie a eu lieu à bord de ce navire, le Nautica, rebaptisé Yémen, en présence de responsables de l'ONU et des houthis, les rebelles qui contrôlent de vastes régions du pays dont la capitale Sanaa et une partie de la côte ouest, dont le port stratégique de Hodeida.

Le navire de l'ONU est arrivé dimanche dans les eaux du Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, déchiré par un conflit qui oppose depuis plus de huit ans les houthis soutenus par l'Iran, aux forces progouvernementales, appuyées par l'Arabie saoudite. L'opération doit débuter dans les prochains jours. Elle consiste à pomper vers le Nautica 1,14 million de barils de brut du SFO Safer, un pétrolier vieux de 47 ans ancré depuis les années 1980 à une cinquantaine de kilomètres de Hodeida et à neuf kilomètres de la côte la plus proche.

Au "peuple yéménite"
Décrit comme une "bombe à retardement" par l'ONU, le FSO Safer est la propriété de la compagnie pétrolière nationale yéménite, la Safer Exploration & Production Operation Company (Sepoc), basée à Sanaa. Construit en 1976, il servait de terminal flottant de stockage et de déchargement, mais il n'a pas été entretenu depuis 2015 en raison de la guerre. Lors de la cérémonie à bord du Nautica, à laquelle les rebelles avaient invité une vingtaine de journalistes, le coordinateur humanitaire de l'ONU pour le Yémen, David Gressly, a signé les documents de son transfert avec Idriss Al-Chami, président de la Sepoc, nommé par les houthis.

Dans un souci visible de ménager le gouvernement yéménite, basé à Aden (sud) et non représenté à la cérémonie, M. Gressly a déclaré que la remise du navire avait été organisée avec la participation de toutes les parties au conflit et qu'il appartenait désormais au "peuple yéménite". Cependant, les responsables houthis ont déclaré qu'il serait désormais sous leur contrôle. "Le transfert se fait à la société Safer (Sepoc)", a déclaré à l'AFP Abdelwahab al-Dhura, le ministre des Transports du gouvernement houthi, non reconnu par l'ONU.

Le gouvernement yéménite a lui nommé son propre chef de la Sepoc. Le Nautica, acheté par l'ONU, devrait maintenant se rendre sur le site du SFO Safer afin que le pompage puisse commencer d'ici la fin de cette semaine. Une fois le pompage terminé, la question de la propriété de cet or noir se posera alors, car la rivalité entre les houthis et le gouvernement continue de faire rage, bien que les combats aient largement diminué sur le terrain.

Reprise des négociations ?

M. Gressly voit lui dans cette opération, fruit d'années de négociations compliquées, un espoir pour une solution politique à la guerre. "Le fait que toutes les parties en conflit se soient mises d'accord pourrait donner un coup de pouce au processus" de paix, a-t-il déclaré à l'AFP. Les violences ont quasiment cessé depuis avril 2022 au Yémen, à la faveur d'une trêve négociée par l'ONU, toujours relativement respectée bien qu'officiellement expirée depuis plusieurs semaines.

Ces derniers mois, des développements diplomatiques ont suscité des espoirs de paix au Yémen, notamment avec la réconciliation entre l'Iran et l'Arabie saoudite, à couteaux tirés depuis des années. Hussein al-Ezzi, vice-ministre des Affaires étrangères des houthis, a déclaré à l'AFP lundi que son camp était ouvert à de nouvelles discussions de paix, minimisant toutefois l'espoir d'une percée imminente.

"Nous sommes ouverts à (...) toutes les négociations avec n'importe quelle partie, en particulier avec l'Arabie saoudite", a-t-il déclaré. "Le cadre des négociations est toujours positif, mais les résultats sont mitigés", a-t-il encore dit. En raison de l'état de délabrement du Safer, un naufrage ou une explosion pourrait provoquer une marée noire gigantesque, faisant des ravages sur la faune et la flore, les villages de pêcheurs côtiers, le trafic maritime et les ports essentiels pour ce pays déjà confronté à l'une des pires crises humanitaires au monde.

L'ONU a remis lundi au Yémen un navire dans lequel doit être transféré du pétrole stocké depuis des années dans un supertanker délabré ancré au large de ce pays en guerre, une opération cruciale pour éviter une marée noire en mer Rouge. Une cérémonie a eu lieu à bord de ce navire, le Nautica, rebaptisé Yémen, en présence de responsables de l'ONU et des...