Le premier président de la Cour d'appel de Beyrouth Habib Rizkallah a été désigné par le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) Souheil Abboud pour enquêter sur une action en justice intentée par le procureur Ghassan Oueidate contre Tarek Bitar, juge d'instruction chargé de l'enquête sur l'effroyable double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Celle-ci a fait plus de 220 morts, 6.500 blessés et ravagé des pans entiers de la capitale libanaise.
L'information a été confirmée mardi à L'Orient-Le Jour par une source proche du CSM, qui ignore toutefois si une audience de Tarek Bitar par le juge d'instruction Habib Rizkallah a été fixée ou non. La source a ajouté que cette décision a été vraisemblablement prise il y a plusieurs semaines, mais dévoilée dernièrement. Le procureur général près la Cour de cassation Ghassan Oueidate avait intenté une action contre Tarek Bitar après que celui-ci avait engagé des poursuites contre lui, en janvier dernier. L'action intentée par M. Oueidate contre le juge Bitar se base sur des griefs d''usurpation de pouvoir" et "rébellion contre la justice".
Magistrat "très respecté"
Une autre haute source judiciaire a indiqué à L'OLJ que Tarek Bitar n'a pas encore été notifié d'une quelconque date d'audience par Habib Rizkallah. "Le juge Rizkallah est un magistrat très respecté, connu pour son indépendance", a ajouté cette source.
Toute décision du juge Rizkallah peut faire l'objet d'un recours devant une Chambre d'accusation, que le CSM devra désigner. Un tel recours peut être déposé aussi bien par Tarek Bitar que par Ghassan Oueidate.
Au moment de sa reprise de l'enquête sur la double explosion du 4 Août, le magistrat Bitar avait lancé des poursuites à l'encontre de plusieurs personnalités, dont Ghassan Oueidate. En réaction, le procureur avait ordonné la libération des 17 suspects détenus sans procès depuis août 2020. Les proches de victimes du 4 août continuent de manifester régulièrement pour dénoncer l'absence d'avancées de l'instruction, et jeudi dernier, ils ont promis d'intensifier le mouvement. Après la manifestation de la semaine dernière, William Noun et Peter Bou Saab, dont les frères Joe Noun et Joe Bou Saab ont été tués dans la double explosion, ont été convoqués pour interrogatoire le 7 juin au commissariat de police de Verdun à Beyrouth, sous l'accusation d'"acte de vandalisme".
Au lieu d’interroger les suspects d’avoir facilité (pour rester poli) l’importation et la mise en hangar sans surveillance du nitrate d’ammonium, on juge le juge chargé de mener l’enquête. Cherchez l’erreur…
19 h 01, le 07 juin 2023