
Sami Atallah (à gauche), Melanie Hauenstein et Kawthar Dara présentant le dernier rapport du PNUD. Photo DR
Dans un nouveau rapport, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) indique que les envois de fonds ont représenté 37,8 % du produit intérieur brut (PIB) du Liban en 2022, un taux qui le place en tête des pays de la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord en termes de ratio transferts de fonds/PIB, et second au niveau mondial, juste derrière l’archipel de Tonga. En 2019, les transferts de fonds représentaient moins de 15 % du PIB.
Malgré cette importante augmentation, les envois de fonds pour ce qui est de la valeur sont restés stables au cours de la dernière décennie, oscillant entre 6 et 7 milliards de dollars par an. La très forte majoration de ce ratio est largement due à la diminution de la taille de l'économie libanaise. Le PIB nominal du Liban est ainsi passé de 54,90 milliards de dollars en 2018 à 17,95 milliards de dollars en 2023, selon les estimations de la Banque mondiale.
Les auteurs du rapport, publié le jeudi 8 juin, soulignent que la stabilité des envois de fonds s'explique en partie par l'émigration continue des Libanais vers l’étranger, ce qui va à l’encontre de la tendance mondiale, soit la diminution des montants envoyés par les émigrés au fil du temps, à mesure qu'ils développent des liens plus forts dans leur nouveau pays et coupent progressivement les liens avec leur pays d'origine.
Pays du Golfe en tête
Le rapport du PNUD, rédigé par le directeur du groupe de réflexion libanais (think tank) The Policy Initiative, Sami Atallah, révèle que les pays du Golfe sont la principale source d'envois de fonds au Liban, représentant 48 % du total, suivis de loin par l'Amérique du Nord (16 %) et l'Europe de l'Ouest et l'Afrique, ex aequo (14 %).
Dans le contexte de la crise économique et financière, les émigrés libanais ont de plus en plus recours à des canaux informels pour envoyer des fonds dans leur pays d'origine, la plupart de ces fonds arrivant dans les poches et les valises des expatriés qui se rendent au Liban et, dans une bien moindre mesure, par l'intermédiaire de sociétés de transfert de fonds telles que OMT. Le rapport cite des estimations selon lesquelles 70 % des envois de fonds sont arrivés en espèces en 2021, 30 % par l'intermédiaire de sociétés de transfert d'argent et presque 0 % par l'intermédiaire des banques libanaises, qui sont connues pour facturer des frais de transfert et de retrait élevés.
Ainsi, le coût d'un transfert d'argent vers le Liban est de 10,8 %, bien plus élevé que la moyenne mondiale de 6 %, ce qui constitue une taxe régressive pour les ménages qui utilisent les envois de fonds de leur famille à l'étranger pour effectuer des achats quotidiens essentiels. En effet, l'un des changements les plus significatifs engendrés par la crise, outre celui de l'abandon des canaux formels d'envoi de fonds, concerne la manière dont ces fonds sont dépensés par les familles qui les reçoivent.
Auparavant, les familles utilisaient souvent ces sommes pour financer les soins de santé et l'éducation, en plus de la nourriture et du logement. Les économistes considèrent que les soins de santé et l'éducation représentent des investissements dans le « capital humain ». Or, depuis le début de la crise, la grande majorité des envois de fonds a été utilisée pour soutenir les achats quotidiens de produits de première nécessité comme la nourriture et « n'a plus alimenté l'investissement dans le capital humain », précise le rapport.
Des résultats « sous-estimés »
La représentante résidente du PNUD, Melanie Hauenstein, a commenté ces résultats jeudi en les qualifiant d'« alarmants, car l'un des avantages comparatifs du Liban est son capital humain. La diminution des investissements dans la santé et l'éducation aura un impact négatif sur les perspectives de développement du Liban ».
Enfin, il reste à savoir la part des ménages libanais qui bénéficient de ces fonds envoyés. Selon le rapport, les données officielles de 2018 et de 2022 indiquent que, respectivement 10 % et 15 % des ménages ont reçu des envois de fonds lors de ces deux années. « Il faut toutefois noter que les envois de fonds peuvent être sous-estimés dans les sondages nationaux, précise le rapport. L'importance des envois de fonds, à un niveau agrégé, suggère que le nombre de personnes bénéficiant de ces envois pourrait être bien supérieur au niveau de 15 %. »
Un sondage du PNUD, réalisé au cours du premier trimestre 2022, a ainsi révélé que 29 % des personnes interrogées avaient déclaré avoir reçu des transferts d’argent pour la première fois, et cela en réponse à la crise.
Dans un nouveau rapport, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) indique que les envois de fonds ont représenté 37,8 % du produit intérieur brut (PIB) du Liban en 2022, un taux qui le place en tête des pays de la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord en termes de ratio transferts de fonds/PIB, et second au niveau mondial, juste derrière l’archipel de Tonga. En 2019,...
commentaires (8)
Mendicité plutôt que de faire les réformes qui ramènent la confiance dans le secteur bancaire et le pays...Le Gouvernement joue un sale jeux et protège les voleurs. Le PNUD et les organisations internationales soutiennent ce gouvernement et sont complices de l'escroquerie
Moi
22 h 38, le 10 juin 2023