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Politique - Présidentielle

Au-delà de la farce, les trois points à retenir

Nabih Berry a fixé au 17 novembre la date de la prochaine séance consacrée à l’élection du chef de l’État.

Au-delà de la farce, les trois points à retenir

Michel Moawad en discussion avec des députés du bloc de la Modération nationale, hier à la Chambre. Photo Mohammad Yassine

Épisode 5 : « Sur quel article de la Constitution vous basez-vous pour considérer que c’est le quorum des deux tiers qui est requis pour l’élection d’un président (au deuxième tour) ? » demande le chef des Kataëb, Samy Gemayel, au président de la Chambre, Nabih Berry. « (Sur) un article qui tend sa jambe par la fenêtre », rétorque le chef du législatif sur son habituel ton badin. En arabe, c’est un jeu de mots impliquant le terme «  méddé » qui veut dire à la fois « article de loi » et le verbe « tendre ».

Samy Gemayel connaît la réponse. C’est l’article 49 de la Constitution qui l’apporte. Le quorum des deux tiers est requis pour élire un président dès le premier tour. Mais à partir du deuxième tour, la majorité absolue (la moitié plus un) suffit. Un point que Melhem Khalaf, député relevant du mouvement de contestation, a également soulevé durant la séance électorale tenue hier place de l’Étoile. Il a dans ce cadre rappelé que l’article 74 de la loi fondamentale stipule qu’en période de vacance, le Parlement se réunit de facto pour élire un chef de l’État, et ne fait pas mention du quorum requis pour la tenue de la séance, encore moins du scrutin. « Nous essayons de trouver une issue à la crise », explique M. Khalaf à L’Orient-Le Jour.

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Nabih Berry ne l’entend pas de cette oreille. Il préfère se fier à sa « propre jurisprudence », comme il l’avait déclaré à L’OLJ il y a près de deux semaines. Pour pousser les protagonistes à s’entendre en amont sur le futur chef de l’État, il s’en tient au quorum des deux tiers. Rien n’est donc à attendre avant qu’un tel accord ne soit atteint. Entre-temps, la farce électorale se prolonge, dans un exercice tellement inutile que même les principaux acteurs ne le prennent plus au sérieux. Preuve en est, le nombre d’absences qui a grimpé de 4 lors de la première séance (le 29 septembre dernier) à 20 lors de la réunion de jeudi. Il reste que quelques conclusions sont à tirer de cet épisode, en attendant la prochaine séance fixée au 17 novembre.

• Moawad améliore son score  : Michel Moawad, député de Zghorta et candidat d’une large frange de l’opposition, dont les Forces libanaises, le Parti socialiste progressiste et les Kataëb, est parvenu à améliorer son score, le faisant passer de 39 lors de la dernière réunion à 44 hier. Il s’agit naturellement des voix de 18 parlementaires FL (le député kesrouanais Chawki Daccache ayant manqué le rendez-vous), de 3 de leurs collègues Kataëb (qui se sont rendus à la Chambre sans Élias Hankache), des 4 membres du bloc du Renouveau, mené par le candidat lui-même, et des 8 parlementaires joumblattistes. De même, des figures indépendantes telles que Ghassan Skaff, Bilal Hocheimi, Jamil Abboud et Jean Talouzian ont voté pour le candidat zghortiote. De source parlementaire, on croit savoir que Charbel Massaad, député de Jezzine, aurait voté Moawad aussi.

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Une information que L’OLJ n’a toutefois pas pu confirmer auprès de l’intéressé qui n’a pas donné suite à nos appels. à leur tour, et dans un coup porté au bloc parlementaire de la thaoura, Waddah Sadek et Rami Fanj (contestation) ont de nouveau déposé le nom de Michel Moawad dans l’urne. Il aurait obtenu 49 voix si l’on ajoutait celles de MM. Hankache et Daccache, ainsi que Nehmat Frem, Ihab Matar et Michel Daher, qui ne se sont pas rendus à l’hémicycle hier. Mais cette fois-ci, l’amélioration du score de M. Moawad n’est pas uniquement arithmétique. Le député de Zghorta est en effet parvenu à rallier à sa cause 4 députés relevant du bloc de la Modération nationale, rassemblant des députés du Nord majoritairement sunnites ex-haririens. « C’est à la demande de M. Moawad que nous avons opté pour cette démarche », confie un des membres de ce bloc sous couvert d’anonymat.

• Le bloc « blanc » se réduit : en face, le nombre de votes blancs se réduit d’une séance à l’autre. Un phénomène qui s’explique principalement par le nombre d’absences enregistrées par les députés de ce camp. Hier, 47 députés ont déposé un bulletin sans nom dans l’urne. Il s’agit du Hezbollah et de ses alliés. Une fois de plus, le parti chiite a réussi à souder les rangs de son camp derrière le vote blanc en attendant une entente élargie autour du futur président de la République. « Le vote blanc exprime un refus de tout candidat de défi », a expliqué le bloc parlementaire du Hezbollah dans un communiqué publié à l’issue de sa réunion hebdomadaire. Le groupe fait clairement allusion à Michel Moawad, connu pour ses positions hostiles à l’arsenal du parti de Dieu. La formation jaune a estimé que « ceux qui plaident pour une élection rapide devraient être conscients que l’entente est le chemin le plus court » vers la tenue de l’échéance.

