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Économie - Monnaie

Opérations au taux de Sayrafa : de plus en plus de banques se sont mises à la page

Les banques qui ont commencé à enregistrer les demandes de conversion au taux de Sayrafa hier n’ont fait que collecter les fonds en livres libanaises et ne donneront les dollars demandés que la semaine prochaine, mardi ou mercredi.

Opérations au taux de Sayrafa : de plus en plus de banques se sont mises à la page

La foule était nombreuse hier dans cette agence d’AM Bank, à Adlieh (Beyrouth). Photo P.H.B.

De plus en plus de banques ont commencé à mettre en œuvre les nouvelles modalités d’application des opérations de conversion de livres libanaises en dollars au taux de Sayrafa – la plateforme opérée par la Banque du Liban – deux jours après que cette dernière les a décrétées. Le taux de Sayrafa – 38 000 livres pour un dollar actuellement – est généralement inférieur à celui du marché – 43 000 livres environ hier –, ce qui permet aux Libanais victimes de restrictions bancaires en vertu de la crise d’obtenir des dollars contre des livres à un taux assorti d›une décote un peu moins importante par rapport à l’ancienne parité officielle de 1 507,5 livres qui était la norme avant la crise (ce qui représente une dépréciation de plus de 95 %).

Première à se manifester, al-Mawarid Bank (AM Bank) a vu ses agences prises d’assaut par ses clients, ainsi que par ceux disposant de comptes dans d’autres établissements. La direction d’AM Bank avait indiqué mercredi qu’elle était en effet prête à accueillir les personnes n›ayant pas pu réaliser d’opération de conversion au taux de Sayrafa auprès de leur propre banque.

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« Il y a eu beaucoup de monde, et dans une bonne ambiance, ce qui tranche avec le climat délétère de ces derniers mois », a déclaré à L’Orient-Le Jour le PDG d’AM Bank, Marwan Kheireddine, en référence à la vague de braquages organisés par des déposants contestant les restrictions bancaires limitant illégalement l’accès à leurs comptes en devises. « Nous avons accueilli nos propres clients jusqu’à 13h, puis cela a été au tour des autres », a-t-il ajouté, rappelant que les agences de la banque resteront ouvertes jusqu’à 17h encore aujourd’hui, et qu’elles ouvriront les trois jours chômés qui suivent – samedi 31 décembre, dimanche 1er janvier et lundi 2 janvier – jusqu’à 13h.

MEAB, BBAC, FNB et les autres
Autre enseigne à avoir commencé avant les autres : la MEAB (Middle East & Africa Bank), qui avait également communiqué sur le sujet mercredi soir, a accueilli ses clients et ceux des autres banques. Ceux-ci doivent simplement se munir d’un relevé de compte de la banque dont ils sont clients et d’une copie de leur carte d’identité, a précisé le service clientèle de l’une de ses agences que nous avons contactée. Parmi les banques à avoir démarré les opérations et que nous avons pu confirmer par au moins deux sources – dont une à la BDL – figurent la BBAC, la Lebanese Swiss Bank, la First National Bank ou encore BLOM Bank (pour les entreprises jusqu’à mardi). D’autres enseignes n’appliqueront les nouvelles modalités, aux particuliers comme aux entreprises, qu’à partir de mardi prochain.

Mardi, la BDL a adopté de nouvelles modalités s’appliquant aux opérations liées à la circulaire n° 161 qui permet depuis plus d’un an aux titulaires de comptes en livres de convertir puis de retirer chaque mois des petits montants en « dollars frais » (les dollars non soumis aux restrictions bancaires) au taux de Sayrafa.

La BDL a ainsi majoré ce dernier taux de 6 800 livres, pour le porter à 38 000 livres, et levé toutes les limites d’achat et de vente pour « les particuliers et les sociétés » dans les banques à qui elle a laissé une certaine liberté d’ajustement. L’institution a enfin demandé aux banques d’ouvrir leurs agences jusqu’à 17h jusqu’à vendredi.

