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Moyen-Orient - ISRAËL

Netanyahu prête serment, son nouveau gouvernement investi

Après une pause dans l’opposition, le nouveau Premier ministre a renoué hier avec le pouvoir en formant le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël, qui suscite déjà de vives inquiétudes.

Netanyahu prête serment, son nouveau gouvernement investi

Le Premier ministre israélien sourit alors que le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël est investi par la Knesset, le 29 décembre 2022. Amir Cohen/Reuters

Vainqueur des législatives du 1er novembre, M. Netanyahu avait présenté dans la matinée son équipe ministérielle aux députés, avant la tenue dans l’après-midi d’un vote de confiance remporté par une majorité de 63 élus sur les 120 du Parlement puis sa prestation de serment. Le chef de gouvernement a notamment annoncé la nomination de l’ex-ministre du Renseignement Eli Cohen à la tête des Affaires étrangères. Celui-ci avait notamment contribué à la normalisation des rapports des pays arabes avec l’État hébreu. La veille, M. Netanyahu avait déjà indiqué que Yoav Gallant, un ancien haut gradé jugé proche du mouvement procolonisation en Cisjordanie occupée, allait obtenir la Défense.

« La mission du gouvernement sera de contrecarrer les efforts de l’Iran pour se doter d’un arsenal nucléaire », « d’assurer la supériorité militaire d’Israël dans la région », tout en « élargissant le cercle de la paix » avec les pays arabes, a déclaré celui qui a retrouvé son poste de Premier ministre. Inculpé pour corruption dans plusieurs affaires, le chef du Likoud (droite) avait été chassé du pouvoir en juin 2021 par une coalition hétéroclite avant de promettre un retour aux affaires en s’alliant avec des partis ultraorthodoxes et d’extrême droite. Sa coalition comprend notamment les formations Sionisme religieux de Betsalel Smotrich et Force juive d’Itamar Ben Gvir, connus pour leurs propos antipalestiniens et leurs positions favorables à l’annexion d’une partie de la Cisjordanie, ainsi que de Noam d’Avi Maoz, ouvertement anti-LGBTQ.

Vives inquiétudes

En dépit de la présence de ce dernier parti dans le gouvernement, les députés ont élu Amir Ohana comme président du Parlement, une première pour un député ouvertement homosexuel dans ce pays. Pour Amir Sasson, un commercial de 51 ans habitant dans le centre d’Israël, « il faut laisser au nouveau gouvernement une chance de faire ses preuves ». Des centaines de personnes, dont plusieurs arborant le drapeau arc-en-ciel ou faisant état de sympathies à l’égard des Palestiniens, manifestaient cependant hier devant le Parlement contre le nouveau gouvernement. « Il s’agit du gouvernement le plus sombre, le plus raciste, le plus mauvais que nous n’avions jamais pu imaginer », a déclaré Niv, un manifestant sur place.

L’ambassadrice d’Israël en France, Yael German, a ainsi présenté sa démission hier, protestant contre le positionnement du nouveau gouvernement. « Votre politique, les déclarations des ministres de votre gouvernement et les intentions de législation sont contraires à ma conscience, à ma vision du monde et aux principes de la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël », indique l’ambassadrice dans sa lettre de démission qu’elle a postée sur Twitter. « Dans ces conditions, je ne peux pas me mentir à moi-même et continuer de représenter une politique différente de manière tellement radicale de tout ce en quoi je crois et c’est pour cela que je vous présente ma démission de mon poste d’ambassadrice d’Israël en France. »

Dans ce nouveau gouvernement, MM. Smotrich et Ben Gvir sont respectivement en charge des colonies en Cisjordanie et de la police israélienne, dont des unités opèrent aussi dans ce territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël. La procureure générale, Gali Baharav-Miara, a récemment dit craindre des réformes réduisant le pouvoir des juges et d’une « politisation des forces de l’ordre » qui « porterait un coup sérieux aux principes les plus fondamentaux de l’État de droit ». Le chef d’état-major de l’armée Aviv Kochavi s’est lui aussi dit inquiet de la création d’un second poste de ministre, celui de M. Smotrich, au sein même de la Défense pour superviser la gestion civile de la Cisjordanie. Pour de nombreux analystes, M. Netanyahu a multiplié les concessions à ses partenaires dans l’espoir d’obtenir une immunité judiciaire ou l’annulation de son procès pour corruption.

Risque de tensions accrues

« Ce gouvernement est la combinaison de la faiblesse politique de Netanyahu, compte tenu de son âge et de son procès, et du fait qu’on a une nouvelle famille politique, liée à la droite révolutionnaire, que l’on n’avait jamais vue avec cette force en Israël », explique Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l’Open University d’Israël. Souhaitant avant tout renforcer la colonisation en Cisjordanie, territoire palestinien où vivent déjà plus de 475 000 colons juifs, MM. Smotrich et Ben Gvir « ont une très forte soif de pouvoir », ajoute le politologue.

Dans la foulée de la crise de mai 2021 et des violences récentes en Cisjordanie, les plus graves depuis la fin de la seconde intifada (2000 à 2005), la crainte d’une escalade militaire avec les Palestiniens est bien présente. « Il y a de nombreuses lignes rouges : al-Aqsa, l’annexion (de la Cisjordanie), le statut des prisonniers palestiniens (en Israël)... Si Ben Gvir, à titre de ministre, se rend à al-Aqsa, ce sera une grande ligne rouge de franchie et cela mènera à une explosion », confie Bassem Naim, haut responsable politique du Hamas.

Le député s’est déjà rendu ces derniers mois sur l’esplanade des Mosquées (Mont du Temple pour les juifs), lieu saint au cœur des tensions israélo-palestiniennes à Jérusalem-Est. En vertu d’un statu quo historique, les non-musulmans peuvent s’y rendre mais pas y prier, mais la visite d’un ministre israélien en fonction sur ce site serait perçue comme de la provocation parmi les Palestiniens. « Si le gouvernement agit de manière irresponsable, cela pourrait provoquer une crise sur le plan de la sécurité », s’est inquiété le ministre sortant de la Défense, Benny Gantz.

Guillaume LAVALLÉE/AFP

Vainqueur des législatives du 1er novembre, M. Netanyahu avait présenté dans la matinée son équipe ministérielle aux députés, avant la tenue dans l’après-midi d’un vote de confiance remporté par une majorité de 63 élus sur les 120 du Parlement puis sa prestation de serment. Le chef de gouvernement a notamment annoncé la nomination de l’ex-ministre du Renseignement...

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