Les députés libanais ont échoué jeudi, à l'issue d'une sixième réunion au Parlement, à élire un successeur au président Michel Aoun, dont le mandat est arrivé à terme le 31 octobre. Ce nouvel échec est intervenu après que plusieurs parlementaires, notamment du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) et du Hezbollah, se sont retirés de la séance à l'issue d'un premier tour de vote, ce qui a abouti à la perte du quorum.
Entre-temps, le pays demeure confronté, pour la première fois de son histoire, à une double vacance de l'Exécutif, alors que le gouvernement de Nagib Mikati est chargé d'expédier les affaires courantes depuis le 22 mai, à la suite des dernières législatives.
Selon le président du Parlement, Nabih Berry, le quorum de 86 députés sur 128 nécessaire a été assuré à l'ouverture de la séance mais a été perdu dès la fin du premier tour de vote.
Débat
La question du quorum a toutefois fait débat pendant trente minutes au début de la séance. C'est le député Kataëb Samy Gemayel qui a ouvert le bal en s'adressant à Nabih Berry : "Il est de notre droit de vous demander sur quel article vous vous appuyez pour assurer qu'un quorum de 86 députés est nécessaire à chaque tour", a-t-il lancé. "La façon dont le débat s'est clos la dernière fois est inacceptable", a-t-il également fustigé à l'adresse du président de la Chambre. M. Berry ne s'est pas privé de lui répondre en citant des propos précédemment tenus par le chef des Kataëb.
S'en est suivi un échange d'invectives entre Nadim Gemayel et le député Amal Kabalan Kabalan. D'autres parlementaires ont ensuite appelé à un dialogue autour de la Constitution et de ses articles. Nabih Berry a finalement tranché : "Ce n'est pas une séance de dialogue ! On vous avait dit dès le premier jour : il faut trouver un consensus", a-t-il asséné, avant que les députés ne soient appelés à voter.
Un vote pour Frangié
Après l'ouverture de la séance à 11h, un total de 112 députés ont voté au premier tour. 43 ont voté pour le parlementaire de Zghorta Michel Moawad qui avait obtenu 44 suffrages lors de la cinquième séance électorale ; 7 ont voté pour le professeur et universitaire respecté Issam Khalifé qui avait obtenu six voix la semaine dernière, et 46 ont voté blanc. Pour la première fois, un vote a été déposé dans l'urne en faveur de Sleiman Frangié, leader maronite et chef du mouvement des Marada.
Trois votes ont été accordés à l'ancien ministre de l'Intérieur Ziad Baroud, neuf pour le "Liban nouveau", un pour le député Michel Daher (grec-catholique) et deux bulletins ont été annulés.
Après la perte du quorum nécessaire, Nabih Berry a annoncé la tenue d'une nouvelle séance jeudi prochain, le 24 novembre.
"Arrangements au détriment des Libanais"
À l'issue de la séance, le député contestataire Marc Daou a affirmé que "Michel Moawad est désormais le meilleur choix", même s'il n'a pas voté pour lui lors de cette session. "Nous avons tenté une initiative et fait circuler des noms, comme Issam Khalifé ou Ziad Baroud, mais cela ne mène à rien", a-t-il ajouté au micro des télés locales. "Il faut voter pour quelqu'un qui peut gagner", a-t-il abondé, sans toutefois certifier qu'il voterait à l'avenir pour M. Moawad.
Ce dernier a souligné de son côté qu'un "accord de principe" a été trouvé avec Marc Daou et Najat Aoun Saliba, qui appartiennent au même parti issu de la contestation. "Mais cela n'a pas été traduit dans cette séance, car il faut d'abord qu'il y ait un consensus politique", a-t-il affirmé. "La situation est claire : il y a ceux qui veulent un scrutin purement libanais et ceux qui attendent des ingérences de l'extérieur", a-t-il lancé, faisant par là référence au camp du Hezbollah et de ses alliés. "Ces ingérences vont conduire à des arrangements au détriment des Libanais", a-t-il poursuivi.
Quant aux autres députés, ils ont de réitéré leurs positions déjà affirmées durant la séance. Le député FL Ghassan Hasbani a de nouveau appelé à "une séance d'explication de la Constitution", comme l'avait fait son collègue Georges Adwan dans l'hémicycle. Le député Amal Ali Hassan Khalil a quant à lui rappelé que Sleiman Frangié "n'a pas annoncé officiellement sa candidature", alors que le leader des Marada a obtenu une voix. "Il fait partie des noms autour desquels on peut discuter", a-t-il affirmé, assurant toutefois que le nom de M. Frangié n'a pas été clairement posé par son mouvement.
Les cinq séances précédentes s'étaient déjà soldées par des échecs. Lors du premier tour, le président devrait être élu avec 87 voix, alors qu'une majorité absolue de 65 voix est requise lors des tours suivants. Jusque-là, la Chambre n'est toujours pas parvenue à un deuxième tour de vote, les députés du camp du Hezbollah et ses alliés se retirant de la séance à l'issue des premiers tours, ce qui a à chaque fois conduit à la perte du quorum. A chaque nouvelle séance, M. Berry considère qu'il s'agit à nouveau d'un premier tour, et que le nombre de voix requis est de 86 pour élire un président. Ce qui est toutefois contraire à la Constitution.
commentaires (23)
Bonjour Beyrouth Eh ben c'est si dur "d'accoucher" normalement ,? ..;comme d'habitude ! Aucune surprise....Tant que ce pays ,un Lego ,aux briques non emboitables ,n'aura pas compris qu'il faut un suffrage universel ,on usera d'instruments iatrogènes! Les libanais ont deja assez soufferts je crois...Non? Allez quémander de Doha à Paris un quelconque conseil ne sers a rien ..; Il y a d'autres preoccupations bien plus urgentes !! Il n'y a pire sourd que celui qui ne veut entendre! Pour un Liban Laic! Bonne journée ( restons poli)
salamé riad
09 h 15, le 18 novembre 2022