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Politique - Partis

... Et 46 ans plus tard, Walid Joumblatt passe la main à Taymour

Le député de 41 ans a été élu d’office à la tête du PSP dimanche, à l’issue d’un scrutin qui a débouché sur un nouveau directoire de la formation druze.

... Et 46 ans plus tard, Walid Joumblatt passe la main à Taymour

Walid Joumblatt embrassant son fils Taymour, élu dimanche à la tête du Parti socialiste progressiste. Photo João Sousa

Entouré de son père et de près de 2 000 partisans à Aïn Zhalta, au cœur de la montagne druze,  Taymour Joumblatt a officiellement pris dimanche les rênes du Parti socialiste progressiste, succédant à celui qui dirigeait cette formation depuis 46 ans et qui avait annoncé son retrait un mois auparavant. Le député de 41 ans a été élu d’office à l’issue d’un scrutin au Grand Hotel Victoria, alors que huit nouveaux membres du directoire du parti ont été choisis lors de la journée électorale. Cette transition politique a eu lieu à un moment charnière au Liban, où la bataille présidentielle bat son plein. Cette échéance cruciale sera le premier test politique pour le jeune leader druze. Celui-ci a cependant déjà donné le ton avant même son accession officielle à la tête du PSP en poussant les joumblattistes à rejoindre les partis chrétiens majoritaires et l’opposition dans leur soutien à la candidature de Jihad Azour, ancien ministre des Finances, à la présidence de la République. Un choix concrétisant la volonté du jeune chef de donner un souffle nouveau, tout en préservant les valeurs du PSP et son histoire, comme il a tenu à le souligner dans son « discours d’investiture ».

Taymour Joumblatt, élu à la tête du PSP, marchant en compagnie de son père, Walid Joumblatt, dimanche à Aïn Zhalta. Photo João Sousa

« Avance et n’aie pas peur »
Walid Joumblatt, 73 ans, avait déjà passé le flambeau à la tête de la communauté druze en 2017 à son fils, en posant symboliquement sur ses épaules le keffieh à damiers noirs et blancs. Il lui a également « légué » son siège de député en 2018. « Si Taymour veut que je l’aide, je suis prêt. Je lui donne toute sa liberté. Il a maintenant une nouvelle équipe et c’est lui qui décide », confiait peu avant le scrutin à L’Orient-Le Jour le zaïm de Moukhtara, qui avait lui-même repris le flambeau de son père Kamal Joumblatt, assassiné près d’un poste de contrôle syrien en 1977. « Après 46 ans, il est temps » de céder la place, a-t-il ajouté. « Avance et n’aie pas peur. Dieu est avec toi », a lancé quelques minutes plus tard Walid Joumblatt à son fils, dans un discours prononcé dans la foulée de l’élection, sous une pluie d’applaudissements. Après la diffusion de vidéos marquant les temps forts de l’histoire du PSP, le chef druze a abordé plusieurs questions sur la scène politique locale.

Reportage

Dans la Montagne, le roi n’est pas mort, (mais) vive le roi !

« Le dialogue est le seul moyen de parvenir à un compromis et de consolider la réconciliation », a déclaré Walid Joumblatt, estimant que la mise en place de « réformes globales et radicales est plus que nécessaire, loin des cosmétiques employées par les instances internationales qui ont détruit certains pays ». Une pique évidente au Fonds monétaire international qui exige, au même titre que la communauté internationale, une série de réformes pour venir en aide au Liban rongé, depuis 2019, par une grave crise économique. L’ex-chef du PSP a en outre souligné la « nécessité de renforcer l’armée et ses capacités ainsi que de mettre en place une stratégie de défense », en allusion à la question sensible des armes du Hezbollah. « J’espère que le chemin se poursuivra avec ceux avec qui nous avons fait tomber l’accord du 17 mai », dans une référence au document mort-né signé en 1983, en pleine guerre civile, entre le Liban et Israël pour mettre fin à l’état de guerre entre les deux pays.

Dans son premier discours en tant que chef du PSP, Taymour Joumblatt a, lui, « renouvelé le serment » de rester fidèle à la philosophie de Kamal Joumblatt, tout en appelant à « combler le fossé entre les générations ». « Je sais que préserver le legs est une mission difficile, a-t-il déclaré. Le développement et le progrès ne se font pas en niant le passé, mais en apprenant de ses leçons. » Dressant en quelques sorte les grandes lignes de son action à la tête du PSP, Taymour Joumblatt a déclaré : « Nous porterons les valeurs de la démocratie et l’arabité face au racisme et à l’immobilisme. Nous porterons la cause de la Palestine et la pensée socialiste humanitaire. » Et le député de poursuivre : « Le PSP restera le parti de la lutte pour la préservation du Liban des institutions, du véritable dialogue, non du Liban marqué par la vacance et le blocage », dans une allusion à la présidentielle bloquée depuis plus de huit mois. Taymour Joumblatt a dans ce cadre promis de « poursuivre le travail pour que l’échéance présidentielle ait lieu loin des refus en bloc, redresser l’économie et préserver les droits et la dignité des citoyens ». S’adressant à son père, le jeune leader druze a lancé : « Tu resteras le modèle, l’inspiration, la référence et le symbole. »

L’ambassadeur d’Arabie saoudite à Beyrouth, Walid Boukhari, a été parmi les premiers à féliciter Taymour Joumblatt. Selon plusieurs médias locaux, M. Boukhari a félicité le nouveau leader pour son élection dans un appel téléphonique et salué la « relation historique qui lie le roi d’Arabie » à Moukhtara. De même, le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a félicité le nouveau chef druze. Il lui a ainsi souhaité la réussite sur les plans personnel et politique, et espéré « une bonne coopération à l’échelle de la Montagne et du pays ». Il a également assuré qu’il « poursuivra la coopération » avec Walid Joumblatt.

