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Moyen-Orient - Repère

Ce qu’il faut savoir sur la visite d’Antony Blinken en Arabie saoudite

Le secrétaire d'État américain est attendu mardi dans le royaume wahhabite afin de rencontrer des officiels saoudiens et participer aux discussions du Conseil de coopération du Golfe, à l’occasion de sa première visite dans le pays depuis l’accord de normalisation entre Riyad et Téhéran.

Ce qu’il faut savoir sur la visite d’Antony Blinken en Arabie saoudite

Antony Blinken rencontrant son homologue saoudien Fayçal ben Farhane à Washington, le 14 octobre 2021. Jonathan Ernst/AFP

Après plusieurs visites de haut niveau effectuées par des responsables américains en Arabie saoudite au cours des derniers mois, le secrétaire d'État américain Antony Blinken se rend dans le royaume du 6 au 8 juin.

Les faits

• Vendredi dernier, le département d'État américain a fait savoir que le secrétaire d'État Antony Blinken, se rendra pour trois jours en Arabie saoudite à partir de mardi.

• A l'ordre du jour : des discussions autour de la « coopération stratégique entre les États-Unis et l'Arabie saoudite sur des questions régionales et mondiales » ainsi que « bilatérales, axées notamment sur la coopération en matière d'économie et de sécurité », a indiqué le département d'État.

• Antony Blinken participera mercredi à une rencontre ministérielle avec le Conseil de Coopération du Golfe pour « discuter de la coopération croissante avec nos partenaires du CCG afin de promouvoir la sécurité, la stabilité, la désescalade, l'intégration régionale et les opportunités économiques dans tout le Moyen-Orient », a précisé le département d'État. Le lendemain, le secrétaire d'État américain et le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane ben Abdallah al-Saoud, co-organiseront une réunion de la Coalition mondiale contre l'État islamique (EI) afin d’ « aborder la menace persistante de l’EI et réaffirmer notre engagement à assurer sa défaite durable », a ajouté le département.


Le contexte

• Le déplacement du secrétaire d'État américain en Arabie saoudite intervient alors que les deux pays coopèrent actuellement au sujet du Soudan en vue de faire pression pour obtenir un cessez-le-feu entre les belligérants. Washington a réitéré sa volonté de reprendre les discussions à Djeddah avec les généraux soudanais si ces derniers se montrent « sérieux » dans leur volonté de respecter le cessez-le-feu.

• Il fait également suite à plusieurs visites de hauts responsables américains dans le royaume au cours des derniers mois.

• Début mai, le conseiller de la Maison-Blanche à la sécurité nationale, Jake Sullivan, avait rencontré à Djeddah le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane (MBS).


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Pourquoi Washington veut accélérer la normalisation israélo-saoudienne

• Une réunion au cours de laquelle les efforts de paix au Yémen - où Riyad dirige depuis 2015 une coalition militaire pour appuyer les forces pro-gouvernementales contre les rebelles houthis, soutenus par Téhéran - ont été abordés, tandis que la priorité pour Washington semblait être de pousser vers une normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et Israël.

• Peu avant le voyage de Jake Sullivan, ce dernier avait dit que « parvenir à une normalisation complète était un intérêt déclaré pour la sécurité nationale des États-Unis ».

• A l’issue de ce déplacement, Amos Hochstein, émissaire de la Maison-Blanche pour la sécurité énergétique, et Brett McGurk, coordinateur pour le Moyen-Orient, avaient fait escale en Israël sur leur retour du royaume afin de rendre compte des discussions tenues. Avant que le directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères Ronen Levy, un des instruments secrets de la normalisation avec les pays arabes, ne rencontre Antony Blinken à Washington quelques jours plus tard.

• Plus tôt, à la mi-avril, MBS s’était entretenu avec Amos Hochstein et Brett McGurk. Plus hauts responsables américains à effectuer une visite en Arabie saoudite depuis que la crise ayant éclaté entre Washington et Riyad à l’automne dernier, la venue de ces deux responsables avait été interprétée comme un signe d’amélioration des relations entre les deux puissances.

• Une crise suscitée par la décision saoudienne, en octobre, de baisser les quotas de production de l’OPEP+ afin de soutenir le prix élevé du baril de brut, dans le contexte de la guerre en Ukraine et de la hausse des prix de l’énergie, malgré la visite de Joe Biden quelques mois plus tôt afin de tenter de contraindre Riyad à augmenter leur production.

• Cette brouille avait ravivé les tensions entre les deux pays depuis l’arrivée au pouvoir de l’administration Biden en janvier 2021. Le président démocrate avait immédiatement déclassifié le rapport des services secrets américains pointant du doigt l’implication de MBS dans l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul, contribuant à mettre le prince héritier saoudien au ban de la communauté internationale.

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Où en est l’accord sur le nucléaire iranien ?

• Tandis que Riyad multiplie les initiatives régionales en affichant ouvertement sa volonté d’oeuvrer à la désescalade, ayant normalisé ses relations avec Téhéran le 10 mars dernier, sous l’égide de la Chine, ainsi qu’avec le régime de Damas le mois suivant, Washington désire maintenir des liens étroits avec ce partenaire stratégique clé.

