Dans le cadre du projet Vision 2030, Riyad veut "intégrer Israël dans un Moyen-Orient unifié"

L'ambassadrice saoudienne à Washington, la princesse Rima bin Bandar Al-Saoud, a déclaré l'intention de son pays d'"intégrer Israël dans un Moyen-Orient unifié”, lors d'une conférence donnée à l'Aspen Ideas Festival, au Colorado, fin juin. Selon plusieurs médias israéliens, qui ont repris ses propos et diffusé des vidéos de la conférence, l'ambassadrice a expliqué que cette volonté s'inscrivait dans le cadre du projet de développement de grande envergure "Vision 2030" lancé par le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane. 

"La normalisation signifie que nous vivons ensemble, mais séparément. L’intégration signifie que nous coopérons, que nos intérêts convergent", a indiqué l'ambassadrice. Elle a ajouté qu’elle espérait que les entreprises de l’ensemble du Moyen-Orient collaborent et que "les jeunes s'épanouissent". Rima Bint Bandar Al-Saoud a toutefois exprimé son inquiétude quant à l’approche actuelle du gouvernement israélien en Cisjordanie. Une approche qui est pour elle "extrêmement préoccupante". Selon l'ambassadrice, la politique menée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu envers les Palestiniens ralentit l’effort de paix dans la région.

L’ambassadrice saoudienne a également évoqué le problème des colonies, qui selon elle, doit être résolu. “Je pense que le conflit dure depuis si longtemps que ces murs ont été construits psychologiquement et émotionnellement et sont très difficiles à surmonter.” La princesse a précisé : “Nous voulons voir Israël prospérer autant que nous voulons voir la Palestine prospérer.” 

Ces déclarations interviennent alors que début juin, le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Fayçal Ben Farhane, estimait que "la normalisation avec Israël est dans l'intérêt de la région". Quelques jours plus tard, Eli Cohen, ministère des Affaires étrangères israélien se disait "très optimiste" quant à l'amélioration des relations avec le royaume.

La question de la normalisation avec Israël revient régulièrement dans les médias ces derniers mois, alors que l'administration américaine fait de la signature d'un accord entre Tel-Aviv et Riyad une priorité avant les élections de 2024. L'Arabie saoudite a posé une série de conditions à une normalisation avec l'État hébreu, comme l’aide des États-Unis pour le développement d’un programme nucléaire civil et la création d’un État palestinien. Toutefois, le royaume a montré ces derniers mois des signes d’ouverture à l’égard de Tel Aviv, notamment en ouvrant son espace aérien ou, récemment, en modifiant le contenu relatif aux juifs dans ses manuels scolaires. En coulisses, les deux pays coopèrent également en matière de renseignement et de sécurité.