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Économie - Hydrocarbures

Pétrole au Venezuela : l’autorisation donnée à Chevron aura un impact « limité »

Pétrole au Venezuela : l’autorisation donnée à Chevron aura un impact « limité »

Un logo de Chevron dans un local administratif à Caracas. Yuri Cortez/AFP

L’autorisation donnée par le gouvernement américain au géant énergétique Chevron d’opérer au Venezuela en dépit des sanctions va donner un coup de pouce à la production pétrolière de ce pays mais cela aura un impact « limité » sur le marché international, selon certains experts. Avec cette licence de six mois, Chevron va reprendre ses opérations dans les quatre entreprises qu’elle détient avec le géant public vénézuélien Petroleos de Venezuela (PDVSA). Toutefois, Chevron doit s’assurer que l’entreprise publique ne reçoive aucun revenu de ses ventes de pétrole.

Même si les quantités ne révolutionneront pas le marché international, la mesure rebat toutefois les cartes alors que celui-ci est privé du pétrole russe, sous embargo après l’invasion de l’Ukraine. Washington confirme ses changements de priorités et sa volonté de revoir les sanctions contre le Venezuela en cas de progrès dans les négociations entre le président Nicolas Maduro et son opposition. Celles-ci ont repris en novembre après plus d’un an interruption et ont débouché samedi sur un accord « social » qui a permis le déblocage de 3 milliards de dollars vénézuéliens bloqués à l’étranger.

L’opposition réclame des élections libres pour la présidentielle de 2024. Les États-Unis et la communauté internationale, qui ne reconnaissaient pas la réélection de Nicolas Maduro en 2018, boycottée par l’opposition, ont infligé d’importantes sanctions au pays, espérant l’évincer du pouvoir. Interrogé sur l’affaire Chevron lors d’une conférence de presse mercredi, le président Maduro a salué un pas dans la « bonne direction », mais a appelé à la levée de toutes les sanctions, ironisant sur des « élections libres » et « libres de sanctions ».

Quel intérêt pour le Venezuela ?

La production du Venezuela, qui était de 3,2 millions de b/j il y a deux décennies, a chuté vertigineusement pour atteindre un plancher de 300 000 avant de remonter tout doucement et de stagner aux alentours de 700 000 b/j cette année, selon l’OPEP. Aujourd’hui, Chevron et ses 4 entreprises produisent quelque 50 000 barils de pétrole par jour, estime Francisco Monaldi, directeur du programme énergétique latino-américain à l’Institut Baker de l’Université Rice au Texas.

« La production pourrait probablement augmenter à 100 000 b/j au cours des six prochains mois, mais ensuite Chevron devrait investir pour atteindre sa pleine capacité d’environ 220 000 b/j, et cela prendrait environ deux ans. » « Pour augmenter la production au-delà, il faut plus de capital, ce que PDVSA n’a pas, et nous ne voyons pas Chevron avoir l’appétit » de l’injecter dans ce contexte, affirme Pilar Navarro, analyste pour l’Amérique latine chez Medley Advisors.

De plus, PDVSA doit 5 milliards de dollars à Chevron. Ce qui signifie que qu’« une bonne partie » de la production servira uniquement à payer les dettes du géant public et « la question est de savoir dans quelle mesure Nicolas Maduro peut être intéressé par une production qui sert essentiellement à rembourser des dettes », s’interroge M. Monaldi.

Carlos Mendoza Potella, expert en pétrole, n’y croit pas : « J’autorise Chevron à aller me vendre le pétrole, mais sans payer de taxes, de redevances et de dividendes (...). C’est une autorisation comme celle que l’empereur romain donnerait à un proconsul. Il (Washington) impose la Pax Romana. » Certains espèrent que la concession américaine est un pas sur la normalisation des relations du Venezuela avec la communauté internationale.

Quel intérêt pour les États-Unis ?

Outre le fait, que Chevron sera en meilleure situation financière, la reprise de la production Chevron est une « bonne nouvelle » pour les raffineries du golfe du Mexique, qui sont adaptées au pétrole lourd et extralourd vénézuélien, estime Monaldi.

Mais le reste des sanctions continuera d’être appliqué « vigoureusement », a souligné Washington. L’administration de Joe Biden a établi des contacts avec le président Maduro, admettant que le pétrole vénézuélien pourrait être utile dans le contexte ukrainien. Les États-Unis importaient 700 000 b/j de Russie, des quantités que le Venezuela et encore moins Chevron ne peuvent fournir.

Quel intérêt pour les tiers ?

L’augmentation de la production Chevron-PDVSA est « importante » pour le Venezuela, mais « pas significative pour la production mondiale », selon Monaldi, et en tout cas à court terme.

Mais, à l’image de Chevron, des entreprises telle que l’italienne Eni « ont déjà obtenu des autorisations de prendre des cargaisons » pour payer des dettes européennes envers l’Europe, affirme M. Monaldi. Le cas Chevron ouvre des horizons à toutes les compagnies. Le Venezuela, qui exportait 500 000 b/j vers les USA, a réorienté ses exportations vers la Russie, la Chine et l’Inde. Tant que les sanctions ne sont pas levées, cela devrait perdurer.

Esteban ROJAS/AFP

L’autorisation donnée par le gouvernement américain au géant énergétique Chevron d’opérer au Venezuela en dépit des sanctions va donner un coup de pouce à la production pétrolière de ce pays mais cela aura un impact « limité » sur le marché international, selon certains experts. Avec cette licence de six mois, Chevron va reprendre ses opérations dans les quatre...

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