• Le voyage d’Antony Blinken est d’ailleurs le premier depuis l’accord de normalisation entre l’Arabie saoudite et l’Iran, prudemment salué par l’administration Biden. A l’heure où la diplomatie entre Washington et Téhéran est au point mort, les Etats-Unis ne cachent pas leur méfiance vis-à-vis de la poursuite iranienne de son programme nucléaire.


Les enjeux

• Avec cette visite, Washington entend renforcer les liens avec son allié saoudien, qui se rapproche de Pékin, développe des relations commerciales avec Moscou en dépit des sanctions occidentales contre le Kremlin depuis son invasion de l’Ukraine, et éloigne un peu plus, via sa normalisation avec Téhéran, la menace d’un front anti-iranien soudé en vue d’empêcher la République islamique d’obtenir l’arme nucléaire.

• Alors que Joe Biden souhaite consacrer dans quelques mois ses efforts dans sa campagne électorale en vue d'être réelu à la présidence américaine, le locataire de la Maison-Blanche tenterait d’arracher plus vite que prévu un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite.

• Lors d’une entrevue avec des journalistes organisée vendredi pour préparer le voyage en Arabie saoudite, Daniel Benaim, secrétaire d'État adjoint chargé des affaires de la péninsule arabique, a déclaré : « Vous nous avez vus et vous nous verrez chercher des occasions de progresser sans passer par une normalisation diplomatique formelle », saluant également la décision saoudienne de rouvrir l’espace aérien aux avions israéliens.

• Tandis qu’Israël serait opposé à toute concession concernant les Palestiniens, le royaume exigerait en outre des garanties de sécurité auprès de Washington. Selon un haut diplomate du Moyen-Orient cité en mars par Times of Israel, l’Arabie saoudite aurait demandé aux Etats-Unis qu’ils acceptent le développement d’un programme nucléaire civil en échange de la normalisation avec l’Etat hébreu, en plus d’une garantie pour empêcher les administrations américaines futures de se retirer des accords d’armement déjà signés avec le royaume.

Après plusieurs visites de haut niveau effectuées par des responsables américains en Arabie saoudite au cours des derniers mois, le secrétaire d'État américain Antony Blinken se rend dans le royaume du 6 au 8 juin. Les faits• Vendredi dernier, le département d'État américain a fait savoir que le secrétaire d'État Antony Blinken, se rendra pour trois jours en Arabie saoudite à partir...

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Je partage tout à fait l’analyse de Radio Satellite !

Citoyen Lambda

11 h 50, le 06 juin 2023

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Commentaires (4)

  • Je partage tout à fait l’analyse de Radio Satellite !

    Citoyen Lambda

    11 h 50, le 06 juin 2023

  • Pas de normalisation ou de reconnaissance israélienne avant la reconnaissance de l’état palestinien par Israël et du retrait de tous les territoires occupés en juin 1967.

    Mohamed Melhem

    14 h 19, le 05 juin 2023

  • Résumé : Les Etats-Unis sont des gros et mauvais perdants , et savent que MBS est un homme qui ne leur fait pas confiance . Le seul pouvoir qui leur reste , c'est de le menacer et de l'inquiéter . Mais tout le monde sait déjà que MBS ne se laisse jamais faire . Résultat : ëche américain encore une fois . Et leur économie se fragilise ! Autant que leur dollar . La guerre d'Ukraine est aussi dévastatrice pour eux que pour le monde entier .

    Chucri Abboud

    13 h 40, le 05 juin 2023

  • Panique aux USA qui voient les pays du Gulf s'émanciper et avoir recours à des pays comme la chine tout en restant neutre vis à vis de la Russie. Normal, les USA ont toujours représenté un danger pour leurs alliés AVANT TOUT. Ils les lâchent en cours de route. Ou pire, ils appuient, financent, arment des milices ou armées qui , pourraient se retourner contre les USA et le monde entier ( Ben Laden). Sans oublier qu'ils remettent parfois les clés du régime aux ennemis de leurs alliés qui ont eu confiance en eux ( Taliban et afghanistant actuellement). Bref, normal que les pays arabes du gulf ne veuillent pas s'engouffrer dans vos guerres stériles, comme l'Europe l'a fait en Ukraine. Normal qu'ils ne veuillent plus combattre l'IRAN. Normal qu'ils ne veulent plus s'engouffrer dans la guerre en Syrie bien que les dictatures sont toujours en place. Sachant que depuis des années, vous essayez d'installer les dictatures islamistes des "frérots musulmans" dans ces pays arabes sous couvert de "le printemps arabe". Bref, panique aux USA apparemment.. Au liban, nous sommes toujours passés "après" les "autres" qu'ils soient arabes ou non ...Toujours "vendus" au plus fort dans la région. Pour occuper le pays, pour que vous, aux USA, soyez tranquilles. Si vous vouliez VRAIMENT stopper la corruption ( au Liban) il y a longtemps que vous l'auriez fait surtout avec des politiciens libanais en place depuis plus des décennies... mais qui sont intouchables voire protégés par vous

    LE FRANCOPHONE

    11 h 56, le 05 juin 2023

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