Détruire le schisme

Quand on vit Pâques, on ne peut que penser toujours à l’union des Églises, et quand on sait que le Liban est le seul pays du Moyen-Orient qui célèbre et respecte le choix des fidèles des deux Églises catholique et orthodoxe, on réalise qu’il est grand temps d’œuvrer à une réconciliation et briser ces deux tabous que sont le schisme et le dogme. Quand on parle de schisme, on sait bien que c’est Rome dans l’histoire qui l’a voulu. La papauté avait besoin, pour conserver son prestige naissant en Occident, de rompre avec l’empereur d’Orient qui était demeuré son suzerain : en cela, le schisme lui a servi. Mais du jour où l’empire d’Orient fut affaibli, l’idée, nouvelle alors, de la catholicité poussa les papes à reconquérir l’Orient à la foi romaine. Du point de vue du dogme et sans discuter théologie, actuellement, quand on réalise que l’Église orthodoxe orientale est morcelée en cinq Églises indépendantes et, en comptant l’Église de Turquie représentée par le patriarche œcuménique, en six Églises distinctes qui vivent et s’administrent séparément, de quel dogme peut-on encore discuter ? Même son de cloche côté catholique où plusieurs Églises anglicanes ou autres ont changé le dogme catholique. Et si on revient au 5 juillet 1439, les prélats grecs et latins, en présence du pape et de l’empereur byzantin, avaient signé pourtant à Florence un décret d’union qui marque la réconciliation des Églises d’Orient et d’Occident, mais le décret est rapidement tombé en désuétude, par égoïsme de tout bord.

Aujourd’hui et alors que notre société devient de plus en plus laïque et que la religion dans le monde devient de plus en plus numérique, et tout en respectant le culte de chaque rite catholique ou orthodoxe, n’est-il pas temps de fixer une date comme pour Noël et ne plus tenir compte des mouvements du soleil, et honorer notre foi pour ne plus crucifier et ressusciter le Christ deux fois ?

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.