Pour la sixième fois notre cher Parlement n’a pas pu élire un président de la République. Et nous fait revivre notre ancienne histoire quand le double caïmacamat était une division administrative du Mont-Liban entre un Nord supposé maronite et un Sud supposé druze de 1840 à 1860. Impuissante à réduire les conflits religieux, elle sera remplacée entre 1861 et 1915 par le moutassarifyat du Mont-Liban, dont le gouverneur catholique non libanais est secondé par un conseil multiconfessionnel. Mais cette fois le Sud est chiite et le Mont-Liban est un mélange de druzes et maronites avec le poids des sunnites et grecs-orthodoxes à Saïda, Tripoli et Beyrouth. Des sunnites comme les orthodoxes prêts toujours à faire pencher la balance en faveur de celui qui sera choisi par la Grande Porte. Et de nos jours la Grande Porte a plusieurs visages, tantôt européen, américain, arabe ou iranien. Dans ce contexte, il est triste d’adopter toujours ce raisonnement ottoman et voir le chef du Parlement se comporter comme un vizir ne pouvant jamais tolérer les remarques des députés et faisant taire tout le monde pour le plaisir de gouverner toujours. Face à ces horizons sombres bouchés, n’est-il pas grand temps de rompre avec cet héritage ottoman et bâtir une nation laïque, sinon à quoi bon élire un président de la République quand le pouvoir nostalgique – mais réel toujours – du mohafez est plus important au temps du caïmacam. S’ils ne sont plus capables d’assurer sécurité, et qui sait eau et électricité aussi, et qu’ils sont plus efficaces qu’un Conseil des ministres ou un président de la République, et où rien ne se réalise. Alors, faute de mieux, optons pour de petits cantons en attendant des jours meilleurs pour bâtir une nation moderne digne d’un vrai citoyen libanais.
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