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Sport - Football

Lionel Messi, nouvel étage de la fusée saoudienne

Suspendu une semaine par le Paris Saint-Germain pour s’être rendu, sans l’accord de son club, deux jours dans le royaume afin d’honorer des obligations commerciales, l’Argentin serait très proche d’un transfert historique dans le championnat saoudien. Une offre mirifique de plus de 400 millions de dollars par an lui aurait déjà été soumise. 

Lionel Messi, nouvel étage de la fusée saoudienne

Lionel Messi tête basse lors de la défaite du PSG face à Lorient (1-3), dimanche 30 avril au Parc des Princes. Christian Hartmann/Reuters

Il n’y a pas si longtemps, l’idée aurait sans doute prêté à sourire. Du moins, elle aurait difficilement été prise au sérieux. Mais comme l’avait martelé le commentateur de BeIn Sports, au terme d’une tirade aux accents lyriques, alors que la sélection saoudienne venait de renverser l’Albiceleste (2-1), future championne du monde à l’aube du Mondial qatari : « Impossible n’est pas saoudien ! »

Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’Arabie saoudite est bel et bien en passe d’attirer sur son sol la plus grande star du football du XXIe siècle. Dans le sillage de Cristiano Ronaldo, qui avait déjà rejoint fin décembre les rangs du club al-Nasr, Lionel Messi semble plus proche que jamais de rejoindre son rival sur les pelouses de la Saudi Pro League.

D’après une source saoudienne proche des négociations, citée par l’AFP, le départ du footballeur argentin en direction de la monarchie du Golfe serait d’ores et déjà « une affaire conclue ». « Il jouera en Arabie saoudite », a affirmé cette source, sous couvert d’anonymat, avant d’ajouter qu’un « contrat exceptionnel » lui a été proposé et qu’il ne reste plus que « quelques détails » à finaliser.

Un divorce déjà acté
Cette offre saoudienne, à laquelle l’entourage de l’Argentin aurait donné un accord verbal, intervient à l’heure où l’aventure parisienne de la « Pulga » s’achève de façon délétère. Tandis qu’il s’était rendu dans le royaume pour honorer ses obligations dans le cadre d’un contrat commercial qui le lie depuis l’été 2021 à l’Office du tourisme saoudien, le septuple Ballon d’or s’était vu signifier par la direction du PSG qu’il était suspendu, « pour deux semaines, de tout match et de tout entraînement » . Le tout avec une retenue de salaire équivalente à la durée de la suspension.

Lionel Messi, aux côtés de son épouse Antonela Roccuzzo, en visite à Diriyah, près de Riyad, le 1er mai, dans le cadre d’une campagne de promotion du tourisme en Arabie saoudite. Photo AFP

Le joueur argentin avait maintenu son escapade saoudienne, prévue de longue date, malgré l’absence d’autorisation de sa direction. En raison de la défaite subie la veille en Ligue 1 contre le FC Lorient (3-1), cette dernière avait finalement décidé d’annuler les deux jours de repos initialement prévus. Malgré la vidéo d’excuses publiée par l’intéressé vendredi dernier, il ne fait plus l’ombre d’un doute que cette annonce, aussi surprenante que retentissante, a consommé un divorce tacitement acté entre le club de la capitale et l’ancien Barcelonais.

Pour mémoire

L'Arabie saoudite veut Messi et Ronaldo pour promouvoir son futur Mondial

Contacté par L’Orient-Le Jour, le club parisien se refuse à tout commentaire et se contente de rappeler que « Messi reste un joueur du PSG jusqu’au terme de son contrat » (qui expirera le 30 juin prochain). Preuve d’un apaisement relatif de la situation, Messi a pu rejoindre ses coéquipiers sur les terrains du Camp des Loges dès ce lundi, soit une semaine avant la fin initiale de sa suspension. Toutefois, une autre source proche du PSG, qui requiert l’anonymat, confirme que la décision de ne pas prolonger le bail de l’Argentin « était déjà tranchée depuis plusieurs semaines », et ce en raison de la volonté de la direction d’apporter « de nombreux changements dans l’effectif en vue de la saison prochaine ».

Le sens de l’histoire
Cette décision d’évincer l’Argentin par la petite porte s’inscrit avant tout dans un contexte interne au PSG, qui doit en plus faire face à une fronde d’une partie de ses supporters contre certains joueurs de l’effectif (dont Lionel Messi) et Nasser al-Khelaïfi, le président du club. Mais elle est aussi la conséquence d’un arbitrage des propriétaires qataris, comme le confirme cette même source, contactée par notre journal : « Conserver Messi à Paris n’était plus une priorité, car il ne représentait plus l’avenir sportif du projet. (...) C’est pourquoi la direction a préféré ne pas faire monter les enchères pour l’inciter à rester à tout prix. » De quoi confirmer la thèse selon laquelle le club de la capitale a sciemment ouvert la porte à un départ de l’Argentin au terme de la saison.

Sur ces entrefaites, l’Arabie saoudite n’a pas tardé pour bondir sur l’occasion d’attirer dans ses filets le joueur de 35 ans. D’autant qu’après avoir accompli le dernier grand défi de sa carrière – remporter une Coupe du monde avec l’Albiceleste – Messi n’est plus dans l’obligation d’évoluer sur les pelouses du Vieux Continent, où il a déjà décroché tous les titres possibles et imaginables. Et si l’Argentin espère toujours que son club de cœur, le FC Barcelone, parvienne à le rapatrier cet été, les énormes difficultés financières que le club catalan doit encore supporter mettent du plomb dans l’aile d’une telle hypothèse. Quoi qu’il en soit, les planètes n’ont jamais semblé aussi alignées pour que l’Arabie saoudite devienne le nouveau théâtre du fameux duel Messi/Ronaldo, longtemps associé au « Clásico » entre le FC Barcelone et le Real Madrid.

