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Lifestyle - Mode

Oh Yayoï ! Louis Vuitton commence 2023 dans les bras de Kusama

Oh Yayoï ! Louis Vuitton commence 2023 dans les bras de Kusama

Au 101, avenue des Champs-Élysées à Paris, Kusama en format géant décore le bâtiment emblématique de la marque. Photo DR

Après New York et Tokyo, direction le 101, avenue des Champs-Élysées à Paris. Du toit du navire amiral de Louis Vuitton, une statue géante, tête casquée de cheveux rouges, se penche, l’air soucieux, sur la façade qu’elle semble consteller des pastilles multicolores. À l’intérieur des vitrines, elles aussi grêlées de pois, devant lesquelles s’agglutine la foule habituelle des chasseurs et chasseresses de sacs en édition limitée, le même personnage, en version automate, tend son pinceau vers les visiteurs.

Louis Vuitton X Yayoï Kusama, une créativité sans limites. Photo Louis Vuitton

On l’aura compris, pois et cheveux rouges : Yayoï Kusama, artiste japonaise et figure hors normes de l’art moderne et contemporain. Sa première collaboration avec Louis Vuitton, la marque phare du groupe LVMH, date de 2006 sur une capsule personnalisée du sac Ellipse. À nouveau, dans la foulée des projets qu’il a initiés avec de grands artistes contemporains dont, notamment, Richard Prince et Takashi Murakami, Marc Jacobs, directeur artistique de la maison, décide de faire de 2012 la grande année Yayoï Kusama. Parallèlement au lancement de la collection Louis Vuitton, entre accessoires et prêt-à-porter, sur laquelle se détache notamment la silhouette de l’iconique citrouille à pois de l’artiste, une rétrospective est donnée au Centre Pompidou.

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C’est sans doute une des premières rencontres, même à échelle modeste, du grand public parisien avec les œuvres et installations de l’artiste qui vit depuis 1977 dans un hôpital psychiatrique à Tokyo, internée volontaire en raison d’hallucinations qui la poursuivent depuis l’âge de 10 ans. Les clous de cette exposition étaient notamment deux installations, l’une avec un labyrinthe de miroirs reflétant une pièce meublée de boudins blancs à pois rouges, et une autre où des centaines de petites lumières se reflètent dans l’obscurité sur un sol miroitant. Effets cosmiques et perte de repères font partie des recherches de l’artiste.

Image de la campagne Louis Vuitton X Yayoï Kusama. Photo Louis Vuitton

Née en 1929, Yayoï Kusama reste hantée par ce moment de son enfance où, lors d’un dîner autour de la table familiale, elle voit les petites fleurs rouges de la nappe envahir tout l’espace qui l’entoure. « Toute la pièce, tout mon corps, tout l’univers en étaient pleins », se souvient celle qui n’aura de cesse de traquer en elle le moindre signe de dérèglement, anticipant sa riposte à ces attaques en peignant ses obsessions pour mieux les tenir à distance. Car au-delà de cette vision, elle est tout autant hantée par son propre anéantissement que par la peur de disparaître. Ces pois sont autant de poinçons dans la chair du réel. Dans le dessin réside son salut, et son talent se révèle précoce. Plus tard, elle qualifiera son art de « psychosomatique ». Le pays pauvre, engoncé dans ses traditions, qu’est le Japon du milieu du XXe siècle l’étouffe. Elle veut partir le plus loin possible, loin surtout de sa famille toxique, de sa mère qui se venge sur elle des infidélités de son père et multiplie les obstacles devant ses ambitions. Elle hésite entre Paris et New York. Ce sera New York, mais d’abord Seattle. C’est là que Georgia O’Keeffe, à qui elle a adressé une lettre, l’aide à s’installer en 1957. Le rêve new-yorkais commence l’année suivante en forme de cauchemar, dans une pauvreté noire.

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Sans le vouloir ou même le théoriser, son art du pois, de la pastille et de la sphère, des miroirs, des boudins phalliques, des ballons rouges, de la nudité, de la performance et du body painting se déverse dans le grand fleuve du pop art. Elle reste obsédée par le vêtement en tant qu’outil de communication et d’expression de soi et ouvre même, en 1969, un magasin d’habits sur la VIe avenue. En 1966, sans y être invitée, mais avec la complicité de Lucio Fontana, elle participe à la Biennale de Venise en envoyant flotter dans les canaux de la lagune 1 500 sphères réfléchissantes. Mais c’est l’épuisement mental qui a le dernier mot. En 1973, elle revient à Tokyo et se fait interner cinq ans plus tard à l’hôpital psychiatrique Seiwa où elle demeure depuis lors, dirigeant son atelier, de l’autre côté de la rue, depuis sa chambre.

Sac de la collection d’accessoires Louis Vuitton X Yayoï Kusama. Photo Louis Vuitton

Sous la direction artistique de Nicolas Ghesquières pour les collections femme et de Darren Spaziani pour l’accessoire, la ligne homme n’ayant toujours pas trouvé son créatif depuis le décès de Virgil Abloh en novembre 2021, Louis Vuitton réitère donc sa collaboration avec la Japonaise de… 94 ans. « Ravivant le dialogue créatif initié lors d’une première collaboration, Louis Vuitton retrouve l’artiste japonaise de renommée mondiale Yayoï Kusama pour une nouvelle collection – des silhouettes audacieuses portées par les plus grands mannequins dans une campagne haute en couleur », précise la maison dans son communiqué qui ajoute : « Conjuguant la créativité de Yayoï Kusama et le savoir-faire Louis Vuitton, la nouvelle collection revisite des créations iconiques de la Maison aux couleurs de l’artiste. Des motifs signatures, à l’instar des painted dots, metal dots, infinity dots et psychedelic flowers, qui se distillent dans l’univers Louis Vuitton. Une ode à l’art, l’audace et l’artisanat. » Louis Vuitton précise par ailleurs : « Pour cette collection, une technique de sérigraphie innovante a permis de reproduire les coups de pinceau de l’artiste avec un effet en 3D très réaliste. Les demi-sphères métalliques inspirées d’une installation de Yayoï Kusama ont, quant à elles, été appliquées une à une à la main pour une dimension ultravisuelle. »

Le site officiel de Louis Vuitton offre aussi des filtres pour Instagram et Snapchat avec une animation de taches de couleur. La collection peut aussi être découverte à travers une série de minijeux vidéo sur le lien suivant :

https://fr.louisvuitton.com/fra-fr/histoires/lvxyayoikusama

Après New York et Tokyo, direction le 101, avenue des Champs-Élysées à Paris. Du toit du navire amiral de Louis Vuitton, une statue géante, tête casquée de cheveux rouges, se penche, l’air soucieux, sur la façade qu’elle semble consteller des pastilles multicolores. À l’intérieur des vitrines, elles aussi grêlées de pois, devant lesquelles s’agglutine la foule habituelle des...

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