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Politique - Crise au Liban

Mikati : "C'est facile de limoger Salamé, mais qui en subira les conséquences ?"

Une délégation ministérielle, en cours de formation, doit se rendre à Damas pour discuter du dossier des réfugiés syriens au Liban, indique le Premier ministre sortant dans un entretien à Euronews.

Mikati :

Le Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati, lors d'une conférence de presse au Grand Sérail de Beyrouth, le 15 mai 2022. Photo d'archives Dalati et Nohra

"C'est facile de limoger Riad Salamé maintenant, mais qui en subira les conséquences ?". Voilà comment le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati s'est exprimé sur le sort du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), objet de deux mandats d'arrêt internationaux assortis de deux notices rouges d'Interpol pour soupçons de corruption, faux et usage de faux, blanchiment d'argent et détournement de fonds.

Les justices allemande et française sont à l'origine de ces procédures contre M. Salamé, également objet de plusieurs enquêtes au Liban, alors que le patron de la banque centrale continue de jouir du soutien de certains responsables politiques, tandis que d'autres appellent désormais à sa démission ou son limogeage. Le chef de la BDL se défend des accusations portées ontre lui par les justices libanaise et européennes.

Analyse

Riad Salamé et le Hezbollah, meilleurs ennemis ?

Dans une interview au média Euronews publiée vendredi soir, M. Mikati a également indiqué que son gouvernement "est en train de former une délégation ministérielle pour aller à Damas et discuter du dossier des réfugiés syriens", une question clivante qui revient sur le devant de la scène libanaise ces derniers mois. Il a également condamné la dernière parade militaire du Hezbollah, parti-milice pro-iranien, organisée à l'occasion de la 'Fête de la libération" du Liban-Sud de l'occupation israélienne en 200,0 et a évoqué le dossier de l'élection présidentielle toujours dans l'impasse.

Affaire Riad Salamé

À une question portant sur l'avenir de Riad Salamé dont le mandat à la tête de la BDL expire en juillet, Nagib Mikati a répondu : "Bien sûr, c'est facile de limoger M. Salamé maintenant, mais qui en subira les conséquences ? Qui reprendra les rênes de la Banque ? Il ne faut pas se concentrer sur une personne, mais sur l'institution qui doit rester une source de respect aux yeux du monde et des Libanais". Le vice-gouverneur de la BDL Wassim Mansouri, un chiite, pourrait succéder à Riad Salamé, de confession maronite, à la tête de la banque centrale, qui pourrait ainsi être gouvernée pour la première fois par un membre de cette communauté.

Point de vue

Riad Salamé doit être révoqué d’urgence

Dans l'interview à Euronews, relayée par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), M. Mikati rappelle que "c'est la justice libanaise qui joue un rôle fondamental" dans l'affaire Salamé. "Ce qui nous importe c'est de préserver les institutions", a-t-il insisté, estimant qu'il "n'y a pas de différence entre la BDL et l'État" libanais qui porte selon lui la responsabilité "de tout ce qui est arrivé ces dernières années".

"On ne peut pas nous accuser de racisme"

Abordant la question des réfugiés syriens présents sur le sol libanais depuis 2011, date du début de la guerre civile en Syrie, M. Mikati a affirmé vendredi que "le gouvernement est en train de former une délégation ministérielle pour aller à Damas et discuter de ce dossier", assurant que cette étape se fera en coordination avec un comité formé de certains pays de la Ligue arabe. Celle-ci a récemment réintégré la Syrie de Bachar el-Assad dans son giron, actant une normalisation des pays arabes avec le régime syrien, une première depuis le début du conflit en Syrie.

