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Société - Enquête sur le 4 août 2020

Face à une justice "prise en otage" au Liban, des activistes s'en remettent à l'ONU

Des manifestants réclament le limogeage du procureur général Ghassan Oueidate, lors d'un sit-in devant le palais de justice de Beyrouth.

Face à une justice

Sit-in d'activistes du collectif "Noun", le 6 mars 2023, devant le palais de justice de Beyrouth, contre l'obstruction de l'enquête sur les explosions du port. Photo Joao Sousa

Des dizaines d'activistes ont lancé un appel à l'ONU pour intervenir dans le cours de la justice, lors d'un sit-in lundi matin devant le palais de justice de Beyrouth, à l'heure où les investigations sur les explosions meurtrières du 4 août 2020 au port de la capitale continuent à stagner en raison de manœuvres politiques et judiciaires.

Répondant à un appel du Collectif "Noun", les protestataires ont exprimé leur colère contre le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, qui avait engagé fin janvier des poursuites contre le juge Tarek Bitar, en charge de l'instruction, et décidé de libérer tous les suspects détenus dans l'enquête, ravivant ainsi la colère des proches des 220 morts et 6.500 blessés du drame qui a ravagé une partie de Beyrouth. 

"Le Liban est pris en otage par un système politique criminel soutenu par son système sécuritaire et judiciaire"; "La justice et la reddition des comptes sont pris en otage au palais de justice", pouvait-on lire sur des pancartes brandies par des manifestants. Ou encore : "Le procureur général près la Cour de cassation a obstrué l'enquête en permettant à des suspects de fuir" ; "C'est un juge criminel et un agent. Pour que Ghassan Oueidate soit limogé !"

Une pancarte brandie par une manifestante devant le palais de justice de Beyrouth, appelant au limogeage du procureur général près la Cour de cassation Ghassan Oueidate, le 6 mars 2023. Photo Joao Sousa

Les activistes ont aussi incité "le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à intervenir pour que justice soit faite", estimant que "l'explosion au port de Beyrouth est un crime contre les droits de l'homme". "La justice est plus forte que toi et tes armes", pouvait-on lire sur une pancarte affichant un portrait du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah. "Nabih Berry protège les députés accusés", affichait une autre, alors que des proches du président du Parlement et les anciens ministres Ghazi Zeaïter et Ali Hassan Khalil sont mis en cause dans l'enquête.

"Crime contre les droits humains"
S'exprimant au nom du collectif, Nawal Méouchi a fustigé le fait que "la justice au Liban n'est pas seulement violée par les autorités politiques et sécuritaires, mais aussi par des juges, notamment Ghassan Oueidate". Elle a regretté que "la justice dans le cadre de l'enquête sur le drame du 4 août 2020 a été prise en otage par un groupe de politiques qui contrôlent le pays". "Nous demandons aux organisations concernées par les droits de l'homme, notamment Humans Rights Watch (HRW), et sa directrice pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord Lama Fakih, d'agir face à ce crime contre les droits humains", a plaidé Mme Méouchi, regrettant le fait que la classe au pouvoir veut éviter la reddition des comptes.

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Présente au sit-in, Mme Fakih a déploré que "les violations de l'enquête se poursuivent, alors que les familles ont le droit de connaître la vérité". Elle a pressé le Conseil des droits de l'homme de l'ONU d'œuvrer pour que justice soit rendue. Mme Monika Borgmann, veuve de l'intellectuel et activiste Lokman Slim, farouche opposant au Hezbollah assassiné il y a deux ans, qui était également présente sur les lieux, a souhaité la création d'un comité d'établissement des faits qui viendrait enquêter au Liban. Même son de cloche du côté de l'avocate Cécile Roukoz, qui a perdu son frère le 4 août 2020. "Nous faisons toujours confiance au pouvoir judiciaire, mais la classe politique continue de semer des embûches. Voilà pourquoi nous nous tournons vers l'étranger", a-t-elle expliqué.

Monika Borgmann, veuve de l'activiste et intellectuel assassiné Lokman Slim, participant au sit-in devant le palais de justice de Beyrouth, le 6 mars 2023. Photo Joao Sousa

Samedi dernier, des proches des victimes et des activistes se sont mobilisés à Paris et à Beyrouth pour commémorer le drame et ont dénoncé les obstructions dans l'enquête.

Des dizaines d'activistes ont lancé un appel à l'ONU pour intervenir dans le cours de la justice, lors d'un sit-in lundi matin devant le palais de justice de Beyrouth, à l'heure où les investigations sur les explosions meurtrières du 4 août 2020 au port de la capitale continuent à stagner en raison de manœuvres politiques et judiciaires.Répondant à un appel du Collectif "Noun", les...

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