Manifestation de déposants devant la BDL contre les circulaires "injustes"

Des déposants ont organisé un sit-in mercredi à l'appel du collectif "Le Cri des déposants" devant le siège de la Banque du Liban (BDL) à Beyrouth, exprimant leur rejet des récentes circulaires qu'ils jugent "injustes".

Sur place, l'avocat Pierre Gemayel a déclaré à notre journaliste sur place Mohammad Yassine que les manifestants "ne protestent pas seulement contre les circulaires mais contre l'absence d'action des autorités qui n'ont même pas présenté de plan de redressement trois ans après le début de la crise".

M. Gemayel a ajouté que si le pouvoir judiciaire "avait mis le pied à l'étrier il y a 20 ans et pris des mesures" contre le "vol de l'argent du peuple, le pays ne serait pas dans la situation dans laquelle il se trouve actuellement." Vendredi dernier, la BDL a officialisé une augmentation du taux de conversion des "dollars bancaires", ou "lollars", fixé à 15.000 LL.

Parmi les circulaires critiquées lors de la manifestation figure la n° 151, qui permet aux déposants souffrant d'un accès restreint à leurs comptes en devises étrangères de retirer chaque mois de petites sommes - déterminées par les banques - en livres libanaises à un taux que la BDL avait précédemment fixé à 8.000 LL pour un dollar.

La circulaire n° 158, quant à elle, autorise les retraits mensuels de 400 dollars en espèces à partir des mêmes comptes soumis à des restrictions. Elle permet également de retirer une somme équivalente en livres, cette fois convertie à un taux de 12.000 LL pour un dollar.

La protestation devant la BDL intervient alors que les stations-service du Liban ont fermé leurs portes mercredi matin et que de longues files d'attente se sont formées devant certaines stations restées ouvertes, tandis que la livre poursuit sa chute libre face au dollar, s'échangeant autour de 56.000 LL sur le marché parallèle.

Plusieurs routes ont également été bloquées à travers le territoire mercredi matin par des manifestants en colère contre la dépréciation galopante. La dégringolade de la livre a également entraîné une hausse des prix des médicaments et de la nourriture.

En plus de trois ans de crise économique au Liban, la monnaie nationale a perdu plus de 97 % de sa valeur. Pendant ce temps, les autorités libanaises piétinent toujours dans l'adoption de réformes nécessaires pour mettre fin à l'effondrement économique et financier du pays.