Le chef du courant des Marada Sleiman Frangié, qui est un candidat non-officiellement annoncé à la présidence, a déclaré mardi de Bkerké que s'il était élu chef de l'Etat, il serait prêt à convoquer un "dialogue national" pour discuter de la stratégie de défense, une revendication des opposants du Hezbollah pour démanteler son arsenal.
Lors d'une conférence de presse à l'issue d'un entretien avec le patriarche maronite Béchara Raï, M. Frangié a affirmé que la solution à la question des armes du Hezbollah, seule milice encore armée au Liban, réside dans "un dialogue national autour d'une stratégie de défense". Une telle initiative, à laquelle seraient convoqués le Hezbollah et l'armée libanaise selon lui, permettrait à toutes les parties de "se pencher sur la façon de protéger notre pays".
La question de la stratégie de défense faisait partie des "garanties" avancées par le chef des Marada, proche du parti chiite, lors d'une récente réunion à Paris avec Patrick Durel, conseiller de l’Élysée pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Paris avait demandé de telles garanties susceptibles de convaincre la partie saoudienne de lever son veto à son encontre. La France soutient une candidature de Sleiman Frangié et l'idée d'un "troc" dans lequel le président, Frangié, est proche de l'axe du Hezbollah en échange d'un Premier ministre proche de l'Arabie saoudite. Riyad a jusque-là imposé son veto à cette option.
"Contre toute atteinte aux Etats arabes"
"Je n'ai jamais eu d'inimitié envers aucun pays, et surtout pas envers l'Arabie saoudite", a indiqué M. Frangié. "Nous ne voulons que le bien des pays arabes et de l'Arabie, a-t-il ajouté. Nous sommes également contre toute atteinte aux autres États arabes". "Je n'ai entendu de veto contre moi que dans les médias libanais, et pas de la part de l'Arabie, de ses amis ou alliés".
Concernant sa visite à Paris, M. Frangié a dit y avoir "répondu à certaines questions concernant (son) soutien aux réformes" monétaires, fiscales et financières réclamées par la communauté internationale et le Fonds monétaire international (FMI) pour soutenir financièrement le Liban. "J'ai dit aux Français qu'il allait de soi que je suis en faveur des réformes. Nous soutiendrons tout gouvernement qui les mettra en œuvre", a-t-il ajouté.
En 2022, le Liban a signé un accord préliminaire avec le FMI prévoyant une aide de 3 milliards de dollars à condition que des réformes structurelles soient mises en œuvre, ce qui n'a pas encore été fait par le Parlement.
M. Frangié a également évoqué les récents développements régionaux, à la suite de l'accord de réconciliation irano-saoudien et du rapprochement entre certains pays arabes, dont le royaume saoudien, et la Syrie. "Je pense que tout le monde devrait observer les compromis en train de se tisser et essayer de s'y intégrer. Si nous sommes à la traîne, le changement se fera sans nous", a-t-il déclaré.
Interrogé par la presse sur ses relations avec le régime du président syrien Bachar el-Assad, dont il est personnellement proche, le chef des Marada a affirmé qu'il "peut obtenir de la Syrie ce que d'autres ne pourraient pas". Il s'est d'ailleurs rendu à Damas dernièrement, quelques jours avant une visite, ce mardi du chef de la diplomatie saoudienne.
Jusqu'à présent, le Hezbollah et le mouvement chiite Amal soutiennent officiellement une candidature de Frangié à la présidence, mais son nom n'est sorti que sur un seul bulletin au cours des onze séances parlementaires électorales organisées à cet effet. Face au chef des Marada, l'opposition appuie majoritairement la candidature de Michel Moawad, député de Zghorta. Le Liban est sans président depuis le 31 octobre, date à laquelle Michel Aoun a quitté ses fonctions. Il souffre également d'une vacance au niveau du gouvernement, le cabinet actuel étant uniquement chargé de l'expédition des affaires courantes.
Un tel candidat sera une grande catastrophe pour le Liban. Incapable de parler, même pas l’arabe. Rien dans la tête.
23 h 09, le 19 avril 2023