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Pneus brûlés et menaces d'escalade lors d'un sit-in pour réclamer justice pour les victimes du 4-Août

Pneus brûlés et menaces d'escalade lors d'un sit-in pour réclamer justice pour les victimes du 4-Août

Des proches de victimes tenant des portraits devant des pneus en flammes, à Beyrouth, le 1er juin 2023. Photo Mario Doueiry

Une dizaine de proches des victimes de la double explosion du 4 août au port de Beyrouth ont manifesté jeudi devant les grilles du palais de justice, devant lesquelles ils ont brûlé des pneus, afin de réclamer justice pour ce drame qui a coûté la vie à plus de 200 personnes. Ils ont affirmé être prêts à organiser des mobilisations similaires tous les jeudis et menacé d'escalade.

Les parents des victimes critiquent le sur-place de l'instruction menée par le juge Tarek Bitar, obstruée par des ingérences politiques et des tensions au sein-même de la justice.

Présente sur les lieux, Zeina Noun, la mère de Joe Noun, un pompier tué dans la déflagration, a affirmé à notre journaliste Mario Doueiry qu'un sit-in sera organisé toutes les semaines "jusqu'à ce que justice soit faite". William Noun, son fils, a souligné que cette mobilisation vise à "demander si la situation du juge Bitar est régulière ou pas". "Si elle ne l'est pas, il devrait être suspendu" pour que le dossier puisse suivre son cours avec un autre magistrat. 

L'instruction est à nouveau suspendue depuis février, après que le juge d'instruction Tarek Bitar a fait l'objet d'accusations d'usurpation de la part du procureur général Ghassan Oueidate, alors qu'il venait de reprendre en janvier le contrôle de l'enquête après plus d'un an d'arrêt. Au moment de sa reprise de l'enquête, le magistrat avait notamment lancé des poursuites à l'encontre de M. Oueidate. 

Une brève altercation a eu lieu avec une avocate qui voulait entrer au palais de justice via l'entrée principale, dont les grilles étaient bloquées par les familles. "Tous les avocats devraient se solidariser avec notre cause", a déclaré Cécile Roukoz, qui a perdu son frère dans l'explosion et qui est elle-même avocate.

L'activiste Lina Boubess, proche des parents des victimes, a déclaré de son côté que l'affaire du port est "une question nationale". "Tous les Libanais devraient se réunir devant le palais de justice pour réclamer justice", a-t-elle lancé. 


William Noun attisant un feu devant les grilles du palais de justice de Beyrouth. Photo Mario DOUEIRY

Alors que le sit-in se déroulait dans le calme, plusieurs manifestants ont brûlé des pneus devant les grilles du palais de justice  "pour faire passer le message que nous attendons toujours des réponses à nos questions", selon William Noun. "C'est comme ça que nos proches ont brûlé" le 4 août 2020, a lancé une autre personne devant le brasier.  Pour venir à bout des flammes, et alors que des policiers sont déployés autour des pneus avec des extincteurs, un camion de pompiers de la caserne de Beyrouth est intervenu sur les lieux. C'est de cette même caserne qu'était partie l'équipe chargée d'éteindre l'incendie qui s'était déclaré dans un hangar du port avant la déflagration, et dont tous les membres sont décédés sur le coup. "Ils ont fait venir leurs collègues pour éteindre les pneus, ils sont vraiment cruels", a dénoncé en réaction Nancy Noun, la sœur de William et Joe, tandis que leur mère sanglotait à leurs côtés.

Face aux atermoiements de la justice, les proches des victimes ont regretté que leur mobilisation pacifique "n'a jusque là mené nulle part". "Nous allons recourir à l'escalade, et ce n'est que le début", a ainsi menacé le père d'Ahmad Kaadan, l'une des victimes du 4 août. 


Une dizaine de proches des victimes de la double explosion du 4 août au port de Beyrouth ont manifesté jeudi devant les grilles du palais de justice, devant lesquelles ils ont brûlé des pneus, afin de réclamer justice pour ce drame qui a coûté la vie à plus de 200 personnes. Ils ont affirmé être prêts à organiser des mobilisations similaires tous les jeudis et menacé d'escalade.Les...