« J’espère que Taymour sera à la hauteur du bey »
Sur le terrain, la passation du pouvoir ne fait pas l’unanimité. Des fidèles du parti, qui ne cachent pas leur appréhension, se sont rués vers Walid bey avant le vote, pour lui parler ou prendre des photos avec lui. « J’espère que Taymour sera à la hauteur du bey et de Kamal. Il va certainement donner une image plus jeune du parti. Mais à mon avis, Walid Joumblatt devait rester à la tête du PSP », affirme une quinquagénaire, sous couvert d’anonymat. « Nous n’acceptons toujours pas le fait que Walid Joumblatt n’est plus le raïs. Cela prendra du temps », lance de son côté Farah Abi Maataz, originaire du Chouf. « Taymour est un jeune homme prometteur », ajoute-t-elle toutefois, estimant que le fait qu’il n’a pas grandi au Liban lui permettra d’aborder certains sujets autrement. Les jeunes ne cachent pas non plus leur nostalgie. « Le changement est difficile. On passe d’une génération à une autre. Nous avons confiance en Taymour, mais nous sommes habitués au bey qui a plus d’expérience », affirme un adolescent de 17 ans. « Taymour représente la voix des jeunes et de la raison. Cela est clair à travers les propositions de lois avancées au Parlement », estime pour sa part une jeune de 18 ans originaire de Baysour (Aley). Et de poursuivre : « Nous avons tous la même nostalgie (...) mais nous soutenons la politique. Quelle que soit la personne, les valeurs sont les mêmes. » « Mabrouk ya bey ! » lance un homme à la fin de la cérémonie, alors que le nouveau leader du PSP se fraye un chemin parmi une foule qui l’acclame. Face à ces fidèles partagés entre émotion et appréhension, Taymour Joumblatt a fait solennellement la promesse : « Nous poursuivrons le chemin de Kamal Joumblatt... »

Entouré de son père et de près de 2 000 partisans à Aïn Zhalta, au cœur de la montagne druze,  Taymour Joumblatt a officiellement pris dimanche les rênes du Parti socialiste progressiste, succédant à celui qui dirigeait cette formation depuis 46 ans et qui avait annoncé son retrait un mois auparavant. Le député de 41 ans a été élu d’office à l’issue d’un...

commentaires (8)

Au moins il y a du changement, bravo et courage a Teymour...

Jack Gardner

17 h 48, le 26 juin 2023

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Commentaires (8)

  • Au moins il y a du changement, bravo et courage a Teymour...

    Jack Gardner

    17 h 48, le 26 juin 2023

  • La rédactrice de ces articles barbants qui traitent du même sujet n’est pas fautive tant que les responsables du journal les pprouvent et insistent à en abreuver les lecteurs

    Hitti arlette

    14 h 24, le 26 juin 2023

  • Ras le bol de cet évènement propre aux siècles médiévaux

    Hitti arlette

    14 h 14, le 26 juin 2023

  • Et du plus haut d’une Montagne, et voici une voix fit entendre des cieux, ces paroles : Celui-ci est mon fils bien-aimé. En lui, j'ai mis toute mon affection. Matthieu 3:17. On a tort de dire qu’il est le zaïm de Moukhtarat, ça sera un outrage à un chef politico-militaire, car son pouvoir à la tête de son canton druze est sans partage. Plutôt le zaïm de la Montagne. Avec ce geste de Aïn Zhalta, la filiation en politique est assurée, et point de faire ses preuves, le nouveau bey de la Montagne sera soutenu par ses partisans avec le poing levé, "" moubayaa"". Il tournera la page sanglante de la guerre sans très bien la tourner…

    Nabil

    13 h 35, le 26 juin 2023

  • Le rejeton... Commencer la politique par de la provocation sémantique... aucune augure de changement en vous lisant. Teymour est bien différent de son père en de nombreux points. Je ne peux dire s'il va réussir ou non, ce que je sais en revanche c'est que son défi de maintenir les générations ensembles et faire passer sa communauté dans le nouveau monde qui est entrain de se dessiner, ne se fera pas sur vos cadavres mais en vous tendant la main. A bon entendeur.

    Maxime Bousmaille

    11 h 53, le 26 juin 2023

  • Le député de 41 ans a été élu d’office à l’issue d’un scrutin au Grand Hotel Victoria ... il semble que les votes aient été très serrés, 98% pour le rejeton, 1% contre et 1% d'abstention... Donc n'ayant aucune affiliation avec un des zaïms, mes chances d'accéder à un poste à responsabilité sont réduites à néant .

    C…

    09 h 32, le 26 juin 2023

  • et c'est reparti pour 46 autres annees... les sovietiques n'ont pas fait mieux...c'est normal, a un moment on se reveille...pas au Liban...

    Elementaire

    08 h 55, le 26 juin 2023

  • je ne vois pas qui peut poursuivre le chemin de Kamal bey joumblatt qu un joumblatt vive la démocratie acclamée par le peuple lui meme

    barada youssef

    00 h 45, le 26 juin 2023

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