Trois actions contre des banques par des déposants au Liban

Triple assaut contre des banques ce mercredi au Liban, du nord au sud du pays. Dans la matinée, des déposants ont braqué leur banque pour récupérer leur propre épargne à Tripoli et Tyr, tandis qu'un homme a démarré un sit-in devant une filiale de sa banque à Amioun, dans le Koura au Liban-Nord.

A Tyr, notre correspondant Mountasser Abdallah dans le Sud indique que le déposant Reda Reda est un ancien militaire originaire de la localité de Hanaouié, près de Tyr, et qu'il est entré non-armé dans sa banque, une filiale de Bank Audi. Des négociations sont en cours avec la banque, et les employés ont fermé les portes de l'établissement.

المودع رضا رضا يقتحم بنك عودة في مدينة صور طالبا المال لعلاج والدته المريضة بالسرطان pic.twitter.com/Y8h5vSSRVW

— جمعية المودعين اللبنانيين (@Lebdepositors) November 23, 2022

L'Association des déposants avait préalablement indiqué que l'homme "réclame de l'argent pour soigner sa mère atteinte d'un cancer", ce que confirme notre correspondant.

Sit-in à la Société générale
Par ailleurs, l'Association des déposants indique sur les réseaux sociaux qu'un déposant a organisé un sit-in devant une agence de la SGBL à Amioun, une localité du Koura au Liban-Nord. "Le docteur Anis Tannous organise un sit-in devant la Société générale et empêche toute personne d'entrer et sortir. Il demande le transfert du crédit étudiant de son fils aux États-Unis", précise l'association.

L'information a été confirmée à notre publication anglophone L'Orient Today par un membre du collectif Le Cri des déposants. Selon cette source, l'homme n'est pas armé et son épargne dépasse les 30.000 dollars. "La banque ne lui permet de retirer que 5 millions de livres par mois", ajoute cette source. Notre correspondant Michel Hallak ajoute que des forces de sécurité sont arrivées sur les lieux et que l'homme reste déterminé à ce que la banque autorise un virement depuis son compte vers celui de son fils. L'homme a placé un olivier devant la porte de la banque pour empêcher toute entrée ou sortie de l'établissement, ajoute notre correspondant.

الدكتور انيس طنوس يعتصم امام مصرف سوسيتيه جنرال فرع اميون ويمنع الولوج اليه والخروج منه طالباً تحويل قسط ابنه الجامعي في الولايات المتحدة. pic.twitter.com/Bs8qv3Hga1

— جمعية المودعين اللبنانيين (@Lebdepositors) November 23, 2022

15.000 dollars 
Au Liban-Nord également, une déposante a fait irruption mercredi dans les locaux d'une agence de la Banque Intercontinental du Liban (IBL) de Tripoli, accompagnée de sa mère malade, a indiqué l'avocat et activiste Rami Olleik à L'Orient-Le Jour.

Après des négociations de plusieurs heures, les collectifs Le Cri des déposants et Mouttahidoun ont annoncé que l'IBL s'est engagée à remettre à la déposante, Amina Mohammad, 15.000 dollars, dans un premier temps. La somme devra lui être remise jeudi.

Lors des négociations, l'établissement avait fermé ses portes.

Notre correspondant Michel Hallak indique qu'Amina Mohammad est diabétique et avait déjà réclamé auparavant à sa banque de pouvoir retirer son épargne. La banque lui avait proposé, à elle et à son mari, de retirer 5.000 dollars en devises, sur une épargne totale de 90.000 dollars, ce que le couple avait refusé. 

Dans un Liban en pleine crise économique où les banques ont mis en place des mesures de restrictions illégales sur les comptes des déposants, ce genre d'opération est devenu monnaie courante. Pas plus tard qu'avant-hier, un client avait fait irruption dans la banque al-Baraka à Hamra, en plein cœur de Beyrouth, pour réclamer l'épargne de sa mère. Après de longues heures de négociations, un accord avait été trouvé entre la banque et sa mère afin de restituer à la cliente 15.000 dollars du total de son épargne, qui s'élève à 132.000 dollars.