Présenté hier lors d’une conférence à l’Institut Issam Farès de l’Université américaine de Beyrouth, le rapport d’automne de la Banque mondiale (BM) sur le Liban en crise économique et financière depuis trois ans a été publié hier soir. Intitulé « Lebanon: Time for an Equitable Banking Resolution » (Il est temps d’adopter une résolution bancaire équitable au Liban), ce texte fait partie de la série de rapports du Lebanon Economic Monitor (LEM) et fait le point sur la conjoncture libanaise.
Après avoir listé la crise dans le top 3 des « pire crises que le monde a connues depuis le milieu du XIXe siècle » et dénoncé le désastre provoqué par l’absence d’« action politique efficace de la part des autorités » dans leurs précédents comptes rendus publiés depuis 2020, les auteurs de ce dernier rapport sont revenus à des considérations plus consensuelles. « Ce n’est pas une question de responsabilité, mais de viabilité et d’équité », a plaidé l’économiste Dima Krayem lors de la présentation des grands axes du rapport sur lequel elle a travaillé.
L’enjeu reste le même : redistribuer les pertes financières du pays qui totalisent plus de 72 milliards de dollars, soit plus de trois fois le PIB actuel, de manière équitable entre l’État, la Banque du Liban, les banques et les déposants, afin de remettre le Liban sur la bonne voie. Un refrain que l’institution internationale n’est pas la première à entonner, vu qu’il s’agit également d’une exigence du Fonds monétaire international (FMI) à qui le Liban demande une assistance financière depuis 2020.
Alors qu’il a finalement conclu un accord préliminaire avec le Liban en avril dernier, le FMI n’a pas encore été convaincu par les efforts du Liban pour mettre en œuvre les réformes sine qua non qu’il a demandées pour accéder à la requête libanaise. Ces réformes incluent justement une restructuration du secteur bancaire, sur laquelle l’institution internationale insiste depuis 2020 et dont les détails dépendent de l’audit de chacune des banques du pays, dont les 14 plus importantes.
Si dans son rapport la BM a applaudi la signature de l’accord entre le Liban et Israël sur leur frontière maritime, qui permet le début de l’exploration et l’exploitation potentielle d’hydrocarbures offshore, il s’agit bien là de la seule note positive relevée. Difficile de faire mieux en effet quand, en sus de l’effondrement financier continu du pays, s’est installée une double vacance institutionnelle : le chef de l’État a terminé son mandat sans qu’un gouvernement de plein exercice ait été formé. Un état des lieux qui ne « pourra que retarder encore plus tout accord pour une résolution de la crise et les réformes » nécessaires.
Contraction du PIB en 2022
À partir de ce constat, la Banque mondiale passe ensuite d’un mauvais augure à l’autre, prévoyant notamment une contraction du PIB pour 2022 de 5,4 % pour une économie nationale qui fera donc de même, « quoique de manière quelque peu décélérée ». En piqûre de rappel, l’organisation a d’ailleurs souligné dans sa présentation hier qu’il s’agissait d’une « contraction continue depuis 4 ans », évaluée à « 37,3 % depuis 2018 », une estimation affinée par rapport aux précédentes, selon Dima Krayem.
La BM se désole également du poids de la dépréciation de la livre (le taux est passé de 1 507,5 livres pour un dollar à environ 40 000 LL en trois ans) sur l’inflation, qui devrait atteindre cette année « 186 % en moyenne », soit « l’une des plus élevées au monde », en raison notamment de la réduction des subventions de la Banque du Liban pour les biens essentiels et matières premières.
Le tout étant aussi influencé par l’instabilité internationale permanente, dont le conflit russo-ukrainien qui a entraîné une hausse des cours mondiaux des matières premières, notamment le blé dont le Liban est extrêmement dépendant. Dans son dernier rapport publié lundi, l’Administration centrale de la statistique a fixé ce taux en octobre en glissement annuel à 158,46 %. Selon nos calculs, il dépasse 1 500 % sur la période allant d’octobre 2019 à octobre dernier.
L'etat n'est pas une entite commerciale. Il n'engendre pas de perte, il n y a donc pas de perte a distribuer. Tout ce que l'etat a emprunte , il doit le rembourser. Je ne comprends pas cette manie que nous avons au Liban de redéfinir des concepts de base...
11 h 58, le 24 novembre 2022