Rechercher
Rechercher

Société - Enquête sur le port de Beyrouth

Rassemblement à Paris en soutien au juge Bitar et aux familles des victimes

"C'est officiellement la fin de l'état de droit au Liban", déplore Paul Naggear, qui a perdu sa fille Alexandra dans l'explosion, et qui était de passage à Paris.

Rassemblement à Paris en soutien au juge Bitar et aux familles des victimes

Une manifestante tient une pancarte lors d'un rassemblement en soutien aux familles des victimes de l'explosion au port de Beyrouth, le 29 janvier 2023 à Paris. Photo Lucile Wassermann

Quelques dizaines de manifestants se sont rassemblés dimanche après-midi à Paris, place Victor Hugo, afin d'exprimer leur soutien au juge Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur les explosions meurtrières du 4 août 2020 au port de Beyrouth, ainsi qu'aux familles des plus de 220 victimes du drame qui a secoué le Liban.

Ce rassemblement s'est tenu à l'initiative de plusieurs collectifs et groupes, notamment le réseau Mada, ou encore le collectif Li Hakki, Meghterbine Mejtemiine, ou encore le Bloc national.

Quelques dizaines de personnes lors d'un rassemblement en soutien aux familles des victimes de l'explosion au port de Beyrouth, le 29 janvier 2023 à Paris. Photo Lucile Wassermann

Ce sit-in intervient après que le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, réputé proche de plusieurs partis politiques, a engagé mercredi des poursuites à l'encontre du magistrat, et décidé de libérer tous les suspects détenus dans l'enquête. Les décisions du procureur Oueidate ont été considérées par de nombreux observateurs comme un acte politique visant à bloquer cette enquête afin de protéger la classe politique au pouvoir, accusée par une frange de la population de n'avoir rien fait pour éviter l'explosion de centaines de tonnes de nitrate ammonium qui étaient stockées depuis des années sans mesures de sécurité au port.

La fin de l'état de droit

La tristesse était palpable durant cette manifestation à laquelle ont assisté des représentants de divers partis politiques libanais, notamment du Bloc national et des Kataëb (dont le député Salim Sayegh était sur place). Mais les manifestants insistaient sur le caractère apolitique du rassemblement.

"C'est officiellement la fin de l'état de droit au Liban", a déploré Paul Naggear, qui a perdu sa fille Alexandra dans l'explosion et qui était de passage à Paris. "On s'accrochait à l'enquête et on veut nous enlever cela aujourd'hui", a-t-il regretté, lors d'une prise de parole durant le rassemblement. "On est là pour se battre, pour montrer que nous sommes unis. Il ne faut pas perdre espoir", a-t-il lancé.

Paul Naggear, le père de la petite Alexandra tuée par l'explosion au port de Beyrouth, prenant la parole le 29 janvier 2023 lors d'un rassemblement à Paris. Photo Lucile Wassermann

"On doit libérer le Liban des mafias qui dirigent le pays pour obtenir la Justice", affirme pour sa part Élie, 47 ans, qui vit en France depuis 2019. "Cela fait trois ans et il n'y a toujours aucun coupable. Le Liban continue de fonctionner comme si rien n'était, alors que des centaines de familles sont déchirées. Ça fait mal. Je n'ai pas les mots, personne n'a les mots."

"Pas d'impunité pour les criminels", peut-on lire sur une pancarte brandie par une personne, lors d'un rassemblement en soutien aux familles des victimes de l'explosion au port de Beyrouth, le 29 janvier 2023 à Paris. Photo Lucile Wassermann

"On demande l'État de droit, juste l'État de droit", dit un autre manifestant, Samir Hneiné. "Tout citoyen devrait pouvoir être protégé par la justice. Les derniers développements nous redonnent espoir car on pensait que c'était fini, que l'enquête était au point mort, mais on a de nouveau espoir pour que ça bouge aujourd'hui. Le juge Bitar doit continuer. Il montre au grand jour à quel point ces partis s'ingèrent dans la justice", ajoute-t-il.

Lire aussi

La soumission ou la guerre

Aline, la cinquantaine, vit depuis 30 ans en France. "Je me sens un peu impuissante et triste quand je vois si peu de personnes se rassembler. Mais il faut que ça continue. Et il faut que le juge Bitar poursuive son travail. Il nous donne espoir", lance-t-elle.

Le soutien de Raï

Dans son homélie dominicale, le chef de l'Église maronite Béchara Raï a exprimé l'espoir que Tarek Bitar "poursuivra son travail pour clarifier la vérité, publier un acte d'accusation et demander l'aide de toute référence internationale qui peut aider à révéler cette vérité" sur le drame.

A Beyrouth, la colère des familles de victimes avait éclaté jeudi devant le Palais de justice. Des heurts avaient eu lieu entre des proches de victimes et les forces de l'ordre, qui ont fait usage de matraques et de gaz lacrymogènes. Des manifestants ont également réclamé samedi devant le Palais de justice le limogeage de Ghassan Oueidate.

Lire aussi

Le sort de Tarek Bitar toujours en jeu

Au début du mois, le département de la Sécurité de l'État avait brièvement détenu William Noun, porte-parole de l'un des groupes représentant les familles des victimes de l'explosion au port de Beyrouth, à la suite d'une protestation contre la longue suspension de l'enquête. La manifestation avait dégénéré en une confrontation avec les forces de sécurité, au cours de laquelle les manifestants ont jeté des pierres et d'autres objets sur le bâtiment du Palais de justice de Beyrouth, brisant des vitres. Plusieurs autres parents de victimes ont été emmenés pour interrogatoire, suscitant l'indignation d'une partie de la population.

Quelques dizaines de manifestants se sont rassemblés dimanche après-midi à Paris, place Victor Hugo, afin d'exprimer leur soutien au juge Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur les explosions meurtrières du 4 août 2020 au port de Beyrouth, ainsi qu'aux familles des plus de 220 victimes du drame qui a secoué le Liban.Ce rassemblement s'est tenu à l'initiative de plusieurs collectifs et...

commentaires (1)

Certains pourraient penser que ces propos sont dénués de sens et sans fondement, mais le juge Bitar devrait se prémunir des risques qu’il encourt en protégeant, par le biais d’une entente avec un pays étranger, l’intégralité de son enquête sous scellé et à diffuser si par malheur …

C…

20 h 39, le 29 janvier 2023

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Certains pourraient penser que ces propos sont dénués de sens et sans fondement, mais le juge Bitar devrait se prémunir des risques qu’il encourt en protégeant, par le biais d’une entente avec un pays étranger, l’intégralité de son enquête sous scellé et à diffuser si par malheur …

    C…

    20 h 39, le 29 janvier 2023

Retour en haut