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"La Syrie jouera son rôle naturel au sein de la Ligue arabe. L'important pour le Liban actuellement, c'est le retour des réfugiés syriens dans leur pays", a insisté M. Mikati. "On ne peut pas nous accuser de racisme, car nous souhaitons simplement l'exercice de notre pleine souveraineté sur tout notre territoire. D'où la décision de renvoyer tout étranger qui n'a pas les documents légaux requis pour résider dans notre pays", a-t-il poursuivi, indiquant pour autant qu'"on ne peut pas forcer les Syriens à rentrer chez eux".

Le retour forcé des réfugiés syriens est dénoncé par de nombreuses ONG et agences de l'ONU au Liban, qui estiment que le retour en Syrie est trop dangereux actuellement.

Parade du Hezbollah et présidentielle

Le chef du cabinet sortant a également évoqué les armes du Hezbollah, que le parti a récemment déployées lors d'une grande parade. M. Mikati a "condamné" cette célébration : "La solution à ce problème n'est pas entre les mains du gouvernement, mais nécessite une entente libanaise globale et totale au sujet des armes du Hezbollah". Il a indiqué que lors d'une réunion récente, "la Ligue arabe a émis des directives qui font la distinction entre le terrorisme et les armes de la Résistance (terme utilisé par le Hezbollah pour s'auto-désigner). C'est la position libanaise officielle, qui considère que le parti résiste jusqu'à la libération des territoires libanais occupés".

Éclairage

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Pour ce qui est du rôle du 'parti de Dieu' au Liban,M. Mikati a estimé que "personne ne domine l'État libanais, et personne n'est plus grand que la souveraineté libanaise. Nous n'acceptons pas la présence d'un État dans l'État, et je suis le premier à critiquer tout ce qui porte atteinte à la souveraineté nationale", a-t-il insisté, assurant qu'il "n'acceptera jamais l'utilisation des armes du Hezbollah à l'intérieur" du Liban, alors que le parti de Hassan Nasrallah l'a déjà fait en 2008 et en 2021.

Évoquant enfin la vacance présidentielle qui perdure depuis le départ de Michel Aoun le 31 octobre dernier, M. Mikati a rappelé que "cette donne fait malheureusement désormais partie de l'histoire politique du Liban". Il a déploré "une paralysie dans le système" politique libanais et, au sujet des ingérences extérieures dans la présidentielle libanaise, il a lancé : "Si le pays se met d'accord en interne, l'extérieur n'a rien à dire. L'essentiel concerne les acteurs libanais entre eux avant toute autre chose".

Les députés libanais ne parviennent pas à élire un successeur à M. Aoun au fil des onze séances électorales qui se sont tenues entre septembre 2022 et janvier 2023, et le tandem chiite Hezbollah-Amal soutient ouvertement le chef des Marada Sleiman Frangié. Quant à l'opposition à cet axe, elle peine à se mettre d'accord, et a plusieurs fois voté pour Michel Moawad, sans succès. La candidature de Jihad Azour , ancien ministre des Finances et actuel haut responsable du Fonds monétaire international (FMI), est discutée par plusieurs forces politiques de l'opposition et serait sur le point d'être officialisée, selon plusieurs observateurs.

"C'est facile de limoger Riad Salamé maintenant, mais qui en subira les conséquences ?". Voilà comment le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati s'est exprimé sur le sort du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), objet de deux mandats d'arrêt internationaux assortis de deux notices rouges d'Interpol pour soupçons de corruption, faux et usage de faux, blanchiment d'argent et...

commentaires (14)

Ceux qui sont mouillés avec le gouverneur le protège ne chercher pas plus loin

barada youssef

19 h 38, le 04 juin 2023

Tous les commentaires

Commentaires (14)

  • Ceux qui sont mouillés avec le gouverneur le protège ne chercher pas plus loin

    barada youssef

    19 h 38, le 04 juin 2023

  • On à connu des Premiers Ministres incompétents mais Mikati décroche la palme d’or, le Cesar et l’Oscar. Mais comment a t il fait pour être milliardaire après pondre de telles débilités

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 19, le 04 juin 2023

  • C'etait bien la reflexion a ne pas faire. vous pensez que les Libanais sont des incapables, non Mr Mikati vous vous trompez .si Mr Mamsouri est 1er vice gouverneur ,c'est qu il est tout a fait capable d assurer l interim ,en attendant de designer un nouveau gouverneur d ici quelques annees.

