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Bref sit-in des importateurs de voitures d'occasion contre le dollar douanier au port de Beyrouth


Bref sit-in des importateurs de voitures d'occasion contre le dollar douanier au port de Beyrouth

Sit-in des membres du syndicat du secteur des véhicules d'occasion devant le port de Beyrouth, le 17 janvier 2023. Photo Matthieu Karam

Des dizaines de syndicalistes du secteur des véhicules d'occasion ont organisé un sit-in mardi matin devant le port de Beyrouth, provoquant une circulation intense et une présence relativement importante de policiers anti-émeutes et de soldats de l'armée, rapporte notre journaliste sur place Matthieu Karam.

Ce secteur réclame un ajustement des droits de douane applicables aux voitures d'occasion, qui sont calculés depuis décembre sur la base d'un taux de change de 15.000 livres libanaises pour un dollar, au lieu du taux officiel de 1.507,5 LL. Les manifestants ont demandé que le gouvernement calcule les droits de douane sur la base de 8.000 LL pour un dollar - le taux dit "lollar", c'est-à-dire celui auquel les banques paient les chèques en dollars - au lieu de 15.000 LL.

S'adressant à la foule, un manifestant a affirmé que les syndicats "ont reçu la promesse du gouvernement que leur problème serait discuté mercredi lors de la réunion du cabinet", sans révéler qui leur a fait cette promesse. L'ordre du jour du Conseil des ministres, transmis lundi par le Grand Sérail, ne mentionne pas les revendications du secteur des véhicules d'occasion.

La substitution du taux de change utilisé pour le calcul des droits de douane en livres libanaises à partir des prix en dollars des produits passant la frontière est désignée par les autorités sous l’expression de "dollar douanier". Elle a été imposée par le ministère des Finances suite à l’entrée en vigueur du budget 2022 le 15 novembre, avec pour effet de décupler les montants de droits de douane afin de compenser une partie des conséquences de la dépréciation de la livre (un peu plus de 42.500 livres pour un dollar lundi) sur les recettes fiscales de l’État. Le budget 2022 impose également un droit supplémentaire de 3 % du prix hors taxe sur tous les produits soumis à la TVA (à 11 %), dont font justement partie les véhicules individuels d’occasion.

Des membres du syndicat du secteur des véhicules d'occasion organisent un sit-in devant le port de Beyrouth, le 17 janvier 2023. Photo Matthieu Karam

L'importateur local de voitures Georges Zeaiter a déclaré à L'Orient-Le Jour que son secteur avait de multiples revendications. "Notre secteur est en train d'étouffer à tous les niveaux", a-t-il dit. "La question des droits de douane est illégale et injuste. Ils ont augmenté les tarifs douaniers à 15.000 LL sans ajuster les [autres] modalités en conséquence, parce que le gouvernement ne se réunit pas", alors que sa réunion est nécessaire pour ce genre de décision. "Il s'agit essentiellement de mettre à jour les seuils existants", avait affirmé le le président du syndicat des importateurs de voitures d’occasion, Élie Azzi, à L'Orient-Le Jour en décembre.

La controverse sur la capacité du cabinet sortant à se réunir pendant le vide présidentiel depuis la fin du mandat de Michel Aoun le 31 octobre dernier a bloqué le travail gouvernemental , ainsi que l'approbation du financement de plusieurs services publics et le versement des salaires.

Des membres du syndicat du secteur des véhicules d'occasion organisent un sit-in devant le port de Beyrouth, le 17 janvier 2023. Photo Matthieu Karam

"Nous ne pouvons tolérer plus longtemps leurs erreurs et leurs échecs en tant qu'État", a affirmé M. Zeaiter. "Nous demandons qu'ils ramènent le tarif douanier à 8.000 LL ou qu'ils en modifient les modalités, nous ne sommes pas contre son augmentation mais qu'ils le fassent selon la logique et la loi."

M. Zeaiter a ajouté que deux représentants du syndicat du secteur des véhicules d'occasion discutent de la question avec les ministères concernés, mais que si leurs demandes ne sont pas satisfaites "il y aura une escalade" à laquelle se joindront d'autres forces actives qui "sont solidaires avec nous". 

Plus tôt au cours de la manifestation, certains manifestants ont tenté de bloquer l'autoroute adjacente au port de Beyrouth, entraînant des échauffourées avec des militaires qui ont eu recours à la violence, frappant les manifestants "sur la tête" avec des matraques pour les empêcher de bloquer la voie, selon M. Zeaiter. "Nous sommes pacifiques, nous sommes venus ici sans pierres ou quoi que ce soit pour réclamer nos droits et les droits de tous les Libanais, car environ 20 à 30 secteurs dépendent du nôtre. Si nous ne travaillons pas, ils ne travaillent pas non plus."

Des dizaines de syndicalistes du secteur des véhicules d'occasion ont organisé un sit-in mardi matin devant le port de Beyrouth, provoquant une circulation intense et une présence relativement importante de policiers anti-émeutes et de soldats de l'armée, rapporte notre journaliste sur place Matthieu Karam.Ce secteur réclame un ajustement des droits de douane applicables aux voitures...