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Moyen-Orient - Israël

Naissance imminente du gouvernement le plus à droite de l’histoire

Après avoir procédé à des ajustements de dernière minute, le Premier ministre désigné, Benjamin Netanyahu, doit présenter ce jeudi à la Knesset son cabinet.

Naissance imminente du gouvernement le plus à droite de l’histoire

Les membres de la Knesset Itamar Ben Gvir et Betsalel Smotrich lors d’une session parlementaire à Jérusalem, le 28 décembre 2022. Ammar Awad/Reuters

Il pourrait voir le jour ce jeudi. Près d’une semaine après que le Premier ministre désigné, Benjamin Netanyahu, a annoncé au président israélien qu’il était en mesure de former un gouvernement de coalition, le futur chef de gouvernement doit désormais le présenter à la Knesset. Un nouveau cabinet qui clôturera définitivement 18 mois d’une coalition hétéroclite menée par les Premiers ministres Naftali Bennett puis Yaïr Lapid. Et qui pourrait ouvrir une nouvelle page de l’histoire d’Israël.

Ces dernières semaines déjà, les contours de ce nouveau gouvernement ont déchaîné les passions. Alors que le cabinet le plus à droite que le pays n’ait jamais connu s’apprête à entrer en fonctions, les concessions accordées aux personnalités les plus controversées – encartées aux partis juifs ultraorthodoxes et de l’extrême droite – inquiètent largement.

Arrivée en troisième position après le Likoud de Benjamin Netanyahu et le parti centriste de l’ancien Premier ministre Yaïr Lapid lors des législatives de novembre, l’alliance Sionisme religieux (ayant raflé 14 sièges à la Knesset et composée des partis Otzma Yehudit, Noam et Sionisme religieux) n’a pas lésiné sur ses efforts pour obtenir gain de cause. Obtenues au prix d’un changement dans la loi, leurs exigences ont fait l’objet d’un vote au Parlement dès mardi.

Face à ces demandes, le chef du Likoud avait demandé le 8 décembre au président israélien une prolongation des 28 jours initialement impartis pour former un gouvernement. En cause : « des questions qui n’ont pas été résolues ». « Ces partenaires de coalition ont fait des demandes importantes en échange de leur participation et ont utilisé leur influence et la pression du temps pour obtenir le plus possible de Netanyahu, y compris des ministères et des mandats importants dans le nouveau gouvernement », souligne Omar Rahman, analyste au sein de l’institut de recherche Middle East Council on Global Affairs basé à Doha.

L’armée et les tribunaux dans le collimateur

Membre du barreau connu pour son militantisme antipalestinien et antihomosexuel, le chef du parti Sionisme religieux, Betsalel Smotrich, devrait ainsi obtenir les portefeuilles des Finances et de l’Intérieur en alternance. Dans une série de lois votées au Parlement israélien mardi, l’une d’elle prévoit la création d’un poste de deuxième ministre au sein du ministère de la Défense, que devrait occuper Betsalel Smotrich. Une fonction qui confère à ce fervent partisan de l’expansion des colonies en Cisjordanie la gestion civile ainsi que la coordination des activités gouvernementales dans les territoires occupés. Cette décision intervient à l’heure où plus de 2 000 raids israéliens ont été menés en Cisjordanie depuis le printemps, entraînant le bilan mortel le plus lourd depuis sept ans, selon l’ONU.

Tandis que le doute planait sur la possibilité pour le chef de la formation ultraorthodoxe Shas, Arié Dery, d’occuper un poste de ministre en raison de sa condamnation en janvier pour des délits fiscaux et de la peine de prison avec sursis prononcée à son encontre, l’entrée en scène d’une nouvelle loi a résolu ce problème. Votée mardi, elle autorise une personne reconnue coupable d’un crime mais non condamnée à la prison ferme d’obtenir un portefeuille ministériel. Arié Dery sera ainsi ministre des Finances et de l’Intérieur en rotation avec Betsalel Smotrich.

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L’extrême droite israélienne au sommet, et après ?

