Égalité des genres : Le Liban régresse, selon le Forum économique mondial

Le Liban a une nouvelle fois prouvé son désintérêt pour l’égalité des genres. Classé 132e sur 146 pays dans le rapport annuel sur cette thématique du Forum économique mondial (World Economic Forum, WEF) de 2023, repris cette semaine par le bulletin hebdomadaire Lebanon This Week de la Byblos Bank, le Liban a ainsi perdu 13 places en un an, alors qu'il était classé 119e en 2022. Sans surprise, c’est l’Islande qui remporte la première place, suivie de la Norvège et de la Finlande, tandis que l’Afghanistan reste au bas du classement, précédé du Tchad et de l’Algérie.

Au niveau régional, c'est-à-dire  la zone MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), il se positionne cette année à la 7e place sur 12 pays entre l’Arabie saoudite et le Qatar, alors qu’il avait profité d’une belle seconde place l’an dernier. Il convient de noter que si le premier pays de la région est représenté par les Émirats arabes unis (71e), c’est Bahreïn qui affiche la plus forte progression parmi les pays arabes avec un saut de 18 places pour atteindre la 113e du classement.

Avec 62,8 %, le score du Liban est inférieur à la moyenne mondiale (68,4 %), mais très légèrement au-dessus de la régionale (62,6 %) qui, par ailleurs, est la moins bien classée. L’Europe arrive en effet en tête (76,3 %), suivie de l’Amérique du Nord (75 %), de l’Amérique latine et des Caraïbes (74,3 %), de l’Asie centrale (69 %), de l’Asie de l’Est et du Pacifique (68,8 %), de l’Afrique subsaharienne (68,2 %) et de l’Asie du Sud (63,4 %).

Méthodologie

La méthodologie employée par le WEF pour cet index reste inchangée : plus le score se rapproche de 1, plus un pays se rapproche de l’égalité parfaite entre les genres, qu’aucun pays n’a de facto atteint (l’Islande est 1er mondial avec un score de 91,2 %).

Le forum construit son classement sur 4 piliers : participation économique et opportunités (accès aux postes à responsabilité, égalité de salaire pour un travail égal ou encore nombre d’hommes et de femmes qui occupent un emploi) ; accès à l’éducation (alphabétisation des hommes et des femmes à chacun des cycles d’éducation) ; accès à la santé (différence entre hommes et femmes en matière d’espérance de vie) ; et émancipation politique (représentation dans les instances législatives exécutives ainsi qu’aux autres plus hautes fonctions des États).

Suivant les catégories utilisées par le forum, le Liban est respectivement 127e (53,8 %, +8 places en un an) pour le pilier économique ; 90e (98,4 %, même place qu’en 2022) pour celui lié à l’éducation ; 68e (97,1 %, + 7 places en un an mais avec un score inchangé) pour celui de la santé ; et enfin 144e (2,1 %, -34 places en un an) pour le pilier politique.

Des droits fracturés et discriminatoires

Les données spécifiques au Liban fournies par le WEF en annexe du classement permettent de mettre en exergue le fait que les Libanaises détiennent seulement 4,7 % des entreprises du pays, tandis qu’elles n’en dirigent que 5,9 %, un pourcentage inchangé depuis 2022. Des inégalités de participation économique et d’opportunités économiques qui ne s'expliqueraient pas par le manque de niveau d’études, selon les explications statistiques du forum.

Le rapport met également en relief le fait que les femmes au Liban ont un accès plus réduit aux services financiers et ont moins de droits accordés par la loi. Les Libanaises ne peuvent pas à titre d'exemple donner la nationalité à leurs enfants et sont défavorisées par rapport aux hommes en ce qui concerne les questions d’héritage, de divorce, d’autonomie reproductrice et d’accès à la justice. Par ailleurs, le forum note qu’il n’existe pas de congé de paternité au Liban, à l’inverse d’un congé de maternité de 70 jours, soit 2,3 mois. Enfin, il est important de noter que même si le pays du Cèdre obtient de meilleurs scores pour les secteurs de l’éducation et de la santé, il souffre d’un manque de données qui pourraient les impacter.

De manière plus globale, le WEF considère que l’égalité entre les sexes a progressé depuis le dernier classement. Selon la méthode consacrée, qui mesure le rythme de progression dans ce domaine, le monde aura besoin de 131 ans pour atteindre la parité dans tous les domaines, contre 132 ans estimés lors du classement de 2022. Ces estimations restent cependant inférieures à celles affichées en 2020 (100 ans), signe que le rythme de progression a ralenti ces dernières années.