Après avoir atteint un nouveau record de dépréciation mardi début d'après-midi, à plus de 74.000 LL contre un dollar, la livre libanaise s'est légèrement redressée dans l'après-midi, se stabilisant autour de 70.000 LL.
Selon la plateforme Lirarate, le dollar s'achetait à 71.000 LL et se vendait à 70.500 LL peu après 15h. L'écart entre ce taux et celui de la plateforme Sayrafa (43.600 LL), conçue par la Banque du Liban (BDL) pour tenter de stabiliser le taux de change, se creuse donc toujours plus et s'élève désormais à plus de 27.000 LL.
Cette dernière chute accélérée de la livre survient alors que les banques libanaises ont annoncé mardi dernier entrer en grève pour protester contre une décision judiciaire émise à l'encontre de la Fransabank. Dans un communiqué publié mardi après-midi, l'Association des banques du Liban (ABL) a démenti des rumeurs faisant état d'une levée de la grève, assurant que celle-ci est maintenue "jusqu'à nouvel ordre".
La Cour de cassation avait statué sur un point technique en faveur des déposants Ayad al-Gharabaoui Ibrahim et de son épouse, Hanane Maroun al-Hajj Ibrahim, dans leur litige avec la Fransabank. L'affaire porte sur quelques dizaines de milliers de dollars mais a été très médiatisée depuis l'hiver dernier. L'ABL a également souligné, dans un courrier adressé à L'Orient-Le Jour, que la grève vise aussi à exiger l'adoption d'une loi pour réglementer le contrôle des capitaux et d'une autre sur la levée du secret bancaire. Ces deux textes sont une condition préalable posée par la communauté internationale et le Fonds monétaire international (FMI) pour débloquer des aides financières indispensables afin de sortir le pays de la crise multiforme dans laquelle il s'enfonce depuis plus de trois ans.
L'effondrement de la monnaie nationale de ces derniers jours intervient également deux semaines après que le taux de change officiel a été fixé à 15.000 LL pour un dollar, après des décennies d'un taux fixé à 1.507,5 LL.
La BDL a réussi à plusieurs reprises au cours des trois dernières années à réduire ou à ralentir le rythme de dépréciation de la livre, mais il semble cette fois que les différentes manœuvres de la banque centrale aient perdu leur impact. Cela indique que les acteurs de l'économie libanaise semblent avoir perdu toute confiance dans la capacité de la classe dirigeante à s'attaquer aux problèmes du pays, avait précédemment déclaré à L'Orient-Le Jour Marwan Barakat, responsable du département de recherches à Bank Audi.
En plus de trois ans de crise économique au Liban, la monnaie nationale a perdu plus de 98 % de sa valeur par rapport à l'ancien taux officiel. Pendant ce temps, sans président ni cabinet pleinement habilité, les autorités libanaises continuent de piétiner dans l'adoption des réformes nécessaires pour mettre fin à l'effondrement économique et financier du pays.
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A l'aube d'une résolution sur le contrôle des capitaux la stratégie des banques est d'accélérer la d'évaluation de la livre, dans le but "d'assainir" leur bilan.
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22 h 21, le 14 février 2023