Exercices militaires du Hezbollah au Liban-Sud en présence des médias

Le Hezbollah a mené dimanche une démonstration militaire près de la localité de Mlita, au Liban-Sud, à l'occasion de la fête de la Résistance et de la libération célébrée le 25 mai, à laquelle la presse locale, régionale et internationale a été conviée. 

Selon notre journaliste sur place, Caroline Hayek, cet exercice militaire qui célèbre le 23e anniversaire de la libération du Liban-Sud de l'occupation israélienne, a duré deux heures, en présence de plusieurs centaines de personnes. Le parti pro-iranien a fait, lors de cette démonstration, l'étalage de ses armes, mortiers d'artillerie et drones, et ses combattants ont paradé à bord de véhicules tout-terrain ou à moto.

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Parmi les exercices mis en scène, des combattants ont simulé une attaque contre une localité israélienne, ont fait exploser des véhicules et tiré à balles réelles sur des cibles marquées de l'étoile de David. 

Des combattants du Hezbollah simulant une bataille lors d'un exercice militaire près de Mlita, au Liban-Sud, le 21 mai 2023. Photo Jad Abou Jaoudé

Le président du Conseil exécutif du Hezbollah, Hachem Safieddine, s'est exprimé devant les journalistes présents. "Nous disons à Benjamin Netanyahu (le Premier ministre israélien) et à son équipe incapable que nous avons observé leurs capacités, et nous savons qu'ils ne pourront pas changer la donne", a-t-il lancé, dans des propos rapportés par la chaîne du parti.

S'adressant aux combattants, il a déclaré que leurs armes "resteront entre vos mains, jusqu'à ce que la victoire promise par Hassan Nasrallah (secrétaire général du Hezbollah) soit réalisée". S'adressant à l'ensemble des Libanais, le cheikh Safieddine les a appelés à "se rassurer, parce que la Résistance est là pour protéger le Liban et sa souveraineté". 

"Message de défi"
Réagissant à ces manœuvres, le député Samy Gemayel les a qualifiées de "message de défi aux Libanais tout d'abord, et au sommet de la Ligue arabe" de vendredi. "C'est l'image de la nation qui nous attend si l'hégémonie du Hezbollah sur le pays se concrétise", a-t-il twitté. Il a aussi pris à partie la communauté internationale et les pays arabes : "Acceptez-vous ce dédoublement des armes, des manœuvres militaires et le kidnapping de la décision de l'Etat dans vos pays ?" "Nous ne nous soumettrons pas aux armes, ni à l'endoctrinement de nos territoires et de nos jeunes au service de l'étranger".

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De son côté, le député Achraf Rifi a estimé dans un communiqué qu'il ne s'agissait pas d'"une résistance qui organise des défilés militaires, mais d'un outil pour exercer l'hégémonie et l'hypocrisie". "Vous n'intimiderez personne avec ces démonstrations. Nous vous affronterons, et nous ne vous permettrons pas de prolonger le règne de l'enfer pendant six ans. L'ère de l'intimidation est terminée. Et la majorité des Libanais ne restera pas silencieuse face à une milice dirigée par l'Iran", ajoute le texte.

Pour sa part, le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a estimé que ces manœuvres représentent "un défi pour le gouvernement et l'Etat libanais et ses engagements". "Nous avons l'habitude de ces menaces", a-t-il twitté, accusant le parti chiite de "tuer les Libanais, les Syriens et les Arabes et de mettre en oeuvre un agenda iranien dans le monde arabe". 

L'armée israélienne s'était retirée le 24 mai 2000 de la partie du Liban-Sud qu'elle occupait encore, mais le Liban estime qu'elle doit encore se retirer des fermes de Chebaa, situées sur les pentes occidentales du mont Hermon, occupées par Israël lors de la guerre israélo-arabe de juin 1967, ainsi que des hauteurs de Kfarchouba et de la partie nord du village de Ghajar pour que la libération soit complète.

Né après l'invasion israélienne du Liban en 1982, le Hezbollah est la seule formation libanaise à avoir conservé son armement depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), au nom de la "résistance" contre Israël. Soutenu par l'Iran et représenté au Parlement libanais, le parti chiite est qualifié de "groupe terroriste" par de nombreux pays occidentaux, dont les Etats-Unis. Depuis la guerre dévastatrice de 2006 entre Israël et le Hezbollah, le front israélo-libanais est relativement calme.