Lionel Messi, aux côtés de son épouse Antonela Roccuzzo et de leurs enfants en visite à Riyad, le 1er mai, dans le cadre d’une campagne de promotion du tourisme en Arabie saoudite. Photo AFP

Si elle est sans doute la ligue non européenne la plus relevée, la Saudi Pro League pourrait s’imposer comme l’un des nouveaux centres névralgiques du ballon rond. Un processus qu’avaient déjà enclenché les autorités saoudiennes il y a une dizaine d’années, conformément à leur volonté de rattraper le retard accumulé sur le Qatar sur ce terrain. « Cela suit le cours de l’histoire, résume Raphaël Le Magoariec, géopolitologue spécialiste des pays du Golfe. Le Qatar avait rompu l’ordre établi de la région en faisant une entrée fracassante sur la scène sportive internationale avec l’obtention de la Coupe du monde. Cela avait alors été vécu comme un affront par les Saoudiens et les Émiratis, mais on n’est plus du tout dans le même contexte aujourd’hui. »

Un camouflet pour le Qatar ?
Les dernières années du règne du roi Abdallah, prédécesseur de Salmane, marquent un tournant dans les orientations politiques prises par le royaume, conscient de la nécessité de diversifier son économie. Les investissements massifs dans le domaine sportif, souvent initiés par son fonds souverain, le PIF (Public Investment Fund), se multiplient tout comme les entreprises personnelles de riches hommes d’affaires et de divers membres de la famille royale, qui dirigent de façon plus ou moins officielle la quasi-totalité des clubs sportifs du pays.

« Les Saoudiens sont prêts à tout mettre sur la table pour faire venir Messi, car ils sont en pleine entreprise de séduction des acteurs du sport mondial. Cela n’a pas grand-chose à voir avec un duel entre Doha et Riyad », rappelle Raphaël Le Magoariec. « Les Qataris savent que l’Arabie saoudite se retrouve aujourd’hui dans la même situation qu’ils avaient connue dans les années 2000, lorsqu’ils avaient attiré de grands noms de l’époque comme Romário, Batistuta, Desailly, Hierro ou encore Raúl. (...) Tout cela indique qu’il serait inexact d’interpréter cette probable arrivée de Messi dans le championnat saoudien comme une “prise de guerre” saoudienne aux dépens de Doha. La fin du Mondial a ouvert une nouvelle séquence dans le Golfe dans laquelle chaque émirat, ou royaume, suit sa propre logique dans le cadre de leurs géopolitiques respectives. Messi fait partie de la logique saoudienne, mais plus vraiment de celle du Qatar », développe-t-il.

Une vitrine idéale pour une future candidature

Au lendemain de l’officialisation de la signature de Cristiano Ronaldo à al-Nasr, le ministre saoudien des Sports, Abdelaziz ben Turki al-Fayçal, avait clairement annoncé la couleur. « Nous soutiendrons le reste de nos clubs pour qu’ils réalisent bientôt des transferts impliquant d’autres stars mondiales », avait-il écrit sur son compte Twitter. Mais peu étaient ceux qui imaginaient que cet effet d’annonce se matérialiserait d’une façon aussi spectaculaire six mois plus tard. Et l’appel d’air ne semble pas prêt de se tarir.

Comme cela est évoqué dans pléthore de médias ces derniers jours, l’Argentin aurait reçu une offre mirobolante évaluée à environ 440 millions de dollars par an, auxquels s’ajouteraient de nombreux avantages en nature. Si l’identité du club qui accueillerait le futur ex-Parisien n’a pas encore été révélée (bien qu’il s’agisse probablement d’al-Hilal, l’autre grande équipe de Riyad et rival d’al-Nasr), celle du chaland n’a rien de surprenant, puisqu’il s’agit directement du fonds souverain saoudien, comme pour le transfert de Cristiano Ronaldo.Un véritable pont d’or qui reste une goutte d’eau dans l’océan de pétrodollars que brasse le PIF chaque année, qui réalise environ 61 milliards de dollars de chiffre d’affaires.

Si Messi venait à poser sa signature en bas de ce contrat, il deviendrait, de loin, le sportif le mieux payé de la planète, puisque cette distinction est actuellement propriété de Cristiano Ronaldo, qui ne touche « que » la moitié d’une telle somme depuis son arrivée à al-Nasr.

Réunir les deux plus grandes stars du football mondial offrirait enfin au royaume une vitrine idéale pour faire la promotion de sa candidature à l’organisation d’une future Coupe du monde. Celui-ci lorgne déjà sur l’édition 2030. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, son hôte sera désigné dès l’année prochaine.

Il n’y a pas si longtemps, l’idée aurait sans doute prêté à sourire. Du moins, elle aurait difficilement été prise au sérieux. Mais comme l’avait martelé le commentateur de BeIn Sports, au terme d’une tirade aux accents lyriques, alors que la sélection saoudienne venait de renverser l’Albiceleste (2-1), future championne du monde à l’aube du Mondial qatari : « Impossible...

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On sait déjà où cette fusée atterrira au final...

IBN KHALDOUN

20 h 48, le 09 mai 2023

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  • On sait déjà où cette fusée atterrira au final...

    IBN KHALDOUN

    20 h 48, le 09 mai 2023

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