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Sport - Basket

Sans leurs stars, les Cèdres renversent la Nouvelle-Zélande

Déjà qualifiés pour le prochain Mondial-2023, qui débutera en août prochain, les basketteurs libanais ont poursuivi leur sans faute en qualifications en dominant les « Tall Blacks » (77-65) jeudi au terme d’un intense combat au stade Pierre Gemayel de Beyrouth. 

Sans leurs stars, les Cèdres renversent la Nouvelle-Zélande

L’effectif libanais se regroupant au centre du parquet avant le coup d’envoi de la rencontre contre la Nouvelle-Zélande. Jad ABOU JAOUDE/OLJ

« Mais ils font quoi eux ? ». Dressé sur la pointe des pieds au bout de son siège, Omar regarde stupéfait ce qui doit être son premier haka. Ce n’est pas tous les jours que l’on assiste à un rituel maori en préambule d’un match de basket. Loin d’être impressionnées par cette danse guerrière interprétée, les travées quasi-complètes du stade Pierre Gemayel huent à l’unisson les douze joueurs néo-zélandais. Sans tenir compte des « Stay Cool » imprimés sur son sweatshirt, le môme de 8 ans à peine pointe ses deux pouces vers le bas avant de lancer, avec ses deux mains en guise de porte-voix: « C’est nous qui allons vous démonter ! »

Omar et les « Tall Blacks » ont déjà annoncé la couleur. Bien que les deux équipes soient déjà mathématiquement qualifiées pour les phases finales de la Coupe du Monde (qui se disputera l’été prochain en l’Indonésie, au Japon et aux Philippines), ce duel pour la première place du groupe sera un combat acharné.

La vie sans WaëlIl est un peu plus de 21h lorsque Mohammed Doost, l’arbitre iranien, siffle le coup d’envoi et que Jonathan Arledge récupère le ballon du haut de ses 2m06 pour offrir aux Cèdres la première possession de la partie. En l’absence de plusieurs joueurs-clés encore convalescents: Waël Arakji (présent en tribunes pour supporter ses coéquipiers) et Sergio Darwiche pour ne citer qu’eux, Jad el-Hajj a dû grandement remanier son cinq majeur.

Ali Mezher débute ainsi au poste de meneur de jeu en compagnie de Jad Khalil à l’arrière. Karim Zeinoun occupe l’aile tandis qu’Arledge, le joueur du FC Porto récemment naturalisé en juin 2022, et le capitaine Ali Haïdar sont placés à l’intérieur de la raquette. Ils sont opposés à Taylor Britt, Ethan Rusbatch, Tohi Smith-Milner, Hyrum Harris et Jordan Ngatai côté néo-zélandais.

Dès la première possession, Khalil trouve Haïdar dans le trafic qui fixe son adversaire avant lever les bras et de réussir son premier tir du match (2-0). Le pivot du Dynamo Lebanon a les mains déjà chaudes, en témoigne son shoot à 3 points répondant à celui de Smith-Milner quelques secondes plus tôt (5-3).

Devant une rencontre qui peine encore à s’emballer, où les tirs manqués et les pertes de balle se succèdent de part et d’autre, les 5 000 supporters libanais essaient de donner de la voix. Entre deux chants à la gloire d’Ali Haïdar, dont le total grimpe à sept points après un magnifique step-back (12-14), les fans libanais entonnent à l’unisson des refrains qu’Omar connaît sur le bout des doigts: « El’ab ya Lubnen, el’ab ya Lubnen ! » (Joue Liban) s’époumone celui qui en est loin d’être à son premier match de basket. « Dès que je peux voir un match de la sélection, je l’emmène avec moi », résume son père.

Les joueurs libanais venant remercier leurs supporters après leur succès acquis aux dépens de la Nouvelle-Zélande (77-65) jeudi 10 novembre au stade Pierre Gemayel de Beyrouth. Jad ABOU JAOUDE/OLJ

Après un dernier layup signé Rustbatch (18-22) et un tir désespéré de Ali Mansour au buzzer qui atterrit en plein sur un malheureux cameraman, les Cèdres concluent un premier quart-temps plutôt brouillon. Les entrants n’ayant que trop peu apportés, le technicien libanais relance Khalil et Mezher, qui se met rapidement en évidence en interceptant un ballon au milieu de terrain, après un pressing efficace d’Arledge, et ramène les siens à deux unités (23-25).

Mais alors que les visiteurs reprennent 7 longueurs d’avance au bout de 15 minutes de jeu (26-33), deux énormes tambours pénètrent dans l’enceinte et redonnent soudainement un second souffle au public alors que les premiers geste de frustration se font de plus en plus nombreux du côté d’Omar et de ses voisins. Sous les applaudissements parfaitement synchronisés du stade tout entier, Ali Mansour inscrit 3 points qui font le plus grand bien à des Cèdres qui semblaient être en train de perdre le fil (29-37). Ces derniers reviennent à deux possessions grâce aux premiers points marqués par Arledge venant claquer un dunk rageur (31-37), score sur lequel se conclut le premier acte.

Haïdar taille patron

Menés au score de puis la 3e minute de jeu, les hommes de Jad el-Hajj et de Marko Filipovic, son assistant bosnien tout aussi remuant que lui sur le banc, reviennent des vestiaires avec de tout autres intentions. Loin de leurs standards habituels en première période, les Libanais entament tambours battant cette troisième reprise avec beaucoup plus d’agressivité et de lucidité dans les dernières passes.

Après un lancer franc de Khalil (32-37), Hayk Gyokchyan, l’imposant ailier fort du Beirut Club, empile 5 points qui égalisent les débats (37-37) avant que Mansour n’enchaîne deux nouveaux paniers à courte distance (41-37). Un cinglant 10-0 en l’espace de 3 minutes qui fait littéralement exploser le stade et oblige Pero Cameron, le coach néo-zélandais, de poser un temps-mort.

