Les profondeurs sous-marines ont depuis toujours fasciné les chercheurs passionnés ainsi que des millionnaires blasés et, c’est pourquoi les expéditions explorant les océans et ses profondeurs se sont multipliées à une vitesse record. Le commandant Cousteau consacra toute sa vie à l’exploration de l’océan au bord de sa « Calypso ». Les stations balnéaires côtières offrent aussi aux touristes amateurs de sensations fortes des plongées en apnée ou des voyages en submersibles afin de découvrir le monde des abysses qui stimule l’imagination de beaucoup de gens. Cette exploration des profondeurs maritimes constitue aussi une inspiration majeure pour le septième art et notamment les genres du fantastique et de la science-fiction, et parfois de l’horreur.

En 1870, Jules Verne avait déjà signé son ouvrage fantastique Vingt mille lieues sous les mers, un livre qui donne froid dans le dos et qui inspire bon nombre de remakes et d’adaptations filmiques. Les abysses recèlent, selon lui, des milliers de dangers, d’imprévus et de créatures fantastiques et dangereuses. Quand on y plonge, on n’est pas sûr d’y revenir vivant. Les créatures monstrueuses et maléfiques grouillent dans ce lieu sombre et insondable.

Au cinéma, le désastre du Titanic a donné lieu à plusieurs films dont le plus célèbre drame de James Cameron (1997) qui fut un succès au box-office, immortalisant le tragique naufrage du navire de luxe entraînant la mort des centaines de passagers, qui étaient pour la plupart des gens aisés.

Puisqu’on n’a pas pu repêcher l’épave du Titanic, la prestigieuse compagnie OceanGate organise des plongées risquées en submersible, pour des clients fortunés, à 3 800 mètres de profondeur. On ne saura jamais pourquoi ce lieu maudit fascine tant et pourquoi une malédiction séculaire pèse lourdement sur ses alentours, rappelant celle des pyramides et des sphinx de l’Égypte pharaonienne.

D’ailleurs le mot « Titan » porte en lui une force titanesque et herculéenne, cependant chaque puissance masque une sournoise faiblesse. Depuis le film Le choc des titans (1981) jusqu’au film dérangeant Titane (2021), l’inquiétante étrangeté se perpétue et la malédiction prend une ampleur irréductible, que ce soit sous la forme de l’émergence du refoulé ou bien sous la forme d’une suite de destins tragiques et fatidiques.

Alors pourquoi a-t-on nommé le submersible Titan ? Et comment peut-on s’embarquer dans une capsule hermétiquement close, plonger dans le ventre de l’océan juste pour regarder des épaves ?

Encore faut-il nommer la compagnie de plongée « OceanGate » ou bien « Hell’s Gate » ? Donc on paye une somme astronomique pour mourir. On réserve un ticket aller sans retour vers le royaume de Poséidon et de Hadès.

Les riches désabusés et las des plaisirs terrestres cherchent toujours des sports de l’extrême pour ressentir des instants de plaisir, pour frémir dans des missions absurdes de kamikaze et pour tanguer entre la vie et la mort. On risque sa vie pour une excitation non encore éprouvée. Pendant ce temps, des milliers de migrants clandestins périssent en méditerranée, sans qu’aucune aide ne soit déployée pour leur sauvetage. La malédiction du Titanic se perpétuera de génération en génération et fera écho à la célèbre malédiction du triangle des Bermudes. Plus la science fait des découvertes spectaculaires, plus le mystère des abysses se complexifie, donnant lieu à des spéculations aléatoires sur la qualité de vie et les monstres qui peuplent les profondeurs sous-marines. L’homme aurait tout fait pour percer les mystères de l’océan, cette énorme gueule noire, cette monstrueuse bouche d’ombre qui avale les épaves et les radeaux, les paquebots et les navires de croisière. Mais ni robots plongeurs, ni drones sous-marins, ni GPS ne peuvent localiser un submersible, une fois qu’il perd le contact avec la station mère. La plateforme Netflix se saisira-t-elle prochainement de ce fait divers funeste pour tourner une série après l’effrayante série Abysses (2023) ?

Auteure, PhD

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