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Moyen-Orient - FOCUS

Une présentatrice égyptienne écartée de l’antenne pour « insulte aux hommes »

La direction de la chaîne de télévision égyptienne CBC a annoncé suspendre Radwa el-Sherbiny pour publication d’un message « offensant » sur son compte Facebook personnel. 

Une présentatrice égyptienne écartée de l’antenne pour « insulte aux hommes »

Radwa el-Sherbiny. Compte Facebook

« Je ne comprends pas pourquoi les filles n'aiment pas manger de l'agneau, mais aiment y être liées ? » Écrite par l’animatrice de télévision égyptienne Radwa el-Sherbiny et publiée samedi dernier sur sa page Facebook, cette phrase énigmatique est à l’origine de toute une polémique. Certains y ont vu une métaphore, l’interprétant comme une moquerie envers les femmes qui se marient avec des hommes qu’elles n’aiment pas. Reste que la direction de la chaîne privée CBC, pour laquelle l’animatrice égyptienne travaillait, a déclaré sur son compte Twitter que « Radwa el-Sherbiny a été suspendue en raison du message publié sur sa page personnelle, qui a offensé le nom de l'institution ».

De nombreuses personnalités ont rapidement réagi, à l’image de l’actrice libanaise Fatmé Safa qui a appelé, sur son compte TikTok, à boycotter la chaîne égyptienne, plusieurs fois accusée d’être progouvernementale. Le journaliste libanais Élie Merheb a, lui aussi, exprimé son étonnement sur Twitter : « Son compte est libre, qu'est-ce qui ne va pas chez vous ? » faisant référence au fait que le message de la présentatrice égyptienne n’a pas été dit à l’antenne ou sur les comptes de la CBC, mais bien sur son compte personnel. « C’est une décision injuste et arbitraire. Ils veulent gagner les votes des réactionnaires aux dépens de la seule présentatrice qui se bat pour les droits des femmes », dénonce sur Twitter une spécialiste égypto-britannique de la région Moyen-Orient, Nervana Mahmoud.

Contrôle des voix dissidentes

Car la présentatrice de télévision est très populaire en Égypte. Forte de ses 14,8 millions d’abonnés sur Instagram, elle animait jusqu’à présent une célèbre émission « lifestyle » intitulée Heya w bas (Elle et puis c’est tout), très appréciée des jeunes femmes, et qui traitait essentiellement de la conciliation de leurs vies professionnelle et familiale. Aux antipodes donc de sa consœur Yasmine Ezz, célébrité médiatique qui avait été visée en janvier par des plaintes déposées par deux organisations égyptiennes de lutte pour les droits des femmes dénonçant des propos misogynes tenus dans son émission. Celle-ci reste néanmoins à l’affiche de son émission Kalam al-nass, diffusée sur la chaîne de télévision égyptienne gratuite MBC Masr – détenue par le groupe saoudien MBC.

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Des cas opposés qui témoignent cependant tous deux d’une exacerbation du conservatisme en Égypte, moulue dans un contrôle accru des voix dissidentes. Une loi de 2018 sur la cybercriminalité empêche ainsi les personnes qui s’exposent sur les réseaux sociaux de s’écarter des « principes et valeurs de la famille égyptienne », sans en donner une définition précise. Dans ce contexte, Radwa el-Sherbiny avait déjà suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux lorsqu’elle avait déclaré en juin dernier : « L’amour est comme la guerre, les deux ont besoin d’hommes. » Le message posté samedi par la présentatrice, par ailleurs influenceuse, lui a valu des accusations d’insulte envers les hommes, ou encore des déclarations déplorant le niveau des médias égyptiens et de leurs présentateurs, obligeant la jeune femme à supprimer le post de son compte.

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Volontairement ou à leurs dépens, de nombreuses Égyptiennes provoquent le débat sur les sujets de société dans leur pays. Sur le papier, Le Caire promeut l’émancipation des femmes et l’égalité femmes-hommes. Mais en pratique, l’Égypte reste un pays où les violences à caractère sexiste demeurent un problème majeur, comme le décrit un rapport du HCR, le Haut-Commissariat de l'ONU, publié à la fin de l'année dernière. 813 crimes de violence contre les femmes ont été mentionnés dans les médias et les annonces des autorités en 2022 dans le pays, selon l’ONG Edraak Foundation for Development and Equality.

« Je ne comprends pas pourquoi les filles n'aiment pas manger de l'agneau, mais aiment y être liées ? » Écrite par l’animatrice de télévision égyptienne Radwa el-Sherbiny et publiée samedi dernier sur sa page Facebook, cette phrase énigmatique est à l’origine de toute une polémique. Certains y ont vu une métaphore, l’interprétant comme une moquerie envers les femmes...

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