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Moyen-Orient - Mort de Mahsa Amini

Police des mœurs : Washington et Berlin doutent d’un tournant en Iran

« Rien n’indique » que la situation des femmes dans le pays va s’améliorer, estiment les États-Unis.

Police des mœurs : Washington et Berlin doutent d’un tournant en Iran

Une femme passe devant des magasins fermés suite à un appel à la grève, à Téhéran, hier. Atta Kenare/AFP

Des puissances occidentales ont mis en doute lundi la portée de l’annonce surprise d’une abolition de la police des mœurs en Iran après bientôt trois mois de manifestations, « rien n’indiquant », selon Washington, que la situation des femmes dans le pays allait s’améliorer.

Des militants soutenant le mouvement de contestation déclenché par la mort de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini, le 16 septembre, après son arrestation par la police des mœurs ne voyaient, eux non plus, aucun changement se profiler dans le code vestimentaire strict imposé aux femmes en Iran.

L’annonce de la dissolution de ce corps de police très redouté, chargé notamment de faire respecter le port du voile dans la République islamique, « ne changera rien » à la mobilisation des Iraniens, a estimé une porte-parole du gouvernement allemand.

« Malheureusement, rien n’indique que les dirigeants iraniens améliorent la façon dont ils traitent les femmes et jeunes filles, ou cessent la violence qu’ils infligent aux manifestants pacifiques », a déclaré un porte-parole du département d’État américain.

Mahsa Amini, âgée de 22 ans, avait été arrêtée, le 13 septembre à Téhéran, par la police des mœurs qui lui reprochait de ne pas avoir respecté le code vestimentaire imposant aux femmes notamment de porter le voile en public. Sa mort a déclenché un mouvement de protestation sans précédent depuis la révolution islamique de 1979.

Durant le week-end, le procureur général d’Iran Mohammad Jafar Montazeri a annoncé l’abolition de la police des mœurs, créée en 2006 sous le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013) pour « répandre la culture de la décence et du port du voile ». Cette annonce a été perçue comme un geste envers les manifestants. Mais des militants des droits humains l’interprétaient plutôt comme une réponse improvisée à une question posée lors d’une conférence.

Ils estimaient aussi qu’une abolition de la police des mœurs, même si elle devenait réalité, ne changerait en rien l’obligation du port du voile, imposée par une loi datant de 1983.

Désobéissance civile

Une suppression de ces unités serait « probablement trop limitée et arriverait trop tard » pour les manifestants, qui réclament à présent un changement de régime, explique Roya Boroumand, cofondatrice du groupe de défense des droits humains Abdorrahman Boroumand Center basé aux États-Unis. « Il s’agit juste d’un déplacement de la police des mœurs », estime-t-elle, ajoutant que « rien n’empêche d’autres institutions » de faire appliquer « des lois discriminatoires ».

Formée d’hommes en uniforme vert et de femmes portant le tchador noir, la police des mœurs avait commencé ses patrouilles en 2006, avec l’objectif de faire respecter le code vestimentaire, qui interdit aussi aux femmes de porter des pantalons serrés ou des shorts.

Le rejet du port obligatoire du voile a été à l’origine des premières manifestations qui ont suivi la mort de Mahsa Amini. Mais le mouvement, alimenté par la colère contre les conditions économiques et la répression politique, est à présent ouvertement dirigé contre le régime.

Selon des informations en provenance de Téhéran, les camionnettes de la police des mœurs seraient moins nombreuses dans les rues depuis le début des manifestations.

Depuis la mort de Mahsa Amini, un nombre grandissant de femmes se découvrent la tête, notamment dans le nord huppé de Téhéran. Des images montrent des femmes faisant tomber des tabous en participant à des manifestations ou allant faire leurs courses tête nue.

La fin des patrouilles ?

« La suppression supposée de la police des mœurs ne veut rien dire, car elle était déjà sans objet, en raison du niveau massif de désobéissance civile chez les femmes », souligne Omid Memarian, analyste pour Democracy for the Arab World Now. Selon lui, le port du voile est « un des piliers de la République islamique. Abolir ces lois et ces structures signifierait un changement fondamental dans l’identité et l’existence de la République islamique ».

La déclaration du procureur général et la confusion qu’elle a provoquée ont été interprétées comme un signe d’inquiétude du régime, face à une contestation qui ne faiblit pas. La répression a déjà fait 448 morts, selon un bilan de l’ONG Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo.

Lundi, seuls les quotidiens réformateurs ont publié l’information en première page. « Est-ce la fin des patrouilles ? » demande le journal réformateur Shargh, soulignant que l’annonce n’a pas été confirmée par le service des relations publiques de la police.

Le voile « est toujours obligatoire », remarque Shadi Sadr, cofondateur du groupe Justice for Iran basé à Londres. Alors que la mort de Mahsa Amini a été à l’origine des manifestations, « les Iraniens n’abandonneront pas tant que le régime ne sera pas tombé ».

Des appels ont été lancés sur les réseaux sociaux pour une grève de trois jours en Iran.

Source : AFP

Des puissances occidentales ont mis en doute lundi la portée de l’annonce surprise d’une abolition de la police des mœurs en Iran après bientôt trois mois de manifestations, « rien n’indiquant », selon Washington, que la situation des femmes dans le pays allait s’améliorer.Des militants soutenant le mouvement de contestation déclenché par la mort de la jeune Kurde...

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