    Jimmy Barakat

    07 h 10, le 04 juin 2023

  • Une chose est certaine petit M, on subit fort fort depuis un moment! Bientôt viendra ton h de gloire à toi aussi petit M….

    Samir Tabet

    00 h 44, le 04 juin 2023

  • There are many highly qualified Lebanese who would gladly take the job of governor of BDL. Now, Mr. Mikati, get to work, form a search and selection committee to appoint a replacement for Mr. Salame before he leaves, end of July at the latest.

    Mireille Kang

    23 h 09, le 03 juin 2023

  • Qui en subira les conséquences Monsieur le premier ministre? Ceux qui ont intérêt à le ménager de peur du grand déballage.

    Marionet

    21 h 47, le 03 juin 2023

  • OMAR HARFOUCHE VA TOUT FAIRE POUR NOUS AIDER À FAIRE TOMBER L’ASSOIFÉ DE POUVOIR LE GOURMAND MIKATI ET SA FAMILLE.

    Gebran Eid

    18 h 21, le 03 juin 2023

  • Tous les voleurs corrompus et pourris qui sont au pouvoir. Ce sont les seuls qui subiront les conséquences. Le Liban se retrouvera sauvé par miracle et s’en sortira haut la main une fois ces pourritures dégagées.

    Sissi zayyat

    17 h 12, le 03 juin 2023

  • Quel courage...beaucoup de clairvoyance et, avant tout, la volonté de préserver ses propres sous et ceux de ses associés et complices divers et multiples ! - Irène Saïd

    Irene Said

    16 h 13, le 03 juin 2023

  • Paroles paroles paroles ... Rien Rien Rien a attendre de ce PM.

    LH

    16 h 05, le 03 juin 2023

  • Dans cette situation aussi grave, le Mikati se demande qui en subira les conséquences ? Ne sont elles, déjà, pas suffisamment graves et pourraient elles l’être davantage ? Quand vous avez un haut responsable qui fait l’objet de deux mandats d’arrêts internationaux peut on encore se soucier du respect, aux yeux du monde entier, de la BDL, quant à la bonne marche de cette institution, un éboueur (en dépit de tout le respect que l’on peut avoir pour cette profession ) reliquat de sukleen, ferait largement mieux que salamé….

    C…

    14 h 33, le 03 juin 2023

  • "… des accusations portées contre lui par les justices libanaise et européennes …" - Vous auriez pu mettre un "s" à libanaise aussi, puisqu’au Liran (pardon, Liban) chaque communauté, chaque parti politique a SA justice…

    Gros Gnon

    14 h 16, le 03 juin 2023

  • "C'est facile de limoger Salamé, mais qui en subira (de plein fouet) les conséquences ?".... MOI pardi, les banques après, et le Peuple en dernier. Comment ose-t-il faire du chantage au Peuple. ILS sont englués dans la toile de leurs actes passés, occultes et délictueux. ILS ne savent plus quoi faire (ni dire) pour se dégager de cette gangue savamment tissée jour après jour, qui les tétanise et les prend à la gorge. Rien à espérer de Mikati. Il a trop à perdre dans cette histoire. Comme quoi, être l'homme le plus riche du pays n'est pas un gage de réussite. J'aurais même tendance à penser le contraire.

    Ca va mieux en le disant

    14 h 09, le 03 juin 2023

  • Quelles conséquences??? Plus que ce le peuple a déjà subi!? Monsieur le Premier Ministre…c’est clair qu’avec vous le ridicule ne tue pas.

    MOBIUS

    14 h 00, le 03 juin 2023

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