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Sport - Équipe de France

Sans surprise, Deschamps rempile pour quatre ans

Après une décennie à la tête des Bleus, le sélectionneur a été reconduit samedi dans ses fonctions jusqu’en juillet 2026 après des négociations plus longues que les précédentes, mais dont l’issue n’est guère surprenante.

Sans surprise, Deschamps rempile pour quatre ans

Didier Deschamps pendant la conférence de presse tenue samedi à Paris au siège de la Fédération française de football pour annoncer la liste des joueurs sélectionnés pour participer au Mondial 2022. Franck Fife/AFP

Les deux parties souhaitaient prolonger leur aventure commune : « Ainsi soit-il. » Malgré quelques semaines de tergiversations, du moins de façade, Didier Deschamps a de nouveau obtenu gain de cause comme prévu. Quatre ans de plus, le patron des Bleus n’en voulait pas moins, et c’est ici que la bât blesse.

Entendons-nous bien, donner une nouvelle chance à un entraîneur de remporter le seul trophée maquant à son palmarès à la tête des Bleus, qu’il a emmenés à trois reprises en finale lors des cinq grandes compétitions disputées à leur tête, est tout à fait légitime. Dans le sport, les vainqueurs ne sont pas les seuls à mériter louanges et récompenses, surtout après un tel parcours passé à quelques centimètres de se conclure par un second sacre planétaire consécutif.

Mais si Deschamps peut se targuer d’avoir l’un des meilleurs bilans comptables de l’histoire du football de sélection, cela justifie-t-il de fermer la porte à tout autre alternative ? En rempilant de la sorte pour quatre années de rab, après une dizaine déjà passées aux commandes, Deschamps donne surtout l’impression d’avoir entre-temps décroché une sorte de totem d’immunité, et que ses titres et ses nombreuses victoires en 139 matchs passés sur le banc l’ont rendu tout-puissant.

Un « bras de fer » réglé d’avance

Comme le veut désormais la tradition, le sélectionneur s’est rendu dans la résidence guingampaise de « son » président après les fêtes de fin d’année pour « discuter tranquillement » de son avenir, d’après l’expression choisie par Noël Le Graët dans une interview donnée quelques semaines auparavant au journal L’Équipe.

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Et le football fut...

Largement favorable à une prolongation de celui qu’il avait nommé en juillet 2012 pour prendre la succession de Laurent Blanc, alors que les ruines du fiasco de Knysna au Mondial 2010 étaient encore fumantes, le patron de la « 3F » avait toutefois une dernière réticence : celle de ne pas prendre d’engagement allant au-delà de son propre mandat qui expirera en décembre 2024.

Mais ce qui nous était présenté comme un point d’achoppement, au cœur d’un « bras de fer » évoqué ici et là entre les deux hommes, n’a pas mis longtemps à être tranché. Tout heureux d’être pourvu d’un nouveau bail de trois ans et demi censé l’emmener jusqu’à la Coupe du monde 2026, qu’organiseront conjointement les États-Unis, le Canada et le Mexique, l’entraîneur de 54 ans a présenté ce samedi la bonne nouvelle à la tribune de l’Assemblée générale de la fédération.

« Je vais vous annoncer quelque chose qui est pour moi un immense plaisir, à savoir que mon président a décidé de me prolonger jusqu’en 2026. Je le remercie pour son soutien permanent et sa confiance maintenue », a-t-il déclaré, avant de conclure : « Vous pouvez compter sur moi pour maintenir l’équipe de France au plus haut niveau international », sous les applaudissements de son auditoire.

Par la même occasion, le sélectionneur adjoint Guy Stéphan, l’entraîneur des gardiens Franck Raviot et le préparateur physique Cyril Moine poursuivent également leur mission à ses côtés.

On se demande bien à quoi ont servi ces deux semaines de faux suspense. L’ombre de Zinédine Zidane, resté sciemment disponible pour reprendre le flambeau dans la foulée du Mondial après avoir repoussé une pléthore d’offres alléchantes (dont celle du Paris SG), n’aura finalement pas pesé bien lourd dans la balance.

Encore moins dans l’esprit du président de la FFF (dont on doute parfois de la vivacité tant son visage semble affaibli par la maladie et ses 82 ans) qui n’a finalement pas hésité à revenir sur le principe qu’il s’était lui-même fixé et qui aurait imposé que la clause de revoyure ne s’étende pas au-delà de l’Euro 2024.

Le train Zidane repassera-t-il ?

Encore une fois, plus que le fond, c’est la forme qui interroge. Y compris dans cette façon de balayer d’un revers de la main tout débat sur la qualité du jeu proposé par ceux qu’il faut désormais appeler les vice-champions du monde, bien que ce ne soit pas la donnée principale de l’équation.

Séduisants en phase de poules, sérieux contre la Pologne, ils ont ensuite perdu la maîtrise des événements contre l’Angleterre en quarts, subi l’élan marocain en demi-finales et traversé la finale tels des âmes en peine pendant les 80 premières minutes, avant de (presque) renverser la table de façon miraculeuse.

Mais il serait toutefois malhonnête d’exiger d’une sélection nationale qu’elle domine de A à Z tous ses adversaires, surtout lorsque la route s’élève. Quelle équipe peut se targuer d’avoir développé un football léché sur l’ensemble du tournoi? Depuis l’Espagne du virage des années 2010 (dont on oublie souvent certains aspects ennuyeux), très peu de sélections sont parvenues à s’imposer dans la durée grâce à une identité de jeu digne de ce nom.

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Des regrets puis des promesses

Celles et ceux qui s’attendent à voir du jeu de possession à la Pep Guardiola lors d’une phase finale de Coupe du monde sont bloqués dans le monde des idées ; là n’est pas le cœur du problème. L’équipe de France serait-elle plus séduisante avec Zidane à ses rênes ? Rien ne le garantit. Son Real Madrid, avec lequel il a soulevé la Ligue des champions trois saisons de rang, ne se distinguait pas tant pour son « football champagne ».

Mais qui peut douter de sa capacité à mener les Bleus vers de nouveaux succès, comme il l’a tant de fois fait sur le terrain ? L’ancien numéro 10 ne va pas rester éternellement les bras croisés à attendre que le train repasse. Après l’avoir une nouvelle fois vu passer sous son nez, il devrait sans doute retrouver un banc, en club ou (qui sait ?) en sélection.

Après avoir remis tous ces éléments en perspective, la même question demeure : est-il normal que le sort d’une sélection nationale, qui par définition appartient à tout un pays, soit systématiquement réglé entre la poire et le fromage à la fin d’un déjeuner entre les deux mêmes protagonistes depuis plus d’une décennie ? N’est-il pas tout aussi légitime de réclamer de nouvelles têtes (sans pour autant en couper) ?

Ce qui heurte et empêche sûrement d’évaluer le travail accompli par Deschamps et son staff au Qatar à sa juste valeur, c’est bel et bien cette impression que tout était déjà cousu de fil blanc – ou bleu pour le coup.

Les deux parties souhaitaient prolonger leur aventure commune : « Ainsi soit-il. » Malgré quelques semaines de tergiversations, du moins de façade, Didier Deschamps a de nouveau obtenu gain de cause comme prévu. Quatre ans de plus, le patron des Bleus n’en voulait pas moins, et c’est ici que la bât blesse.Entendons-nous bien, donner une nouvelle chance à un entraîneur...

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