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Les plafonds varient d’une enseigne à l’autre et la fourchette de 100 à 200 millions de livres par mois semble s’imposer comme une moyenne (les anciens plafonds atteignaient maximum 400 dollars), sans compter ceux liés aux opérations de conversion de « dollars bancaires » (bloqués en banque depuis le début de la crise) et qui varient selon les banques et les comptes des clients. Certaines enseignes, comme AM Bank, affirment n’imposer aucun plafond. « Nous validons les demandes jusqu’à 1 milliard de livres par client en imposant une procédure KYC («Know your customer», ou connaissance du client, une procédure de vérification imposée par la réglementation bancaire internationale, NDLR). Au-dessus d’un milliard, nous devons organiser la logistique de l’opération et il y a donc une procédure spécifique », détaille Marwan Kheireddine.

Les banques qui ont commencé à enregistrer les demandes de conversion au taux de Sayrafa hier n’ont fait que collecter les fonds en livres libanaises et ne donneront les dollars demandés que la semaine prochaine, mardi ou mercredi. Chaque client ne peut réaliser l’opération qu’une fois par mois et doit donc se présenter avec toutes les livres libanaises qu’il souhaite échanger. Le taux appliqué sera celui du jour du dépôt, même s’il change entre-temps. Enfin, les banques prélèvent une commission sur chaque opération, comprise entre 2 et 4 %, selon les informations que nous avons pu recueillir auprès des banques contactées. Ce qui amende en réalité le taux effectif pratiqué (38 760 livres pour un dollar avec une commission de 2 % et 39 520 livres pour un billet vert avec une commission de 4 %).

Malgré cela, la marge reste substantielle pour les personnes réalisant ces opérations. Auprès d’une banque qui pratique un plafond de 200 millions de livres et prend une commission de 4 % :

• La personne pouvait ainsi se présenter chez un agent de change avec environ 4 650 dollars pour obtenir 200 millions de livres au taux de 43 000 LL qui avait cours hier.

• Elle se présente ensuite à sa banque pour échanger les 200 millions de livres, au taux effectif de 39 520 livres pour un dollar en comptant la commission, ce qui lui permettra d’obtenir 5 060 dollars, encaissables la semaine prochaine.

• Le bénéfice sera de presque 400 dollars en une opération, soit près de 9 %.

• La banque gagne, elle, un peu plus de 200 dollars, en prélevant 4 %.

De plus en plus de banques ont commencé à mettre en œuvre les nouvelles modalités d’application des opérations de conversion de livres libanaises en dollars au taux de Sayrafa – la plateforme opérée par la Banque du Liban – deux jours après que cette dernière les a décrétées. Le taux de Sayrafa – 38 000 livres pour un dollar actuellement – est généralement inférieur...

commentaires (2)

Le hold up de tous les siècles organisé de façon « légale » par les prédateurs et les gangsters que sont les dirigeants et hauts fonctionnaires de la plus grande république bananière qu’est la république libanaise de nos politiciens

Lecteur excédé par la censure

10 h 24, le 30 décembre 2022

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Commentaires (2)

  • Le hold up de tous les siècles organisé de façon « légale » par les prédateurs et les gangsters que sont les dirigeants et hauts fonctionnaires de la plus grande république bananière qu’est la république libanaise de nos politiciens

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 24, le 30 décembre 2022

  • On oublie de dire que les titulaires de l'epargne en dollars doivent les vendre au taux de 8000 LL pour racheter du fresh a 39000 LL, soit un haircut sec de 80 %, commissions comprises, au seul profit des crapules bancaires. Toutes les acrobaties de la canaille de la BDL et des crapules bancaires n'ont pour seul but que ce haircut illegal et immoral. Le tout sous le regard de plus en plus indiferent et bovin d'une "justice" corrompue jusqu'a la moelle. Tfeeeeh Kellon ya3ne kellon.

    Michel Trad

    01 h 02, le 30 décembre 2022

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