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Économie - Monnaie

Taux de change : la BDL sollicite AM Bank pour entraîner les autres banques

Taux de change : la BDL sollicite AM Bank pour entraîner les autres banques

Une file d’attente hier devant un bureau de change à Beyrouth. Photo P.H.B.

Beaucoup de banques n’ont pas encore commencé à augmenter les plafonds applicables aux opérations de conversion de livres libanaises en dollars « frais » au taux de la plateforme Sayrafa – 38 000 livres pour un dollar contre 44 000 environ hier soir sur le marché parallèle – conformément à la mesure annoncée mardi par la Banque du Liban dans un contexte de crise persistant. Une situation qui semble avoir poussé l’institution, qui opère justement Sayrafa, à prendre les devants.

Dans un nouveau communiqué publié hier, le 3e en 24h, la BDL a en effet appelé les déposants dont les banques n’ont pas encore commencé à appliquer les nouvelles mesures à les exécuter dans l’une des 19 enseignes d’AM Bank (al-Mawarid Bank) du pays, même s’ils n’y sont pas clients. « Tous les citoyens peuvent se rendre dans n’importe quelle agence d’AM Bank pour effectuer ces opérations, ladite banque ayant accepté de les exécuter », a expressément affirmé la banque centrale.

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Contacté, le PDG d’AM Bank a confirmé avoir « accepté » la demande de la BDL, précisant que les agences opérationnelles de la banque seront prêtes à accueillir tous les particuliers qui n’auront pas pu réaliser les opérations souhaitées auprès de leurs propres enseignes. AM Bank a ensuite publié un communiqué dans ce sens en début de soirée dans lequel elle a ajouté que ses agences ouvriraient leurs portes y compris le samedi 31 décembre, dimanche 1er janvier et lundi 2 janvier qui sont pourtant des jours de congé officiels. Les agences seront ouvertes jusqu’à 17h, conformément à ce que la BDL avait demandé à toutes les banques mardi.

« Priorité à nos clients »

« La priorité sera donnée à nos clients, mais ceux des autres banques seront aussi servis », a déclaré à L’Orient-Le Jour le PDG de la banque, Marwan Kheireddine. « C’est une mesure qui s’inscrit sur le court terme même si aucune date limite n’est pour l’instant fixée pour les opérations liées à Sayrafa. Nous nous rendons bien compte que notre initiative risque d’attirer beaucoup de Libanais vers nos agences, mais nous espérons que les autres banques vont rapidement mettre leurs procédures à jour », a-t-il ajouté.

Toujours en début de soirée, une autre enseigne libanaise, la MEAB (Middle East & Africa Bank) a indiqué avoir commencé à appliquer ces directives. Dans un communiqué, l’enseigne a assuré qu’elle s’engageait à mettre « immédiatement » en œuvre la mesure adoptée par la BDL le 27 décembre dans toutes ses agences (une dizaine en tout au Liban). La MEAB n’a pas indiqué cependant si elle ouvrirait également ses portes pendant le week-end. Une source au sein de BLOM Bank non autorisée à parler à la presse a pour sa part précisé que l’enseigne, une des plus grandes du pays, avait « déjà commencé à traiter les demandes de conversion au taux de Sayrafa des sociétés », ajoutant que ces opérations étaient « sans plafond », mais devaient être justifiées par la nécessité de « financer les besoins de la société ». Les particuliers pourront effectuer leurs demandes dès le 3 janvier, premier jour ouvré de 2022 et se verront appliquer des plafonds mensuels largement majorés par rapport aux précédents. Ils pourront ainsi convertir 100 millions de livres en dollars par mois au taux de Sayrafa, soit l’équivalent de 2 631,6 dollars hier, alors qu’ils ne pouvaient obtenir que 400 dollars par mois jusqu’ici au sein de cet établissement.Selon les informations fournies par plusieurs autres sources bancaires, une majorité d’établissements devraient mettre en place des modalités similaires à celles de la BLOM Bank, avec des plafonds pour les particuliers gravitant autour d’une fourchette allant de 2 500 à 4 000 dollars par mois, et des plafonds beaucoup plus élevés, voire illimités pour les sociétés. Il n’était cependant pas clair si d’autres banques avaient commencé à servir les sociétés dès hier ou allaient commencer à le faire dès aujourd’hui, alors que les acteurs des filières d’importation et de distribution de carburants assurent qu’il n’en est rien.

Repli mitigé du taux

Ce qui est en revanche certain, c’est que la BDL a laissé les banques libres de décider des modalités d’application de sa décision et qu’elle n’a pas publié de circulaire dictant spécifiquement le cahier des charges à suivre.

Mardi, l’institution a freiné une nouvelle phase d’inflation du taux de change sur le marché en annonçant deux mesures exceptionnelles concernant les opérations liées à la circulaire n° 161 qui permet depuis plus d’un an aux titulaires de comptes en livres, dont la valeur s’est effondrée sur le marché (plus de 96 % de dépréciation depuis 2019), de convertir puis de retirer chaque mois de petits montants en « dollars frais » (les dollars non soumis aux restrictions bancaires) au taux de Sayrafa. La BDL a d’abord majoré ce dernier taux de 6 800 livres, pour le porter à 38 000 livres. Elle a aussi levé toutes les limites d’achat et de vente pour « les particuliers et les sociétés » dans les banques. Elle a enfin indiqué le même jour que les transactions concernées pourront être effectuées dans les établissements bancaires jusqu’à 17h chaque jour ouvré jusqu’au 31 janvier prochain. C’est la BDL qui fournit les dollars convertis par les banques, en les puisant en principe dans ses réserves qui fondent depuis le début de la crise (10,22 milliards de dollars au 15 décembre, en baisse de près de 70 % en trois ans selon nos calculs, pour la portion qui n’inclut ni les eurobonds ni l’or).

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Ces annonces, qui font écho à de précédentes interventions similaires de la BDL en janvier, mai et octobre dernier, ont cependant eu un effet plus limité sur le taux de change du marché, qui est pratiqué par les agents de change légaux et illégaux. À plus de 47 000 livres au moment des annonces, il ne s’est replié que de 4 000 livres tout au plus, avant de se mettre à flotter autour de 44 000 jusqu’à hier soir.

Beaucoup de banques n’ont pas encore commencé à augmenter les plafonds applicables aux opérations de conversion de livres libanaises en dollars « frais » au taux de la plateforme Sayrafa – 38 000 livres pour un dollar contre 44 000 environ hier soir sur le marché parallèle – conformément à la mesure annoncée mardi par la Banque du Liban dans un contexte de...

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AM Bank, la banque-mystère qui n'avait pas de capital avant 2019 ...

M.E

11 h 26, le 29 décembre 2022

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Commentaires (1)

  • AM Bank, la banque-mystère qui n'avait pas de capital avant 2019 ...

    M.E

    11 h 26, le 29 décembre 2022

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