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Politique - Entretien

« L’engagement pour un Liban stable reste une priorité italienne »

Antonio Tajani, ministre italien des Affaires étrangères et vice-Premier ministre, arrive à Beyrouth aujourd’hui pour une visite de deux jours.

« L’engagement pour un Liban stable reste une priorité italienne »

Le ministre italien des AE, Antonio Tajani. Photo DR

Antonio Tajani, ministre italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et vice-président du Conseil des ministres présidé par Giorgia Meloni (droite) depuis octobre, effectue une tournée au Liban aujourd’hui et demain, au cours de laquelle il devrait rencontrer des responsables libanais et visiter le contingent italien de la Finul. Il a accordé un entretien exclusif à L’Orient-Le Jour dans lequel il affirme transmettre un message aux Libanais, celui du soutien continu de son pays, tout en appelant les autorités libanaises à « mettre en œuvre un agenda de réforme et de renouveau ». Sur la question des réfugiés syriens, sujet majeur pour le nouveau gouvernement italien dont les positions antimigrants sont claires, il a affirmé que son pays « soutient la ligne du Haut-Commissaire pour les réfugiés, Filippo Grandi », de laquelle se sont démarquées les autorités libanaises dernièrement au sujet du rapatriement dit « volontaire » des réfugiés syriens que le gouvernement libanais avait lancé. L’interview ayant été réalisée de manière décalée, M. Tajani n’a pas été en mesure de se prononcer sur l’incident de la semaine dernière à Aaqibiyé, au Liban-Sud, au cours duquel un Casque bleu irlandais a été tué et un autre grièvement blessé par balles, alors qu’un convoi de leur contingent se rendait à Beyrouth.

Quels sont les objectifs de la visite ?

Le Liban est le premier pays de la région que j’ai décidé de visiter car, avec le Liban, nous avons un rapport spécial : l’Italie est présente de manière continue au sein de la Finul depuis le début de la mission dans laquelle nous sommes engagés avec un contingent d’environ 1 100 soldats. Pour nous, la sécurité et la stabilité du Liban constituent des priorités.Je suis venu au nom du gouvernement italien pour transmettre un message clair aux autorités politiques et institutionnelles libanaises : l’Italie veut continuer à se tenir aux côtés du Liban. Nous continuerons à travailler en faveur de la population touchée par la crise économique et sociale, avec des projets de développement et humanitaires. Toutefois, il est nécessaire que la classe dirigeante libanaise mette en œuvre avec conviction un agenda de réforme et de renouveau, partant des mesures convenues avec le Fonds monétaire international. Le Liban est fondamental pour la stabilité de la région et de la Méditerranée, et l’Europe soutiendra le processus de réforme et de consolidation des institutions de votre pays.

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Avec l’arrivée au pouvoir de la droite nationaliste, qu’est-ce qui a changé dans la politique italienne vis-à-vis du Liban et du Moyen-Orient ?

Parler de droite nationaliste est erroné, nous sommes une coalition qui a une idée très claire de la position pro-européenne et atlantique de l’Italie. Et nous voulons beaucoup nous concentrer sur la Méditerranée dans les mois à venir et renforcer les partenariats avec les pays de la région.

L’engagement italien pour un Liban stable, prospère et modèle de coexistence demeure une constante de la politique étrangère italienne. Urgence environnementale, crise énergétique, lutte contre les trafics illicites et la migration irrégulière, sécurité alimentaire : tels sont les défis communs sur lesquels nous devons travailler ensemble. Nous avons la possibilité d’utiliser l’énergie et les interconnexions énergétiques comme un vecteur de stabilisation. Notre idée est que les ressources doivent et peuvent être gérées dans le cadre de schémas coopératifs, tout en faisant prévaloir une logique des « biens communs méditerranéens ».

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Comment l’Italie de Giorgia Meloni voit la question des migrants et notamment les réfugiés syriens au Liban ? Que peut faire le Liban dans ce contexte, puisqu’il ne peut pas les rapatrier alors qu’il doit les empêcher de partir vers l’Europe ?

Depuis le début du conflit en Syrie, le Liban a fait preuve d’une capacité extraordinaire à accueillir les nombreuses personnes et familles fuyant la guerre. Lors de ces dernières années, la communauté internationale a déployé des ressources substantielles pour contribuer à cet effort, en fournissant assistance aux Syriens et en soutenant les communautés libanaises les plus vulnérables. Le Liban ne sera pas seul face à ce défi humanitaire et économique.

L’Italie soutient la ligne du Haut-Commissaire pour les réfugiés, Filippo Grandi : poursuivre l’assistance aux Syriens et aux communautés libanaises vulnérables et mener des initiatives en Syrie qui peuvent favoriser des conditions de vie minimalement décentes pour ceux qui veulent rentrer. Je rappelle que l’Italie, depuis 2015, a initié un programme de couloirs humanitaires avec des départs réguliers afin de donner une perspective à ces familles. C’est ainsi que l’on combat les trafiquants d’êtres humains qui opèrent illégalement.

Que fait l’Italie pour aider le Liban à résoudre sa crise ?

L’Italie a fait et fait beaucoup pour aider la population libanaise. Nous sommes présents par l’intermédiaire de projets d’urgence et de développement, du soutien aux écoles et aux hôpitaux à la fourniture de médicaments oncologiques, aux interventions dans les quartiers urbains endommagés par l’explosion de 2020, au travail de nos ONG réparties sur l’ensemble du territoire avec des programmes de protection sociale et d’aide humanitaire. Sans oublier nos projets d’infrastructures visant à offrir des services publics à la population.

Je tiens à rappeler que la plus grande station d’épuration du Liban, dans la vallée de la Békaa, construite avec des fonds italiens, reste opérationnelle grâce à notre décision de continuer à assurer son fonctionnement. Nous parlons d’une zone habitée par 200 000 personnes, avec un impact environnemental direct sur le principal fleuve du Liban.

Toutefois, seuls les Libanais peuvent trouver une solution à cette crise. Nous espérons qu’il y aura un réveil de responsabilité de la part de la classe politique libanaise, tout en mettant de côté les intérêts propres et en œuvrant en faveur d’un projet de redressement et de renouveau national.

Antonio Tajani, ministre italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et vice-président du Conseil des ministres présidé par Giorgia Meloni (droite) depuis octobre, effectue une tournée au Liban aujourd’hui et demain, au cours de laquelle il devrait rencontrer des responsables libanais et visiter le contingent italien de la Finul. Il a accordé un entretien...

commentaires (1)

Tout en sachant que certains projets de développement de l'agence italienne exige que la moitie des ouvriers travaillant sur ledit projet soient des refugies syriens... La rengaine de reformes ET maintien des refugies syriens au Liban n'est plus tenable....

Ventre-saint-gris

14 h 28, le 23 décembre 2022

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Commentaires (1)

  • Tout en sachant que certains projets de développement de l'agence italienne exige que la moitie des ouvriers travaillant sur ledit projet soient des refugies syriens... La rengaine de reformes ET maintien des refugies syriens au Liban n'est plus tenable....

    Ventre-saint-gris

    14 h 28, le 23 décembre 2022

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