Une délégation de quatre membres de Renew Europe, un groupe de 105 députés centristes au sein du Parlement européen, a effectué ces derniers jours une mission au Liban, principalement centrée sur la lutte contre la corruption et la nécessité d'une enquête internationale dans l'affaire de la double explosion au port de Beyrouth, en marge de l'enquête nationale. Christophe Grudler, Salima Yenbou (France), Dacian Ciolos (Roumanie), et Georgios Krystos (Grèce), ont tenu samedi une conférence de presse à Beyrouth, au cours de laquelle ils ont fait part de leurs efforts pour se pencher sur les problèmes générés par la corruption au Liban, indiquant avoir effectué au cours de la semaine écoulée plus de vingt réunions avec des politiques de tous bords et des acteurs de la société civile.
« Nous avons travaillé sur plusieurs thématiques, notamment l’enquête sur la double explosion au port de Beyrouth (4 août 2020) et les sanctions à appliquer à l'encontre des responsables qui, en abusant de leur influence, ont coûté des milliards à leur pays », affirme Christophe Grudler. « Les entretiens ont également porté sur l’urgence de combler le vide institutionnel, ainsi que la nécessité de réaliser le programme de stabilisation du Fonds monétaire international », ajoute-t-il.
Galileo et Copernicus
Concernant l'explosion du 4 août 2020, les quatre députés insistent sur la nécessité d’une enquête internationale, en marge de l’enquête libanaise, pour savoir qui a importé et stocké le nitrate d’ammonium à l’origine de la catastrophe, et quel en était le détonateur. Pour Dacian Ciolos (ancien Premier ministre de Roumanie), les réponses aux questions seraient « une catharsis » pour les proches des victimes et la société libanaise, empêchés à ce jour de faire leur deuil en raison du sentiment d'impunite qui les habite. M. Ciolos indique qu'« il est nécessaire de savoir ce qu'il s'est passe », car « il s'agirait d'un exemple concret de la corruption qui tue ».
A une question de L’Orient-Le Jour sur le cadre de l’enquête internationale proposée par les députés centristes, Salima Yanbou affirme que tout moyen légal utilisé pour parvenir à la justice est bon. « Les investigations pourraient être menées au niveau des Etats-membres, de la coopération entre eux, et aussi au niveau du conseil des droits de l’homme aux Nations unies ». Dacian Ciolos propose de demander à l’UE de publier une liste des victimes des pays d’Europe, ce qui pourrait encourager leurs familles à présenter des plaintes dans leurs pays. Plaintes qui nécessiteraient alors des investigations susceptibles d’aider la justice libanaise.
Quid des images satellites demandées par le Liban aux Etats étrangers et qui n’ont pas montré le moment de la double explosion ? Christophe Grudler révèle l’existence de Galileo et Copernicus, des « constellations » ou systèmes de positionnement par satellites (radionavigation) mises en place par l’UE, et qui pourraient aider selon lui à révéler ce qu’il s’était passé à l’instant T de la double déflagration.
Sanctions européennes
Les quatre parlementaires appellent par ailleurs les institutions européennes à mettre en œuvre un régime de sanctions « robuste » contre les responsables politiques, hommes d’affaires et banquiers corrompus, qui ont acquis « illégalement » des propriétés en Europe. « L’Union européenne a décidé d’imposer des sanctions, mais celles-ci n’ont pas été mises en place », observe Georgios Krystos.
Ils se sont en outre attardés sur le cas du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé et certains de ses proches, qui devraient selon eux « être redevables devant la justice pour leurs pratiques ».
Sur un autre plan, les députés déplorent le retard dans l’élection présidentielle et la paralysie du Parlement. « Quand un Parlement ne fonctionne pas depuis plusieurs mois, on n’est plus dans une démocratie, mais dans une dictature », martèle M. Grudler.
Cette mobilisation pour la justice et la lutte contre la corruption produit-elle des résultats auprès des autorités européennes ? Grâce notamment aux efforts des députés centristes, le Parlement européen avait adopté en septembre 2021 une résolution soutenant les Libanais contre l’obstruction de l’enquête sur l'affaire du port, et exhortant le gouvernement de Beyrouth à mettre en place des réformes structurelles pour lancer une coopération internationale. Même si ce texte n’a pas de valeur contraignante, le groupe centriste ne compte pas s’arrêter à mi-chemin. « Nous avons demandé un débat sur le Liban au cours de l’assemblée plénière qui se tiendra en juin prochain », révèle M. Grudler, prévoyant la rédaction d’une nouvelle résolution. « Nous ne sommes pas dans le statu quo », assure-t-il, en tout état de cause.
Les libanais sont plus que las de toutes ces promesses. Ils ont eu le Messie en personne, incarné par Macron, après le cataclysme du port. Il est venu serrer des mains, enlacer les libanais prêcher les bonnes paroles et faire des promesses auprès des citoyens meurtris qui ont cru un instant à sa bonne foi et ses promesses de punir tous les corrompus du pays pour que, même pas deux heures après, le voir exiger la présence du représentant de cette mafia pour lui promettre une résurrection à son parti vendu, alors que les libanais patriotes avaient tout fait pour l’écarter pour cause de trahison avérée, en le rassurant d’une tape dans le dos. Cette image a choqué les libanais qui voyait en ce geste une mauvaise augure pour la suite des événements et ne s’étaient pas trompés. Macron a poignardé les libanais dans le dos et depuis lors, plus aucun libanais ne croit en la bonne foi des intervenants qui viennent leur parler de sanctions ou de sauvetage. Le moment des actions concrets est arrivé. Plus de discours mais des actes. C’est le seul moyen de sortir notre pays de cet enfer. Chaque représentant des partis politiques que vous rencontrez est mélé de près ou de loin à cette mafia, alors méfiance.
10 h 11, le 08 mai 2023