Critiques littéraires

Petits secrets d'âmes au milieu des Ardennes

Petits secrets d'âmes au milieu des Ardennes

D.R.

Le Meurtre du Docteur Vanloo d’Armel Job, Robert Laffont, 2023, 342 p.

Armel Job ne recherche pas la publicité, et ce sera peut-être le seul grief qu’on lui adressera ici. Car, on ne le sait pas assez, il construit patiemment depuis plusieurs années une œuvre romanesque cohérente, une vingtaine de romans au total, où se dessine tout un monde bien à lui, et qui n’est pas, excusez du peu, sans lien avec les romans de Simenon avec lequel il partage d’ailleurs la nationalité belge.

Situés dans les Ardennes où il habite, ses romans dressent les portraits de gens banals, plus ou moins modestes, confrontés soudain à des situations inattendues, un fait divers, ou une révélation qui les amènent à s’interroger et à agir sur leur entourage jusqu’alors bien tranquille. Tout cela est écrit sans esbroufe, dans un style limpide, avec un humour jamais absent qui met en lumière, sans cruauté, les ridicules des hommes. Mais Armel Job a aussi de la tendresse pour eux. Ses descriptions ne sont jamais à charge. Il y a toujours, comme disait Proust, même chez le plus imbécile, un vieux cheval qui souffre.

 

Son dernier roman Le Meurtre du Docteur Vanloo qui est sorti en février n’échappe pas à la règle. Un fait divers va mettre en émoi une bourgade de l’Ardenne belge, Fontenal. Un lundi matin, le docteur Vanloo, chirurgien de son état, est retrouvé assassiné dans son presbytère où il vit seul. L’enquête est confiée au commissaire Demaret, un flic d’expérience qui va devoir supporter une jeune substitute désireuse de briller et un peu collante.

Très vite, la police découvre que Vanloo avait une maîtresse, Lynn Warland, l’épouse du vétérinaire de la région, qui venait le retrouver chez lui tous les dimanches après-midi. Or, tout porte à croire qu’il a été justement tué à ce moment-là. Interrogée, elle nie bien sûr l’avoir tué. Les soupçons se portent également sur son mari qui connaissait la tromperie de sa femme. Puis, coup de théâtre, on découvre que Vanloo était marié à la fille d’un gros entrepreneur de la région. Le couple ne se voyait quasiment plus, et la femme voulait divorcer, d’autant qu’elle a quelqu’un, un jeune amoureux un peu trop exalté qui la croit à lui parce qu’un jour, enfants, ils ont joué à se marier. Puis, nouvelle surprise, il s’avère que le père de la mariée infortunée traficotait avec Vanloo…

Au fur et à mesure, l’auteur dévoile les petits secrets des âmes qui font que tous les protagonistes du roman peuvent être coupables (comme dans les bons romans d’Agatha Christie). Tous ont un point commun (une piste peut-être ?) : ils vivent en couple, ou rêvent de l’être… Armel Job en profite pour nous faire revisiter les mystères, les mesquineries, mais aussi la beauté des vies à deux.

Bien sûr, à force de suivre chaque piste jusqu’au bout, quitte à perdre du temps, le commissaire découvrira le coupable. On ne perdra pas le nôtre en lisant ce délicieux roman.

Le Meurtre du Docteur Vanloo d’Armel Job, Robert Laffont, 2023, 342 p.Armel Job ne recherche pas la publicité, et ce sera peut-être le seul grief qu’on lui adressera ici. Car, on ne le sait pas assez, il construit patiemment depuis plusieurs années une œuvre romanesque cohérente, une vingtaine de romans au total, où se dessine tout un monde bien à lui, et qui n’est pas, excusez du...

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