Après les inquiétudes exprimées par d’anciens officiels au sein de l’armée, des responsables du secteur des hautes technologies ou encore des banques, 78 anciens juges ont signé mardi une lettre fustigeant ces nouvelles législations. « La mise en œuvre de ces mesures qui violent nos valeurs pourrait fondamentalement changer l’image morale de l’État d’Israël et lui nuire non seulement en interne, mais aussi aux yeux du monde, des institutions internationales et des communautés juives de la diaspora », ont-ils dénoncé. Plusieurs observateurs arguent en outre que ces nouvelles mesures sont destinées à aider Benjamin Netanyahu à se débarrasser de ses procès pour corruption, fraude et abus de confiance.

« Si ce gouvernement parvient à rester au pouvoir, il a la capacité d’apporter des changements profonds, tant sur le terrain dans les territoires palestiniens occupés qu’au sein de l’État et de la société israéliens, note Omar Rahman. Des institutions comme l’armée et les tribunaux, ainsi que la législation antidiscriminatoire, sont déjà dans le collimateur. »

« Direction extrémiste »

Projeté à la tête du ministère de la Sécurité nationale ou « ministère de la Police », Itamar Ben Gvir, suprémaciste juif et chef du parti d’extrême droite Otzma Yehudit (Force juive), n’est pas en reste. Tandis qu’il sera chargé de chapeauter les divers services de police en Israël, incluant la politique autour des lieux saints, comme le complexe de la mosquée al-Aqsa, et en Cisjordanie, une loi votée hier stipule explicitement que son ministère a « autorité » sur la police israélienne. Érigée par Itamar Ben Gvir comme condition à son entrée au gouvernement, elle spécifie notamment que le futur ministre peut définir la politique générale de la police et influer sur la politique en matière d’enquêtes. S’il entend aller plus loin et exercer une autorité directe sur le commissaire général du pays comme le mentionne l’accord de coalition signé entre son parti et le Likoud, l’étendue de ses pouvoirs a déjà suscité la crainte de nombreux Palestiniens. Condamné en 2007 pour incitation au racisme et soutien à une organisation terroriste, sa radicalité lui avait notamment valu d’être exclu du service militaire. Mardi soir, le ministre sortant de la Défense Benny Gantz a fait part de sa « crainte » à l’encontre de la « direction extrémiste » du nouveau gouvernement. « Si le gouvernement agit de manière irresponsable, cela pourrait provoquer une crise sur le plan de la sécurité », a-t-il déclaré lors d’un entretien télévisé.

« Pour le centre droit et pour les laïcs de tout l’éventail politique au sein de la société israélienne, les changements illibéraux et antidémocratiques que les partenaires de coalition d’extrême droite et ultraorthodoxes de Netanyahu veulent imposer à la société sont un véritable sujet de préoccupation, résume Omar Rahman. Netanyahu, pour sa part, se soucie surtout de rester au pouvoir, et non de résister à ceux qu’il utilise pour cela, quelles qu’en soient les conséquences. Si leur comportement menace d’une manière ou d’une autre son maintien au pouvoir, le calcul peut changer. »

Il pourrait voir le jour ce jeudi. Près d’une semaine après que le Premier ministre désigné, Benjamin Netanyahu, a annoncé au président israélien qu’il était en mesure de former un gouvernement de coalition, le futur chef de gouvernement doit désormais le présenter à la Knesset. Un nouveau cabinet qui clôturera définitivement 18 mois d’une coalition hétéroclite menée par les...

commentaires (3)

Waw des mafieux ça fait peur . Attention Hezbollah….

Eleni Caridopoulou

12 h 53, le 29 décembre 2022

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Commentaires (3)

  • Waw des mafieux ça fait peur . Attention Hezbollah….

    Eleni Caridopoulou

    12 h 53, le 29 décembre 2022

  • c est du racisme,non?? Personne ne "tage" Israël de racisme... Israël est très raciste et accuse les autres de ça.

    Marie Claude

    10 h 00, le 29 décembre 2022

  • "… une nouvelle loi autorise une personne reconnue coupable d’un crime mais non condamnée à la prison ferme d’obtenir un portefeuille ministériel …" - C’est comme chez nous quoi…

    Gros Gnon

    05 h 29, le 29 décembre 2022

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