Le ministre sortant des Affaires sociales, Hector Hajjar, a mis en garde dimanche contre "une grande explosion entre les Libanais et les déplacés syriens au Liban" si les autorités ne réduisent pas les "tensions" sur cette question. Ce dossier est revenu en force sur la scène politique et parmi la population, faisant craindre une dégradation de la situation sécuritaire et poussant les responsables à renforcer les mesures ciblant les réfugiés.
"Si nous ne trouvons pas de solution pour réduire les tensions sur le rapatriement des déplacés syriens, on risque d'avoir une grande explosion entre les Libanais et les déplacés syriens au Liban", a prévenu M. Hajjar, dans un entretien à la chaîne locale LBC dimanche soir. Il a également pointé du doigt un "timing anormal de l'intensification intentionnelle (des tensions) entre ces déplacés et les Libanais, menée par certaines parties (...)", qu'il n'a pas nommées.
"Il existe un accord soit pour soulager la région toute entière, soit pour que la situation explose à un certain endroit. Cela peut être lié à la remise du dossier des déplacés syriens sur le tapis car le Liban est le seul point de confrontation restant dans la région", a estimé le ministre, qui a dit craindre que "l'accord irano-saoudien ait été conclu aux dépens du Liban".
Les propos de M. Hajjar interviennent bien que plusieurs observateurs estiment que le rétablissement des liens diplomatiques entre Riyad et Téhéran, ainsi que les efforts diplomatiques déployés au niveau régional pour favoriser le retour de Damas dans le giron arabe, pourraient avoir des retombées positives sur le Liban. Mais selon d'autres observateurs, le dossier libanais ne figurait pas à l'ordre du jour des discussions irano-saoudiennes.
Coordination avec l'Etat syrien
Revenant sur les mesures prises par le gouvernement libanais le 26 avril, M. Hajjar a souligné la nécessité d'œuvrer pour contrôler "la dispersion non régulée des déplacés syriens". "Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) dispose de données sur les réfugiés d'avant 2015. Celles qui couvrent la période d'après 2015 doivent être entièrement livrées à l'Etat", a-t-il souligné, rappelant que "l'Etat avait déjà reçu des données incomplètes qui ne lui ont pas servi". "Le HCR dispose des données de plus de 1.600.000 déplacés. Plus de 1.300.000 d'entre eux bénéficient d'aides. Les données du HCR sont très minutieuses", a encore affirmé M. Hajjar.
Mercredi dernier, les autorités libanaises ont chargé plusieurs ministères de mettre en œuvre des mesures renforcées à l'égard des réfugiés syriens au Liban, après que ce dossier a provoqué des remous dans le pays. Elles ont aussi appelé le HCR à communiquer les données dont il dispose sur la présence syrienne au Liban et demandé aux services de sécurité d'empêcher toute entrée illégale au Liban en provenance de la Syrie. Le ministre sortant de la Justice, Henri Khoury, a été chargé de négocier le rapatriement "immédiat" des réfugiés syriens et des condamnés.
M. Hajjar a par ailleurs affirmé qu'un "grand nombre de déplacés syriens sont entrés clandestinement au Liban après le séisme en Turquie" en février dernier et, selon lui, "le rapatriement des déplacés ne peut se faire qu'en coordination avec l'Etat syrien".
Dans un entretien au média russe Sputnik, le ministre sortant a indiqué que "le ministère de la Justice étudie la déportation des déplacés condamnés", notant que "33,3 % des détenus au Liban sont des Syriens". S'exprimant à ce sujet, le ministre Khoury a déclaré au quotidien al-Chark al-Awsat qu'une "délégation ministérielle se rendra en Syrie pour discuter du rapatriement des déplacés". "La question des condamnés et des détenus est toujours en cours d'étude", a-t-il noté, selon des propos rapportés lundi.
Le directeur de la Sûreté générale (SG) par intérim, Élias Baïssari, chargé de suivre le dossier des réfugiés, se serait rendu dans la capitale syrienne la semaine dernière pour évoquer cette question avec les autorités syriennes. Contacté par notre publication, le service de presse de la SG n’a pas démenti l’information, assurant que le directeur du service de sécurité "s’exprimera cette semaine et détaillera les mesures qu’il a prises".
La remise sur la table du rapatriement des réfugiés syriens, une question devenue le cheval de bataille de plusieurs chefs politiques, notamment chrétiens, fait craindre un dérapage sécuritaire au Liban.
Une ancienne vidéo montrant un citoyen suédois d’origine syrienne, Kamal Labouani, dans laquelle il appelle les réfugiés syriens à prendre les armes contre l’armée libanaise, a dernièrement refait surface. Un extrait montrant des opérations d’expulsion par l’armée d’une cinquantaine de réfugiés en situation illégale, entamée début avril, a également provoqué des réactions. La photo d’une carte de police prétendument délivrée par la municipalité de Laqlouq, village chrétien du Mont-Liban, à un homme d’origine syrienne a suscité l’indignation et la crainte des villageois, mais le président de la municipalité a affirmé que la carte en question était fausse. Enfin, un réfugié syrien vivant au Liban aurait été retrouvé mort, vraisemblablement par suicide, vendredi, à la suite de menaces d'expulsion vers la Syrie, où il était recherché pour effectuer son service militaire obligatoire, a indiqué à L'Orient Today un membre de sa famille vivant en Turquie.
Ils importent les problèmes sur notre sol et crient au scandale. C’est fou comment ces politiciens arrivent à répéter leurs erreurs pour se mettre dans des situations inextricables pour cause d’incompétence et de longueur de vue, étant préoccupés par le partage du pays pendant que nos ennemis fignolent leurs plans pour nous anéantir.
12 h 21, le 04 mai 2023