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Politique - Décryptage

Drame de Aaqibiyé : des questions encore sans réponse

Drame de Aaqibiyé : des questions encore sans réponse

Les drapeaux de la Finul et de l’Irlande en berne devant le QG de la force onusienne à Naqoura hier. Mahmoud Zayyat/AFP

Il est un peu plus de 22 heures ce mercredi 14 décembre. Dans le village de Aaqibiyé, entre Sarafand et Khayzarane, au Liban-Sud, des jeunes viennent de finir de regarder le match de la demi-finale de la Coupe du monde de football entre la France et le Maroc et en discutent avec animation dans la rue, devant de petits cafés qui donnent directement sur la route côtière, parallèle à l’autoroute qui relie Saïda à Tyr. Ils voient soudain arriver dans ce coin perdu un véhicule de la Force internationale des Nations unies. Comme ce n’est pas le chemin habituel qu’empruntent les convois des Casques bleus, les jeunes se précipitent pour entourer le véhicule. Certains se mettent à crier et à invectiver les passagers, 4 soldats irlandais qui avaient quitté Naqoura pour se rendre à l’Aéroport international de Beyrouth.

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Que s’est-il exactement passé à partir de là ? L’enquête se poursuit, les services de renseignements de l’armée libanaise chargés par la justice militaire du dossier sont encore en train d’entendre les témoins qui étaient sur place. Le chauffeur du véhicule a-t-il soudain pris peur en voyant tous ces jeunes entourer son véhicule et a-t-il ainsi renversé l’un d’eux, provoquant la colère des autres qui ont tiré des coups de feu ? Ou bien les tirs ont-ils précédé le chaos qui a poussé le véhicule à heurter un jeune, endommager plusieurs voitures garées sur le bas-côté de la route puis enfoncer la devanture d’un magasin, avant de se renverser ? Ce qui est sûr jusqu’à présent, c’est qu’un soldat du bataillon irlandais de la Finul, Sean Rooney (âgé de 23 ans), a été tué et trois autres ont été blessés, dont un est encore dans un état critique. Au sujet de la mort du jeune Sean Rooney, les versions sont aussi divergentes et il faudra attendre la publication du rapport du médecin légiste pour connaître la vérité : selon une première version, le Casque bleu aurait été tué par une balle qui l’aurait atteint dans le cou, s’étant introduite dans le véhicule blindé par une ouverture à l’arrière. Selon une autre version, la mort du soldat aurait été provoquée par la violence du choc du véhicule au moment où il s’est renversé. Mais dans les deux cas, des tirs ont bien eu lieu et ils ont atteint le véhicule et ses passagers en plusieurs endroits. Selon les témoins présents sur les lieux du drame, une fois le choc passé, les jeunes ont tenté de secourir les Casques bleus avant l’arrivée de la Défense civile. Ce qui, selon ces mêmes témoins, montre qu’il n’y avait de leur part aucune intention de tuer les soldats. Ils avaient juste les nerfs à vif après le match de foot et ils ont été surpris par le passage du véhicule de la Finul sur cette route. C’est en tout cas la version que les parties concernées véhiculent jusqu’à présent, dans une volonté évidente de ne pas amplifier l’affaire et surtout de ne pas lui donner une dimension politique locale, voire régionale. En effet, dès que l’information a commencé à circuler et que des photos du véhicule renversé et de la devanture endommagée du magasin se sont répandues sur les réseaux sociaux, les réactions politiques ont commencé à se succéder.

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Le premier à réagir, et ce n’est sans doute pas un hasard, c’est le Hezbollah. Il a immédiatement, par la voix du chef de l’unité de coordination du parti Wafic Safa, demandé que l’on laisse la formation en dehors de ce qui s’est passé, allant même jusqu’à contacter le commandant en chef de la Finul, le général Aroldo Lazaro, pour lui présenter ses condoléances. Le deuxième à réagir, c’est le président de la Chambre, Nabih Berry, qui a envoyé une délégation parlementaire pour présenter en son nom des condoléances au général Lazaro. Le président du Conseil Nagib Mikati et le chef de l’armée Joseph Aoun se sont eux aussi rendus à Naqoura dans le même but, et la plupart des formations politiques ont fait de même. Il est ainsi clair que le Liban officiel souhaite éviter que le drame de Aaqibiyé n’ait des conséquences sur la situation au Sud et sur les relations avec la Finul. Mais plusieurs questions demeurent. D’abord, il faudrait que les SR de l’armée parviennent à identifier ceux qui ont tiré. En général, la région de Sarafand et Aaqibiyé est considérée comme favorable au mouvement Amal, mais l’identification des tireurs pourrait être un indice déterminant pour préciser si l’incident était prémédité ou non. Si les tireurs sont des miliciens ou des partisans du Hezbollah, il pourrait s’agir d’une attaque planifiée pour rappeler à la Force onusienne que ses soldats ne peuvent pas se déplacer sans une escorte ou sans coordination avec l’armée libanaise, surtout en dehors de leur zone d’action, comme c’est le cas pour la route côtière. C’est d’autant plus plausible que lors du dernier renouvellement du mandat de la Finul, en août, une phrase a été ajoutée au communiqué final autorisant les Casques bleus à mener des missions sans coordination avec l’armée libanaise. Ce rajout non concerté avec les autorités, dit-on au Liban, avait suscité une grande protestation de la part du Hezbollah. Le commandement de la Finul s’était alors empressé de préciser que rien ne devait changer en pratique et que la Finul continuera à coordonner son action avec l’armée libanaise. En dépit de ces assurances, la méfiance reste de mise du côté du Hezbollah qui a eu à plusieurs reprises des frictions avec des convois de Casques bleus, sous prétexte que ceux-ci étaient sortis des parcours fixés, se heurtant ainsi à « la colère des habitants », selon la version du parti. Justement, dans le drame de Aaqibiyé, la question que se pose le Hezbollah est la suivante : pourquoi un des deux véhicules qui ont quitté Naqoura ce soir-là a-t-il pris ce chemin secondaire, alors que l’autre a pris le trajet habituel qui passe par l’autoroute ? Quoi qu’il en soit, le Hezbollah n’a pas attendu la réponse à cette question pour assurer qu’il n’est pas impliqué dans l’incident. Il a donc voulu couper court à toute interprétation qui irait dans le sens d’un message musclé de sa part à la Finul et, par la même occasion, couper la voie à toute exploitation politique de cette affaire. Cet empressement dénote, selon des sources politiques officielles, une volonté d’apaisement. Mais cela suffira-t-il à éviter les dérapages ?

