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Environnement - Environnement

Les militants écologistes stoppent un projet de développement sur le littoral de Naqoura

Après avoir délivré un permis de remblayer sur la côte de cette ville du Liban-Sud, le ministère des Travaux publics et des Transports est revenu sur sa décision sous la pression de la société civile.

Les militants écologistes stoppent un projet de développement sur le littoral de Naqoura

Les travaux sur le côte de Naqoura ont été arrêtés le 21 juin, sur ordre du ministère des Travaux publics. Photo de l'association Green Southerners (Sudistes verts)

Une mobilisation d’ONG pour l’environnement a permis l’arrêt de travaux sur la côte de Naqoura. Des images qui circulaient ces derniers jours sur les réseaux sociaux, montrant des pelleteuses et des tractopelles sur l’une des dernières plages encore vierges au Sud-Liban, en train de remblayer la terre humide en déversant du sable et de grosses pierres, faisaient craindre un nouveau scandale écologique. Lorsqu’ils découvrent l’existence de ces travaux il y a deux semaines, les membres de l’association Green Southerners (Sudistes verts) s’inquiétaient de voir apparaître un nouveau projet immobilier empiétant sur le littoral. « Nous avons créé un "observatoire vert" pour surveiller les violations potentielles pouvant impacter la vie sauvage et la biodiversité. C’est ainsi que nous avons reçu un signalement au sujet de ces travaux. Quand nous avons interrogé le ministère des Travaux publics et des Transports, nous avons découvert qu’il avait délivré un permis de remblayer », raconte son président Hicham Younès.

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Selon Mohammad Ayoub, président de l’ONG écologiste Nahnoo, derrière ces travaux démarrés il y a quelques mois, un propriétaire privé a en effet décidé de remblayer son terrain grignoté par les vagues. « Il estime que la mer viole ses droits ! » résume-t-il. Problème, précise Hicham Younès, ce projet est contraire à la loi sur l’environnement n° 444 de 2002, ainsi qu’au décret n° 8633 de 2012 rendant obligatoire l’étude sur l’impact de l’environnement préalable à tout projet du genre. Pire, ajoute Mohammad Ayoub, depuis la ratification par le Liban en 2017 du protocole de Madrid pour la gestion intégrée des zones côtières en Méditerranée, pas question de construire à moins de 100 mètres de la côte. Mais quand les militants écologistes soumettent ces arguments au ministère pour qu’il retire le permis, c’est le silence radio.

Les ONG portent plainte dans la foulée contre les ministères des Travaux publics et de l’Environnement.

« Action rapide et efficace »

En parallèle, les Sudistes verts lancent la campagne en ligne #La mer est à nous, inspirée d’un poème de Mohammad Darwish, avec le soutien de la coalition « La plage pour tous » réunissant huit associations écologistes, dont Nahnoo. La mobilisation numérique prend vite de l’ampleur et s’attire même le soutien de députées telles que Inaya Ezzedine, représentante locale d’Amal, et Halimé Kaakour du parti social-démocrate Lana. « Cette mer est à nous, tout mon soutien aux citoyennes et citoyens qui défendent la plage de Naqoura », écrit-elle le 18 juin dans un communiqué demandant aux ministères de l’Environnement et des Travaux publics de retirer le permis « immédiatement ».

Le jour même, le procureur général du Liban-Sud, Rahif Ramadan, demande l’arrêt des travaux, « pour vérifier leur conformité à la loi et l’absence de violation des critères liés à l’environnement ». Le lendemain, le ministre de l’Environnement Nasser Yassine demande à son homologue des Travaux publics, Ali Hamieh, de faire cesser les travaux. Le 21 juin, les associations écologistes prennent acte de la décision de ce dernier de stopper les travaux et de retirer le permis.

Pas de doute pour Mohammad Ayoub, les récentes mobilisations de la coalition « La plage pour tous » pour sauver la plage Abou Ali de Kfar Abida et contre un projet similaire à Damour ont changé le rapport de force : « Le succès de ces actions nous a donné du pouvoir. Nous avons tout de suite été suivis et invités sur les plateaux télé. Cela a rendu notre action efficace et rapide pour sauver la plage de Naqoura », dit-il, évoquant la prise de conscience citoyenne grandissante face aux « scandales successifs » le long du littoral libanais.

Hicham Younès souligne aussi « l’accroissement de l'intérêt des Libanais pour la préservation de l’environnement », derrière la mobilisation réussie pour la plage de Naqoura. Mais pas question de s’arrêter là, prévient-il : « Nous allons surveiller de près l’enquête technique qui doit être conduite par le ministère pour évaluer l’étendue des dégâts provoqués par les travaux afin de les atténuer autant que possible. »  

Une mobilisation d’ONG pour l’environnement a permis l’arrêt de travaux sur la côte de Naqoura. Des images qui circulaient ces derniers jours sur les réseaux sociaux, montrant des pelleteuses et des tractopelles sur l’une des dernières plages encore vierges au Sud-Liban, en train de remblayer la terre humide en déversant du sable et de grosses pierres, faisaient craindre un nouveau...

commentaires (4)

Bravo, action encourageante! J’espère qu’il y en aura bien d’autres, notamment a Beyrouth et au nord de Beyrouth.

CW

09 h 46, le 25 juin 2023

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Commentaires (4)

  • Bravo, action encourageante! J’espère qu’il y en aura bien d’autres, notamment a Beyrouth et au nord de Beyrouth.

    CW

    09 h 46, le 25 juin 2023

  • Deux constats: Au sud (region du hezbollah et d'amal) , la justice civile passe et la société civile est entendue. Ce n'est pas le cas pour la bande littorale nord avec toutes les constructions illicites sur la mer et aussi en bordure d'autoroute. Quand on parle de corruption, les partis chretiens devraient voir la poutre qui est dans leur oeil

    Moi

    10 h 17, le 23 juin 2023

  • Merci à vous tous qui preservez nos belles côtes Allez-y les jeunes surtout , ne suivez plus personne,

    Gretta Ghafari

    09 h 12, le 23 juin 2023

  • Merci de commencer à raser l’existant, l’imaginer différents et l’exécuter forcément afin de préserver les droits de tous, et suivre le même chemin pour les projets présents et futurs…. Mais bon je suis passé pour un con justement!

    Samir Tabet

    16 h 34, le 22 juin 2023

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