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Moyen-Orient - Mort de Mahsa Amini

Deux ex-dirigeants iraniens réclament des changements politiques

Amnistie de nombreux condamnés ; arrestation d’une journaliste.

Deux ex-dirigeants iraniens réclament des changements politiques

À Zahedan, une ville dans le Sud iranien, une manifestation a eu lieu le 3 février 2023 pour demander la libération des prisonniers politiques. Photo AFP

Deux anciens dirigeants de la République islamique d’Iran, Mohammad Khatami et Mir Hossein Moussavi, ont réclamé dimanche des réformes politiques pour tenir compte de la contestation déclenchée par la mort de Mahsa Amini.

À l’approche du 44e anniversaire de la révolution islamique de février 1979, l’un des principaux opposants du pays, l’ancien Premier ministre Mir Hossein Moussavi, a appelé à un « changement fondamental » du système politique, qui fait face à une « crise de légitimité ».

« Ce qui est évident aujourd’hui, c’est un mécontentement généralisé », a de son côté estimé le chef de file du mouvement réformateur, l’ancien président Mohammad Khatami, dans un communiqué publié dimanche. Il souhaite que le recours à « des méthodes civiles non violentes » puisse « forcer l’État à changer sa démarche et engager des réformes ».

« L’Iran et les Iraniens ont besoin et sont prêts pour un changement fondamental, dont les grandes lignes sont tracées par le mouvement pur “Femmes, vie, liberté” », souligne pour sa part M. Moussavi dans un communiqué publié sur son site et repris dimanche par les médias locaux. Il fait ainsi référence au principal slogan des manifestations organisées à la suite de la mort suspecte le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée par la police des mœurs qui l’accusait d’avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique.

Pour l’opposant, ce mouvement de contestation est intervenu dans un contexte de « crises interdépendantes » qui sont « économique, environnementale, sociale, de légitimité, culturelle et médiatique ». Mir Hossein Moussavi propose que soit organisé un « référendum libre et juste sur la nécessité ou non de rédiger une nouvelle Constitution », car la « structure » actuelle du système est « insoutenable ».

Candidat malheureux à la présidentielle de 2009, M. Moussavi avait pris la tête de la contestation contre la réélection du président sortant Mahmoud Ahmadinejad, en dénonçant des fraudes massives. Aujourd’hui âgé de 80 ans, l’ancien Premier ministre de 1981 à 1989 est depuis 12 ans en résidence surveillée à Téhéran avec son épouse Zahra Rahnavard, sans avoir été inculpé.

Comme lors de la « révolution du peuple en 1979 », « la population a droit à des révisions fondamentales afin (...) d’ouvrir la voie à la liberté, à la justice, à la démocratie et au développement » de l’Iran, ajoute-t-il dans son communiqué.

De son côté, Mohammad Khatami, 79 ans, déplore qu’« il n’y ait aucun signe de la volonté du pouvoir de se réformer et d’éviter les erreurs ». Président de 1997 à 2005 avant d’être contraint au silence, il regrette que la population soit « désespérée du système en place ».

Fête nationale

Par ailleurs, l’Iran va gracier ou commuer les peines d’emprisonnement d’un nombre important de condamnés, dont certains arrêtés lors des récentes manifestations, à l’occasion d’une fête nationale, selon un communiqué publié dimanche.

Le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, « a accepté de gracier et de réduire la peine d’un nombre important d’accusés en lien avec des incidents récents ou ayant été condamnés » dans d’autres affaires, indique le communiqué publié sur le site de M. Khamenei.

Des milliers de personnes ont été arrêtées pour leur implication présumée dans le mouvement de contestation déclenché par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini.

Le communiqué ne précise pas le nombre des personnes concernées par cette mesure annoncée à l’occasion du 44e anniversaire de la victoire de la révolution islamique en février 1979. « Des dizaines de milliers » de détenus sont susceptibles d’en bénéficier, selon des médias.

L’ayatollah Khamenei accorde régulièrement des grâces collectives lors des grandes fêtes religieuses ou nationales, en accord avec la justice. Sont exclus de l’amnistie les « accusés d’espionnage, de meurtres et de blessures intentionnelles, de destruction et d’incendie contre des installations gouvernementales, militaires et publiques », selon le communiqué.

De son côté, l’Autorité judiciaire a annoncé sur son site Mizan Online que les individus arrêtés en lien avec le mouvement de protestation ne seront relâchés que s’ils signent une « déclaration de remords et un engagement écrit à ne pas répéter un crime intentionnel similaire ».

Par ailleurs, une journaliste a été arrêtée et un autre condamné à une peine de prison, a annoncé un média local.

La chef du service société du quotidien Ham Mihan, Elnaz Mohammadi, « a été arrêtée dimanche à Téhéran après sa convocation », a indiqué le journal réformateur Shargh sur son site, sans plus de précision. Mme Mohammadi est la sœur de la journaliste de Ham Mihan Elaheh, détenue depuis septembre dans la prison d’Evin à Téhéran. L’Autorité judiciaire a inculpé Elaheh Mohammadi en novembre de « propagande contre le système » et « complot contre la sécurité nationale » pour avoir couvert l’affaire Mahsa Amini.

La justice a en outre condamné à un an de prison le journaliste Hossein Yazdi, incarcéré depuis le 5 décembre à Ispahan (centre), a indiqué Shargh. M. Yazdi était le directeur du site d’actualité politique Mobin 24 basé dans cette ville.

L’Association des journalistes de Téhéran a indiqué début janvier que plus de 30 journalistes iraniens étaient toujours incarcérés en lien avec les manifestations.

Fin octobre, plus de 300 journalistes et photojournalistes iraniens avaient critiqué dans une lettre ouverte les autorités pour avoir « arrêté (leurs) confrères et pour les avoir privés de leurs droits », notamment l’« accès à leurs avocats ».

Source : AFP

Deux anciens dirigeants de la République islamique d’Iran, Mohammad Khatami et Mir Hossein Moussavi, ont réclamé dimanche des réformes politiques pour tenir compte de la contestation déclenchée par la mort de Mahsa Amini.À l’approche du 44e anniversaire de la révolution islamique de février 1979, l’un des principaux opposants du pays, l’ancien Premier ministre Mir Hossein...

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