Il est un peu plus de 22 heures ce mercredi 14 décembre. Dans le village de Aaqibiyé, entre Sarafand et Khayzarane, au Liban-Sud, des jeunes viennent de finir de regarder le match de la demi-finale de la Coupe du monde de football entre la France et le Maroc et en discutent avec animation dans la rue, devant de petits cafés qui donnent directement sur la route côtière, parallèle...

commentaires (7)

"En dépit de ces assurances, la méfiance reste de mise du côté du Hezbollah qui a eu à plusieurs reprises des frictions avec des convois de Casques bleus, sous prétexte que ceux-ci étaient sortis des parcours fixés, se heurtant ainsi à « la colère des habitants », selon la version du parti." Non seulement la FINUL, mais l'armée libanaise elle-même n'est pas autorisée par le Hezb à pénétrer dans certaines régions.! A-t-on oublié la mort du pilote d'hélicoptère Samer Hanna, qui s'est aventuré à pénétrer dans une "zone d'opérations", et que l'idole de Mme Scarlett avait eu le culot de trouver une justification à l'action du Hezbollah? Vergogna!

Georges MELKI

09 h 57, le 19 décembre 2022

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Commentaires (7)

  • "En dépit de ces assurances, la méfiance reste de mise du côté du Hezbollah qui a eu à plusieurs reprises des frictions avec des convois de Casques bleus, sous prétexte que ceux-ci étaient sortis des parcours fixés, se heurtant ainsi à « la colère des habitants », selon la version du parti." Non seulement la FINUL, mais l'armée libanaise elle-même n'est pas autorisée par le Hezb à pénétrer dans certaines régions.! A-t-on oublié la mort du pilote d'hélicoptère Samer Hanna, qui s'est aventuré à pénétrer dans une "zone d'opérations", et que l'idole de Mme Scarlett avait eu le culot de trouver une justification à l'action du Hezbollah? Vergogna!

    Georges MELKI

    09 h 57, le 19 décembre 2022

  • Honte à vous de vouloir défendre l'indefenbale.

    paznavour

    22 h 16, le 17 décembre 2022

  • Une seule réponse, les forces des nations unies sont face à un peuple ingrat, malgré toutes les aides qu'ils leur fournissent.

    Esber

    20 h 22, le 17 décembre 2022

  • La pire des choses qui pourrait arriver au izbola c'est que la FINUL mette un terme à sa présence au Liban. Cela signifiera la disparition à très court terme du izb qui sera éliminé par les voisins du Sud à n'importe quel prix, et avec le soutien de la communauté internationale, pour le bienfait de l'humanité entière.

    Remy Martin

    10 h 42, le 17 décembre 2022

  • Malgré toutes ces inepties habituelles de l’auteure, un jeune irlandais de 23 ans est mort parce que une foule d’excités et de sauvages ont tiré sur un véhicule d’une force de paix. Alors Mme Haddad vous aurez beau inventer ce que vous voulez, vous ne consolerez jamais les proches de ce jeune homme et ne pourrez en aucune façon justifier les actes de vos mentors

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 39, le 17 décembre 2022

  • Il est clair que l'auteur a récité par cœur une version soignée et bien préparée. Reste à voir si les enquêtes en cour vont aller dans le même sens.

    Esber

    07 h 11, le 17 décembre 2022

  • Si Scarlett intervient c’est que le Hezbollah est directement impliqué. Voici la preuve que j’attendais.

    Gros Gnon

    00 h 14, le 17 décembre 2022

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