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Moyen-Orient - Médiation

L'Arabie saoudite s'attelle à la reconstruction d'un Yémen dévasté

Après huit ans d'une guerre dévastatrice dans laquelle elle a appuyé dès 2015 le gouvernement yéménite face aux rebelles houthis, l'Arabie saoudite veut désormais négocier un accord de paix entre les belligérants. 

L'Arabie saoudite s'attelle à la reconstruction d'un Yémen dévasté

L'ambassadeur d'Arabie saoudite au Yémen, Mohammed al-Jaber (à droite), et Rashad al-Alimi (à gauche), président du nouveau conseil de direction du Yémen, lors de l'inauguration d'un hôpital rénové à Aden, le 10 mai 2023. Photo de Saleh Al-OBEIDI/AFP

L'hôpital d'Aden, l'un des plus importants du sud du Yémen, a accueilli en grande pompe la semaine dernière l'ambassadeur d'Arabie saoudite, venu inaugurer un nouveau département de cardiologie, réhabilité par le royaume. Mais la cérémonie n'a pas été du goût de nombreux patients priés d'attendre devant l'établissement sous une chaleur écrasante pour laisser la place aux officiels saoudiens et yéménites venus couper le ruban. "On est malade, on est fatigué", criaient-ils à leur passage.

Après huit ans d'une guerre dévastatrice dans laquelle elle a appuyé dès 2015 le gouvernement yéménite face aux rebelles Houthis, l'Arabie saoudite veut désormais négocier un accord de paix entre les belligérants. Dans le même temps, elle cherche à y promouvoir ses projets de reconstruction et de développement. "Notre objectif est clair : un Yémen sûr, stable et prospère", a déclaré à l'AFP l'ambassadeur saoudien, Mohammad al-Jaber, après sa visite à l'hôpital, ainsi qu'à l'aéroport d'Aden et dans des immeubles résidentiels, réhabilités grâce à des fonds saoudiens.

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La guerre au Yémen a fait des centaines de milliers de morts et plongé le pays le plus pauvre de la péninsule arabique dans l'une des pires crises humanitaires au monde. En raison de la cérémonie, des médecins ont dû reporter des dizaines de rendez-vous. Parmi ceux qu'il faudra reprogrammer, figurent de nombreux patients démunis qui ont parcouru de longues distances pour se rendre dans l'un des rares établissements gratuits encore opérationnels, a souligné le docteur Abdulwahab Al Matry. "Est-ce suffisant ?", a-t-il demandé en parlant de lits et d'équipements financés par le royaume. "Bien sûr que non."

Espoirs de paix
A la tête d'une coalition, l'Arabie saoudite affirme avoir été contrainte d'intervenir au Yémen pour déloger les houthis, qui ont pris la capitale Sanaa en 2014 et menaçaient selon elle le royaume. Les rebelles, proches de l'Iran, ont mené depuis plusieurs attaques contre le puissant voisin du nord, visant notamment les installations pétrolières du plus grand exportateur de brut au monde. Les frappes aériennes de la coalition, elles, ont fait des dizaines de milliers de morts et de blessés, selon des experts de l'ONU. Une trêve conclue en 2022 a fait considérablement baisser les combats.

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La monarchie du Golfe cherche aujourd'hui à obtenir un cessez-le-feu plus durable avec les houthis, qui contrôlent toujours la capitale et de larges pans du territoire. Mohammad al-Jaber est reparti en avril de Sanaa sans nouvel accord, mais avec la conviction que toutes les parties voulaient "sérieusement" la paix. En attendant, Riyad fait la promotion de ses efforts de reconstruction, en mettant en avant un dépôt d'un milliard de dollars cette année à la banque centrale du Yémen, la création d'un fonds de 600 millions de dollars pour l'importation de dérivés pétroliers, et des projets de réhabilitation de 400 millions de dollars.

Lors de son voyage à Aden, l'ambassadeur et sa délégation ont même emmené des influenceurs locaux, comme l'acteur Fayez al-Malki, pour rencontrer les bénéficiaires d'un projet de reconstruction. "C'est la première fois que quelqu'un nous aide. Vous êtes un pays bienveillant", a dit l'un d'entre eux à la star saoudienne des réseaux sociaux, qui s'est empressée de partager l'enregistrement avec ses millions d'abonnés sur Twitter et Snapchat.

"Réparer le mal"
Pour de nombreux observateurs, ces opérations sont la moindre des choses au regard du lourd bilan de l'intervention de l'Arabie saoudite au Yémen ces dernières années. "Il n'y a eu aucun débat sur leur responsabilité (...) de ce qu'ils ont fait à la population et à ses infrastructures, à la façon dont ils ont dévasté et détruit" le pays, a dénoncé auprès de l'AFP Niku Jafarnia, de l'organisation Human Rights Watch (HRW). "Ils sont légalement obligés de réparer le mal qu'ils ont fait, qui est énorme", a-t-elle ajouté.

Pour Erin Hutchinson, la responsable pour le Yémen de l'ONG Norwegian Refugee Council, "l'Arabie saoudite et d'autres pays qui ont joué un rôle direct ou indirect dans cette catastrophe doivent se mobiliser pour soutenir les millions de civils yéménites qui ont supporté le poids de ce conflit". "Ils doivent aider à reconstruire ce qu'ils ont détruit."

L'hôpital d'Aden, l'un des plus importants du sud du Yémen, a accueilli en grande pompe la semaine dernière l'ambassadeur d'Arabie saoudite, venu inaugurer un nouveau département de cardiologie, réhabilité par le royaume. Mais la cérémonie n'a pas été du goût de nombreux patients priés d'attendre devant l'établissement sous une chaleur écrasante pour laisser la place aux...

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