Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

« La rivière » : un poème visuel

« La rivière » : un poème visuel

Ali Suleiman et Youmna Marwan dans « La rivière ». Photo DR

Ils se fuient pour se chercher et s’abandonnent pour se retrouver. Un homme et une femme vagabondent dans une forêt ensorcelée pour saisir leurs âmes égarées. Le cinéaste Ghassan Salhab les transpose à l’écran dans son long-métrage La rivière, dernier volet de son triptyque sorti en 2022.

Amour libre et intense, La rivière capte les sensations contradictoires d’êtres humains qui n’ont trouvé qu’un seul moyen de comprendre leur passion, en errant dans cette nature automnale du Nord libanais. Ali Suleiman et Youmna Marwan forgent une dynamique fusionnelle dans un cycle de « cache-cache ». Mais encore, ce qui est plus fascinant est la relation établie entre les personnages et cet endroit qui prend la forme d’entité à part entière. Ghassan Salhab met en scène avec lenteur et poésie ces deux corps dans une terre inconnue, qui à son tour se transforme en une extension de l’état d’âme de ces personnages. Que ce soit par l’excès de brouillard, le choix d’une absence d’horizon, ou tout simplement cette nature morte : un endroit libérateur où les rapports humains voire amoureux se réduisent au simple mouvement du corps. Notamment la fameuse scène sensuelle où les protagonistes se partagent le plaisir charnel, l’éclosion de cette passion enveloppée dans cette forêt aux arbres dénudés.

Le désir ne s’exprime que par l’expression corporelle, servi par un silence très puissant. En effet les dialogues sont minimes, mais la nature est très bruyante. Non pas à cause des bruits d’avions de combat, plus que le bruit lourd des non-dits des protagonistes. Sans compter que le peu de conversation prononcée a une puissance d’évocation profonde, et c’est là que ressort le côté romancier du réalisateur.

La rivière filme l’abandon, la recherche de soi à travers l’autre, et une relation ambiguë entre un homme et une femme dans un lieu hostile à tout sentiment, servi par une esthétique de couleur froide. Ce film pourrait être interprété de manière aussi simple que complexe.

Même si le film est sujet à diverses interprétations et analyses, il demeure essentiellement une œuvre qui découle de l’intimité de son réalisateur. Et c’est en cela que réside sa grandeur.

* Ce texte a été rédigé dans le cadre d’un concours de critique cinéma organisé par la société MC distribution. Son auteure est étudiante à la faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Saint-Joseph, Institut d’études scéniques audiovisuelles et cinématographiques.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Ils se fuient pour se chercher et s’abandonnent pour se retrouver. Un homme et une femme vagabondent dans une forêt ensorcelée pour saisir leurs âmes égarées. Le cinéaste Ghassan Salhab les transpose à l’écran dans son long-métrage La rivière, dernier volet de son triptyque sorti en 2022. Amour libre et intense, La rivière capte les sensations contradictoires d’êtres...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut