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Moyen-Orient - Israël

Réforme de la justice voulue par Netanyahu : une « pause » accueillie avec méfiance

Plusieurs membres de la coalition au pouvoir assurent que le projet contesté sera voté à terme.

Réforme de la justice voulue par Netanyahu : une « pause » accueillie avec méfiance

Des Israéliens manifestant contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le 27 mars 2023, à Tel-Aviv. Itai Ron/Reuters

Les opposants à la réforme de la justice en Israël ont accueilli mardi avec méfiance l’annonce la veille par Benjamin Netanyahu d’une « pause » dans ce projet qui divise profondément le pays, tout en restant encore à faire pour permettre une sortie de crise.

Le Premier ministre « a su transformer avec de jolis mots une défaite cuisante en un match nul », écrit Nahum Barnea, éditorialiste du quotidien Yediot Aharonot.

« Quoi qu’il dise ou dira, peu de gens le croient, je crois que la confiance en lui n’est pas grande y compris parmi les manifestants de droite venus par milliers hier », poursuit M. Barnea, en référence à une première contre-manifestation tenue lundi soir à Jérusalem par des partisans de la réforme.

Le projet de réforme de la justice est dénoncé dans la rue depuis son annonce début janvier par un des gouvernements les plus à droite qu’ait connu Israël, et a donné naissance à un des plus grands mouvements de mobilisation populaire du pays.

Après une journée d’intensification de la contestation et l’apparition de tensions au sein de la majorité, M. Netanyahu a annoncé dans un discours lundi soir avoir « décidé d’une pause » dans l’examen du projet, afin de donner « une chance à un vrai dialogue » en vue de faire adopter un texte plus consensuel lors de la session parlementaire d’été devant s’ouvrir le 30 avril.

Réagissant rapidement à l’annonce de M. Netanyahu, les deux principaux dirigeants de l’opposition, les centristes Yaïr Lapid et Benny Gantz ont dit être prêts à discuter avec le gouvernement, mais sous l’égide du président, qui tente une médiation depuis des semaines, et tout en mettant en garde le gouvernement contre toute duperie.

Aucune date

Faisant allusion au projet de loi sur la composition de la commission chargée de sélectionner les juges, un des volets parmi les plus contestés de la réforme, les partis de MM. Lapid et Gantz ont prévenu mardi dans un communiqué commun qu’ils quitteront « immédiatement » la table des négociations si ce texte « est mis au programme du Parlement ». Si les deux partis ont désigné leurs représentants pour les discussions avec le gouvernement, aucune annonce du côté du Likoud n’a été faite.

Et aucune date n’a encore été fixée pour le début de ces pourparlers. Selon un communiqué officiel, M. Netanyahu a juste évoqué mardi « l’objectif d’arriver à un accord », lors d’une rencontre avec les employés de son bureau.

Pour le gouvernement, la réforme vise à rééquilibrer les pouvoirs en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l’exécutif juge politisée, au profit du Parlement. Ses détracteurs estiment au contraire que la réforme risque d’entraîner une dérive illibérale ou autoritaire.

Mardi, plusieurs commentateurs politiques se montrent sceptiques sur les intentions de M. Netanyahu. Son annonce dès lundi soir avait été précédée de longues négociations avec ses partenaires d’extrême droite, notamment le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, qui, selon la presse, avait menacé de quitter le gouvernement en cas de pause dans la réforme.

Cessez-le-feu

Le parti de M. Ben Gvir a annoncé avant la déclaration de M. Netanyahu la signature d’un accord entre les deux hommes, accordant au ministre de nouvelles prérogatives, notamment la création d’une « garde nationale » civile sous son autorité, et sur laquelle aucun détail n’a encore été communiqué.

« C’est une victoire pour les protestataires, mais celui qui a vraiment fait plier Netanyahu et l’a piétiné c’est Itamar Ben Gvir (...), il a obtenu de lui une promesse scandaleuse : la création d’une milice qui sera sous ses ordres », dénonçait mardi Yossi Verter, le correspondant politique de Haaretz, en première page du quotidien de gauche. Pour Yohanan Plesner, président de l’Institut israélien pour la démocratie, « il s’agit d’un cessez-le-feu peut-être pour regrouper, réorganiser et ensuite, potentiellement, charger en avant ».

Et plusieurs membres de la coalition au pouvoir assurent que la réforme sera votée à terme. Ainsi, le ministre des Finances, Betzalel Smotrich, à la tête du parti d’extrême droite Sionisme religieux, a assuré lundi après le discours de M. Netanyahu que « la réforme (allait) avancer et les changements nécessaires dans le système judiciaire et la démocratie israélienne advenir ».

Un des collectifs à l’origine des manifestations contre la réforme a annoncé la poursuite de la contestation « tant que le coup d’État judiciaire n’est pas totalement stoppé ».

Deux sondages diffusés lundi soir sur des télévisions israéliennes montrent une perte de confiance au sein du parti Likoud de M. Netanyahu, qui perdrait sept sièges en cas d’élections alors que la coalition au pouvoir ne dispose que d’une faible majorité au Parlement, avec 64 députés (sur 120).

Source : AFP

Les opposants à la réforme de la justice en Israël ont accueilli mardi avec méfiance l’annonce la veille par Benjamin Netanyahu d’une « pause » dans ce projet qui divise profondément le pays, tout en restant encore à faire pour permettre une sortie de crise.Le Premier ministre « a su transformer avec de jolis mots une défaite cuisante en un match nul », écrit...

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