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Ibrahim Najjar entre choix et destin

Ibrahim Najjar entre choix et destin

D.R.

L’intérêt des autobiographies est qu’elles nous dévoilent souvent des destins hors du commun et nous renseignent sur des époques révolues dont l’auteur fut le témoin. L’ouvrage en arabe du professeur Ibrahim Najjar, intitulé Le Choix et le Destin, est de ces livres-là, puisqu’il retrace le parcours de l’éminent avocat et universitaire, tout en nous racontant des épisodes connus ou méconnus de l’histoire contemporaine du Liban.

L’auteur commence par remonter aux origines de sa famille, puis évoque le divorce de ses parents, sa scolarité à ‘Antoura, son installation à Beyrouth, la faculté de droit et le « salon » culturel qui réunissait les étudiants de l’époque, le voyage en France, la soutenance de sa thèse de doctorat, ses débuts dans « le beau métier d’avocat », l’influence de cheikh Pierre et son militantisme, le conflit libanais et ses épreuves douloureuses, la collaboration avec Bachir Gemayel, le mandat du président Amin Gemayel, les accords de Taëf, jusqu’à sa nomination comme ministre de la Justice de 2008 à 2011, et la création de sa fondation culturelle, prolongement logique de sa passion pour les arts. Son style alerte, son sens de la formule et la précision de ses observations font qu’on suit son itinéraire avec beaucoup d’intérêt.

Au terme de ces Mémoires que le professeur Najjar clôture par un « Non, je ne regrette rien », emprunté à Edith Piaf, on sort admiratif devant cette vie bien remplie où il a fallu faire des choix déterminants, parfois contrecarrés par le destin, et où droit, patriotisme et culture ont toujours fait bon ménage. Et c’est avec le même enthousiasme que l’on se plonge dans le second volume du même auteur, intitulé Au Palais de Justice, où le professeur Najjar s’attarde sur son parcours de juriste, égrène ses souvenirs au Palais, et nous transmet ses conseils pertinents et ses réflexions enrichissantes concernant les différentes facettes du métier d’avocat, en partant de sa propre expérience.

Dans un poème des Contemplations intitulé « Veni, Vidi, Vixi », on peut lire ces vers éloquents :

« Je n’ai pas refusé ma tâche sur la terre.

Mon sillon ? Le voilà. Ma gerbe ? La voici.

J’ai vécu souriant, toujours plus adouci,

Debout, mais incliné du côté du mystère. »

En faisant le bilan (provisoire) de sa vie, Ibrahim Najjar a admirablement illustré ces vers de Victor Hugo.



Al-Khayaar wal-kadar (Le Choix et le Destin) d’Ibrahim Najjar, 2023, 734p.

Fi qasr al-‘adel (Au Palais de la Justice) d’Ibrahim Najjar, 2023, 303p.

L’intérêt des autobiographies est qu’elles nous dévoilent souvent des destins hors du commun et nous renseignent sur des époques révolues dont l’auteur fut le témoin. L’ouvrage en arabe du professeur Ibrahim Najjar, intitulé Le Choix et le Destin, est de ces livres-là, puisqu’il retrace le parcours de l’éminent avocat et universitaire, tout en nous racontant des épisodes...

commentaires (2)

Bravo, Mr Najjar d’avoir eu le courage de vos opinions et d’écrire une autobiographie que vous clôturez par: « non, rien de rien, je ne regrette rien… » Nul ne peut nier votre culture, votre érudition et votre expertise dans le domaine juridique ainsi que votre sens moral même parmi vos détracteurs! Mais combien de vos contemporains politiciens et hommes de loi que vous avez côtoyé oseraient écrire leurs autobiographies sans faire de mea culpa sur leurs erreurs du passé, leurs combines ou leurs compromissions criminelles et qui ont mené à la catastrophe nationale que nous vivons?

Saliba Nouhad

16 h 26, le 10 avril 2023

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Commentaires (2)

  • Bravo, Mr Najjar d’avoir eu le courage de vos opinions et d’écrire une autobiographie que vous clôturez par: « non, rien de rien, je ne regrette rien… » Nul ne peut nier votre culture, votre érudition et votre expertise dans le domaine juridique ainsi que votre sens moral même parmi vos détracteurs! Mais combien de vos contemporains politiciens et hommes de loi que vous avez côtoyé oseraient écrire leurs autobiographies sans faire de mea culpa sur leurs erreurs du passé, leurs combines ou leurs compromissions criminelles et qui ont mené à la catastrophe nationale que nous vivons?

    Saliba Nouhad

    16 h 26, le 10 avril 2023

  • Ibrahim Najjar fut pour moi à la fois un professeur inoubliable , un ami inébranlable et un conseiller intarissable . on pourrait ne pas tarir d'éloges envers ce grand de notre pays , mais cela ne suffirait pas : Il y a toujours en lui un côté incommensurable qu'il est difficile d'atteindre , c'est peut-être ce qu'on applle communément du "génie" .

    Chucri Abboud

    01 h 03, le 10 avril 2023

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