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Culture - Entretien express

« L’émigration est un événement fondateur qui façonne tout après... »

L’auteur libano-canadien Dimitri Nasrallah évoque avec « L’Orient-Le Jour » les liens qui le rattachent encore et toujours au pays du Cèdre.

« L’émigration est un événement fondateur qui façonne tout après... »

L'auteur de « Hotline », un romancier aux origines libanaises et à l'œuvre multiprimée au Canada. Photo Bruno Destombes

Dans Niko (Éd. La peuplade), l’un de vos précédents romans, vous aviez déjà évoqué ce même sujet de l’intégration dans un pays d’accueil, mais du point de vue d’un enfant. Pourquoi avez-vous ressenti la nécessité d’y revenir ? Et en vous glissant cette fois dans la peau de ce personnage féminin ?

J’ai écrit Niko entre 26 et 33 ans, alors que j’étais encore imprégné de cet enfant que j’avais été. Un enfant qui avait quitté le Liban pendant la guerre, vécu dans plusieurs pays du monde et persistait à regarder en arrière pour comprendre ce qui s’était passé… Et pourquoi il était devenu celui que je suis.

Au moment où j’ai entamé l’écriture de Hotline, une décennie plus tard, j’avais un fils qui avait à peu près mon âge à mon arrivée au Canada. Et je pensais aux différences entre nos vies. En me plaçant désormais du point du vue du parent, j’ai réalisé à ce moment à quel point la parentalité pouvait être délicate. Cela m’a amené à repenser à ma propre mère et aux défis qu’elle a rencontrés à son arrivée à Montréal, en termes de travail. Trois décennies plus tard, je sais que ces défis existent toujours pour de nombreux immigrants. J’ai eu envie d’en parler. Et quand j’ai commencé à écrire, je suis tombé dans la voix et le tempérament que je reconnaissais à ma mère, et aussi à d’autres Libanaises de cette génération. C’était une voix qui était vivante, qui a sauté de la page. J’y ai vu une histoire différente de celle qui avait conduit à l’écriture de Niko…

À quel point ce roman est-il imprégné de votre propre vécu ?

J’ai pris des circonstances spécifiques à ma propre vie et, à partir de là, j’ai construit une histoire et des personnages… Nous sommes arrivés à Montréal vers les mêmes années que dans mon roman. Nous vivions dans un appartement similaire. Et ma mère était une enseignante de français qui avait l’impression qu’elle pourrait trouver du travail dans son domaine, mais personne ne voulait l’embaucher au Québec. Elle a pris un emploi dans un centre d’amaigrissement parce qu’elle n’avait pas d’autre choix. Dans Hotline, je suis Omar. En revanche, j’ai tué ou laissé de côté d’autres membres de ma famille, et mon imagination a dirigé le reste de la fiction…

Pourquoi cette expérience de l’émigration alimente-t-elle toujours autant votre écriture ?

Parce que ce qui s’est passé est un traumatisme, un événement fondateur qui façonne tout après. Ce n’est pas un incident isolé à laisser dans le passé. En vieillissant, j’ai accepté le fait que cet ensemble d’événements (la guerre au Liban où il est né, ainsi que ses migrations successives enfant avant l’établissement final de sa famille au Canada, NDRL) continue d’informer sur qui je suis, d’où je viens et comment je vois le monde. Je vois ce qui s’est passé comme quelque chose qui se transmet de génération en génération de manière inconsciente. Je pense qu’il y a une psyché à la migration qui mute au fil des ans et affecte une personne de différentes manières à différents moments. Certaines personnes choisissent d’ignorer ces permutations, mais j’ai choisi d’en faire mon sujet.

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Vous vivez à Montréal, vos romans sont traduits en français mais vous préférez les écrire en anglais. Envisagez-vous d’écrire un jour directement en français ?

Ce n’est pas tant une préférence qu’un handicap. Mon français écrit n’est pas fonctionnel au-delà des e-mails. Alors que l’écriture en anglais, dans la langue de mon éducation, est multidimensionnelle, texturée, poétique.

Avez-vous un nouveau roman en chantier ? Auquel cas sera-t-il en lien d’une manière ou d’une autre avec vos origines libanaises ?

J’ai quelques idées, mais rien encore d’enclenché... Je suis toujours au service de la promotion de Hotline un an après sa première publication.

Auriez-vous un message particulier à adresser à vos lecteurs libanais ?

Que ce soit à cause de la guerre ou des nombreux autres événements qui ont secoué le pays au fil des décennies, quasiment tout le monde au Liban a désormais de la famille à l’étranger. Chaque fois que j’y retourne, je ressens cette crise d’identité entre ceux qui ont encore la terre et la culture libanaise, et ceux qui s’en sont éloignés. J’écris les histoires de ceux qui sont dépossédés de ces caractéristiques qui façonnent profondément l’identité d’une personne. Je pense qu’avec toutes les personnes qui sont parties pour une raison ou pour une autre, l’émigration fait aussi partie de l’histoire libanaise.

Dans Niko (Éd. La peuplade), l’un de vos précédents romans, vous aviez déjà évoqué ce même sujet de l’intégration dans un pays d’accueil, mais du point de vue d’un enfant. Pourquoi avez-vous ressenti la nécessité d’y revenir ? Et en vous glissant cette fois dans la peau de ce personnage féminin ?J’ai écrit Niko entre 26 et 33 ans, alors que j’étais encore imprégné de...

commentaires (1)

- L,EMIGRATION EST UN SORT, - QU,IMPOSE LA PROVIDENCE. - NOUS EN PATISSONS ENCOR, - ESPERANT SANS ESPERANCE. = - TOUT BON *ON-DIT* DU PAYS, - NOUS FAIT VOLER D,ALLEGRESSE. - NOUS PLEURONS LE PARADIS, - DE NOTRE TENDRE JEUNESSE. = - NOUS REVONS D,Y REVENIR, - DE REVIVRE NOTRE FLAMME, - JUSQUES L,ULTIME SOUPIR, - ET LA DE LAISSER NOTRE AME. = - MAIS DE L,AURORE LES FEUX, - VIENNENT FRAPPER NOS PAUPIERES, - CE N,ETAIENT QUE PROFONDS VOEUX, - ET ESPOIRS IMAGINAIRES.

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 22, le 06 avril 2023

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Commentaires (1)

  • - L,EMIGRATION EST UN SORT, - QU,IMPOSE LA PROVIDENCE. - NOUS EN PATISSONS ENCOR, - ESPERANT SANS ESPERANCE. = - TOUT BON *ON-DIT* DU PAYS, - NOUS FAIT VOLER D,ALLEGRESSE. - NOUS PLEURONS LE PARADIS, - DE NOTRE TENDRE JEUNESSE. = - NOUS REVONS D,Y REVENIR, - DE REVIVRE NOTRE FLAMME, - JUSQUES L,ULTIME SOUPIR, - ET LA DE LAISSER NOTRE AME. = - MAIS DE L,AURORE LES FEUX, - VIENNENT FRAPPER NOS PAUPIERES, - CE N,ETAIENT QUE PROFONDS VOEUX, - ET ESPOIRS IMAGINAIRES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 22, le 06 avril 2023

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