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Environnement - COP27 / ENTRETIEN

« Le gaz naturel ne peut pas faire partie de la solution contre le changement climatique »

Alors que ce combustible fait office de candidat idéal pour assurer la transition énergétique, David Tong, un activiste néo-zélandais pour le climat, a exposé à Charm el-Cheikh, lors de la COP27, les résultats d’une étude sur l’expansion actuelle de l’exploitation d’énergies fossiles. 

« Le gaz naturel ne peut pas faire partie de la solution contre le changement climatique »

Un navire transportant du gaz naturel liquéfié en Louisiane, aux États-Unis. Photo d'archive Reuters/Marcy de Luna

« N’exportez pas le chaos climatique, bannissez les combustibles fossiles ». Ce message a été brandi sur une banderole d’activistes de l’organisation 350.org mercredi, à deux jours de la fin de la COP27 qui se déroule à Charm el-Cheikh, en Égypte, et alors que la question des énergies fossiles et du financement de la transition énergétique est soulevée avec force dans les négociations.

Lors du sit-in de l'organisation 350.org mercredi, des messages sur l'arrêt du financement des énergies fossiles. Photo S.B.

Dans ce contexte où la question d’un « abandon progressif » ou d’une « réduction progressive » des énergies fossiles fait débat, beaucoup appuient l’idée que le gaz naturel, que le Liban espère extraire de ses eaux territoriales à la suite de l’accord sur le tracé de sa frontière maritime conclu récemment avec le voisin israélien, peut et doit être considéré comme une transition énergétique acceptable. La question divise, car si le gaz naturel est effectivement moins polluant que d’autres sources d’énergie comme le charbon, il reste néanmoins une énergie fossile.

« Le gaz naturel ne fait pas partie de la solution au changement climatique, soutient David Tong, de Oil Change International. Promouvoir n’importe quel combustible fossile ne peut en aucun cas être considéré comme un abandon des combustibles fossiles. Si l’on doit respecter l’objectif de l’Accord de Paris qui est de limiter le réchauffement à 1,5 degré, il faut arrêter tout investissement dans les énergies fossiles. »

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Le gaz naturel est toutefois moins polluant que d’autres, selon les arguments de ses défenseurs. Mais l’activiste n’en démord pas : « Si l’on tient compte du cycle de vie des émissions de gaz à effet de serre, même si l’on réduit aujourd’hui l’exploitation du charbon et que l’on étende les investissements dans d’autres énergies comme le gaz naturel en croyant réduire la pollution, cela signifie que l’on va enclencher des émissions qui perdureront bien au-delà de 2050. »

« Investir dans le désastre »
« Certains pays ayant des intérêts dans le secteur peuvent jouer la carte du gaz naturel comme faisant partie de la solution, ajoute David Tong. La réalité, c’est que pour les grandes compagnies pétrolières qui investissent lourdement dans le gaz, c’est toujours “business as usual”. 95 % des investissements de ce secteur ne vont pas dans les énergies renouvelables mais dans les combustibles fossiles. » Dans l’étude intitulée très à propos « Investir dans le désastre : les décisions récentes et à venir concernant les investissements du secteur de pétrole et de gaz au-delà de la limite de 1,5 degré » réalisée par Oil Change International, il est écrit que ce secteur s’apprête à une « nouvelle expansion » sur les trois prochaines années, « à moins que les gouvernements et les communautés n’y mettent un terme ».

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Le rapport révèle que « la nouvelle production de pétrole et de gaz approuvée jusque-là en 2022 et qui pourrait être approuvée au cours des trois prochaines années, a le potentiel d’émettre cumulativement 70 milliards de tonnes (Gt) de nouvelle pollution par le carbone. Cela équivaut à près de deux ans d’émissions mondiales de carbone provenant du secteur de l’énergie aux niveaux actuels, à 17 % du budget carbone restant de 1,5°C dans le monde (en référence au volume de gaz à effet de serre que nous pouvons encore émettre avant de dépasser le seuil du réchauffement de 1,5 degré), ou aux émissions du cycle de vie de 468 centrales électriques au charbon ». L’étude ajoute que les États-Unis et l’Arabie saoudite sont ceux qui ont la responsabilité la plus élevée en matière de projets approuvés cette année, à hauteur de plus de 50 % pour les deux pays.

Qu’en est-il de l’argument selon lequel on ne peut pas se passer totalement des énergies fossiles dans un avenir proche, pour ne compter que sur les renouvelables ? « Certainement qu’on le peut, répond David Tong. Dans mon pays, la Nouvelle-Zélande, les énergies renouvelables ont généré 99 % de l’électricité durant l’essentiel de la semaine qui vient de passer. Les énergies renouvelables assurent davantage l’accès à l’énergie équitable pour tous que les combustibles fossiles. »

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D’autres sources au sein de délégations ou d’ONG, qui ne souhaitent pas être nommées, estiment que si l’on doit rester réaliste, il faudrait envisager sérieusement la transition énergétique par le gaz. Il est certain, cependant, que la société civile (par militantisme) et de nombreux pays comme l’Inde (par tactique probablement, ce qui n’en reste pas moins significatif) revendiquent une « réduction puis un abandon progressif de toutes les énergies fossiles » durant cette COP27.

*Ce contenu a été préparé avec le support financier de l’Agence française du développement (AFD), dans le cadre du programme Qarib mis en place par CFI, agence française de développement médias. Ce contenu est de la seule responsabilité de L’Orient-Le Jour et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant les points de vue du CFI et de l’AFD. Les analyses, opinions et points de vue exprimés sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement ceux du CFI ou de l’AFD. Par conséquent, seule la responsabilité de l’auteur est engagée. 

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