Des dizaines de proches de victimes de la double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth se sont rassemblées mardi en fin de matinée devant le palais de justice de la capitale libanaise, pour réclamer l'avancée de l'enquête sur ce dossier qui piétine en raison d'ingérences politiques.
"Ce à quoi nous assistons est un second crime", a déclaré la députée contestataire Halimé Kaakour à notre journaliste présent sur place, Mohammad Yassine. "Ce second crime, c'est l'arrêt de l'enquête, avec des motivations politiques claires", a-t-elle poursuivi, dénonçant le fait que le ministre sortant des Finances Youssef Khalil ne signe pas les nominations judiciaires bloquées depuis plusieurs mois et nécessaires à l'avancée de l'enquête.
Pour sa part, le député issu de la contestation populaire Michel Douaihy a affirmé qu'"un pays sans justice ne peut pas être construit. Un pays sans séparation des pouvoirs, avec des ingérences politiques dans la justice, ne peut être construit", a-t-il poursuivi, assurant qu'il continuera à se mobiliser jusqu'à ce que l'enquête arrive à terme.
Selon des images de notre journaliste sur place, des échauffourées ont éclaté entre des manifestants et des policiers déployés à l'entrée principale du Palais de justice.
L'Agence nationale d'information (Ani, officielle) indique que ce rassemblement était organisé sous l'appellation "Arrêter l'enquête est aussi un crime", et que les manifestants réclament que des magistrats de la Cour de cassation au Liban, "authentiques et compétents", poursuivent l'enquête sur cette effroyable déflagration qui a tué plus de 220 personnes et blessé 6.500 autres.
Un juge d’instruction français est attendu au Liban avec pour mission de s’enquérir de l'affaire, sur laquelle le juge d’instruction près la Cour de justice Tarek Bitar doit se pencher. Mais le magistrat n’a plus la mainmise sur le dossier à cause de nombreux recours en dessaisissement portés contre lui par des responsables mis en cause dans l'enquête.
Les proches des victimes du 4 Août protestent régulièrement contre l'absence d'avancée de l'enquête et sur l'obstruction opérée par des responsables politiques de tous bords.
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