Dominant lors des 20 premières minutes, les « Tall Blacks » semblent avoir perdu leur adresse au shoot alors que la pression et le niveau sonore montent d’un cran supplémentaire à chaque nouveau panier converti par des Libanais transfigurés. Portés par le « kop » improvisé derrière l’un des paniers et leurs chants rivalisant d’inventivité: « Menchen Allah, Lubnen yallah » (Pour Dieu, allez le Liban) et autres « Ali Mansour, hayda almashrou’ » (Ali Mansour, c’est ça le projet), les Cèdres creusent un écart de 5 points qu’ils ne lâcheront quasiment jamais jusqu’à la fin de la rencontre.

Grâce à un Ali Haïdar des grands soirs, toujours aussi précieux en défense et adroit en attaque (il finira la partie avec 21 points et 5 rebonds au compteur, soit le plus gros total du match), bien aidé par Khalil (11 points 5 passes) et la seconde période explosive de Hayk (10 points, 9 rebonds), les locaux montrent que leur force collective est bien supérieure à celles de leurs adversaires, qu’ils avaient déjà dominés de la même manière en juillet dernier à Jakarta (86-72).

Prêt à tout pour faire gagner ses protégés, Omar emprunte l’iPhone de son père et agite frénétiquement le flash de l’appareil dans l’axe de vision d’un joueur néo-zélandais, essayant de se concentrer sur la ligne des lancers francs. D’abord amusé par les excès de zèle de son fils, le paternel finit par récupérer sans sommation le smartphone flambant neuf à force de le voir naviguer au-dessus du vide. Omar retourne alors à ses popcorns, et il ne tarde pas à les projeter sur ses voisins lorsque Karim Ezzedine, le pivot du Dynamo Lebanon, marque de près tout en gagnant la faute (61-53).

« Culture de la gagne »

Le quatrième et dernier quart-temps ne se terminera toutefois pas aussi tranquillement qu’il avait débuté. Profitant d’un léger trou d’air adverse, les « Tall Blacks » recollent contre toute attente 3 unités (68-65) à seulement 2 minutes du terme. Mais il était clair que ce match ne pourrait échapper aux Cèdres. Haïdar, encore lui, stoppe l’hémorragie (70-65) et inspire Zeinoun qui sort de sa boîte au meilleur des moments en claquant deux paniers coup sur coup dont un 3 points mettant un terme définitif à tout suspense. Jeu, set et match Liban. Score final: 77-65.

Le meneur d’al-Riyadi se permet même de mimer un joueur de guitare en guise de célébration. De quoi faire sauter de joie Jad El-Hajj qui se précipite dans les bras de Filipovic. Haïdar harangue la foule qui n’a plus qu’une seule envie: rentrer sur le parquet pour féliciter son héros. Le speaker du stade passe soudain de l’anglais à l’arabe pour sommer les intrus de quitter le terrain.

Omar aurait bien aimé se mêler au mouvement de foule mais il est retenu par son vigilant paternel qui le canalise en le hissant sur ses épaules: « On est champions du monde ! », ose même le basketteur en herbe. « Je n’ai pas pu l’inscrire dans un club cette année, confiait son père quelques minutes plus tôt. Mais il joue souvent avec ses copains de l’école et l’année prochaine je pourrai lui payer une licence inch’Allah. »

Ce dernier n’est pas le seul à être emporté par une soudaine vague d’optimisme et de satisfaction: « Honnêtement, on savait que cela allait être très difficile sans nos joueurs-clés, a résumé Jad el-Hajj en conférence de presse d’après-match. Notre objectif était de maintenir les Néo-Zélandais en-dessous de 70 points et de gagner ce match grâce à notre défense. C’est ce qu’il s’est passé et cela montre que nous sommes en train de devenir une équipe de plus en plus complète. C’est très encourageant pour la suite », a conclu l’entraîneur libanais qui a assuré qu’ils joueraient avec « la même concentration » dans deux jours contre l’Inde.

Si les Cèdres sont encore loin d’avoir soulevé le titre suprême comme l’appelle Omar de ses vœux, la route pour y parvenir est désormais plus que dégagée. La rencontre de dimanche, face à un adversaire dernier du groupe et d’ores et déjà hors-course pour la qualification, ne devrait qu’être une formalité. « Il n’y a jamais d’adversaire facile, a nuancé el-Hajj. Ce n’est qu’en jouant tous nos matchs de cette façon que l’on pourra instaurer une véritable culture de la gagne. C’est la seule voie à suivre pour devenir une grande équipe. »

Loin de tirer des plans sur la comète, le sélectionneur a bien conscience que la route jusqu’aux sommets réservés aux toutes meilleures nations mondiales sera encore longue. Mais nul doute qu’aux yeux de leurs plus jeunes admirateurs, ces Cèdres-là sont déjà très grands. 

« Mais ils font quoi eux ? ». Dressé sur la pointe des pieds au bout de son siège, Omar regarde stupéfait ce qui doit être son premier haka. Ce n’est pas tous les jours que l’on assiste à un rituel maori en préambule d’un match de basket. Loin d’être impressionnées par cette danse guerrière interprétée, les travées quasi-complètes du stade Pierre Gemayel huent à...

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MALGRÉ LES MOYENS DÉRISOIRE QU'ILS ONT, GRAND BRAVO

Gebran Eid

18 h 54, le 11 novembre 2022

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Commentaires (1)

  • MALGRÉ LES MOYENS DÉRISOIRE QU'ILS ONT, GRAND BRAVO

    Gebran Eid

    18 h 54, le 11 novembre 2022

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