Pour le moment, le parti de Dieu parvient à maintenir l’unité des rangs de ses alliés en dépit de la toute dernière escalade verbale du CPL, qui avait menacé de rompre avec la stratégie du vote blanc. Ne voulant pas appuyer son principal adversaire, le chef des Marada, Sleiman Frangié, et encore moins le candidat de l’opposition, Michel Moawad, Gebran Bassil a fini par se plier aux exigences de son allié chiite. Les parlementaires de son bloc ont donc, une nouvelle fois, voté blanc hier. De sources parlementaires concordantes, on apprend toutefois que le vice-président de la Chambre, Élias Bou Saab, aurait fait cavalier seul en accordant sa voix à Ziad Baroud, ancien ministre de l’Intérieur, dont le nom est évoqué dans les coulisses depuis des mois mais qui ne s’est pas officiellement lancé dans la course pour Baabda.

• La contestation ébranlée : la séance de jeudi est sans doute celle qui a consacré l’éclatement du bloc des parlementaires de la thaoura. Secoué par les départs de Waddah Sadek (qui a voté Moawad) et Michel Doueihy (qui a inscrit le terme « plan B » sur son bulletin), le bloc des contestataires est arrivé en rangs dispersés. En effet, deux députés, Najate Saliba et Marc Daou, se sont ralliés à 4 de leurs collègues du Liban-Nord, et à Abderrahmane Bizri, pour voter « le nouveau Liban ». De leur côté, Melhem Khalaf et son collègue beyrouthin Ibrahim Mneimné ont accordé leur voix à l’universitaire Issam Khalifé. Ce dernier – dont le score est passé de 10 à 6 voix – a également obtenu le soutien de Halimé Kaakour, Cynthia Zarazir et Oussama Saad. Rami Fanj a voté Moawad et Élias Jaradé, député de Marjeyoun, a été le seul député à voter pour Ziad Hayek, ancien secrétaire général du Conseil supérieur de la privatisation, qui a annoncé sa candidature à la présidence il y a quelques semaines.

Épisode 5 : « Sur quel article de la Constitution vous basez-vous pour considérer que c’est le quorum des deux tiers qui est requis pour l’élection d’un président (au deuxième tour) ? » demande le chef des Kataëb, Samy Gemayel, au président de la Chambre, Nabih Berry. « (Sur) un article qui tend sa jambe par la fenêtre », rétorque le chef du législatif...

commentaires (13)

Non seulement funambule de politique mais aussi blagueur de mauvais gout..en attendant sa prochaine tirade....

Encoreeutilfallukejelesu

08 h 28, le 12 novembre 2022

Tous les commentaires

Commentaires (13)

  • Non seulement funambule de politique mais aussi blagueur de mauvais gout..en attendant sa prochaine tirade....

    Encoreeutilfallukejelesu

    08 h 28, le 12 novembre 2022

  • Avec ses milliards, de dollars bien sûr, il peut se permettre des blagues aussi maussades qu'elles puissent être, par contre, le peuple lui pleure de se voir traiter de la sorte...

    Wlek Sanferlou

    20 h 22, le 11 novembre 2022

  • Quant un "gouvernement" se fout eperdument du peuple, du pays, et de la nation, il incombe au peuple de le larguer de facon pacifiste mais permanente. Comme membre de la diaspora, c'est facile a dire, mais il faut se detacher de ce qu'ils font et creer nous meme une sorte de co-op libanaise laique virtuelle, a laquelle pourraient participer tous les Libanais a travers le monde. Ainsi, les retombees economiques generees par la cooperative, ne beneficieraient aucunement aux brigands qui siegent au Parlement, mais bien seulement aux membres de la coop. "Yalla Zone" si on veut... le droit d'entree serait un passeport Libanais ou une Hawiyye...je reve an couleurs, mais ce n'est pas aussi fou que ca finalement...

    Charles Ghorayeb

    17 h 46, le 11 novembre 2022

  • Le patriarche avait eu raison dans son homélie il y a quelques jours ! Et en plus nous avons à la direction un clown. Dur, dur

    Bassam Youssef

    15 h 35, le 11 novembre 2022

  • Les règles générales qui gouvernent EN DROIT la notion de quorum n'ont pas été inventées ni avant ni après Taëf. Dans une séance d'élection le quorum de 86 est obligatoire pour ouvrir la séance, mais si au 2ème tour certains partent, car ils ne veulent pas voter après le premier tour, leur geste relève de l'abstention et ne remet pas en question pas le quorum déjà atteint.

    Céleste

    11 h 47, le 11 novembre 2022

  • Tant que les députés continuent à suivre les manigances de Berry sans le rappeler à l’ordre, il les mènera la où il veut et finira par gagner la bataille à l’usure. Ça a toujours été son mode de fonctionnement et les opposants ne font que répéter leurs erreurs en lui facilitant la tâche. Bougez-vous et trouvez une solution pour le destituer pour manquement à son devoir et pour le non respect de la constitution. On n’a jusqu’alors entendu aucune menace de ce genre qui pourrait le stopper.

    Sissi zayyat

    11 h 33, le 11 novembre 2022

  • MICHEL MOUAWAD ET SON ENTOURAGE CONTINUENT À CROIRE QUE LES HUIT PIONS DU JOUMBLATT SONT DANS LA POCHE ACQUIS. L 'HEURE DU VRAI VOTE, CES MOUTONS LÀ VONT DÉPOSER LEUR VOTE POUR SLEIMAN 2 LE CANDIDAT DU BERRY ET L'AMI PERSONNEL DU CAMÉLÉON WALID.

    Gebran Eid

    11 h 16, le 11 novembre 2022

  • Le hezbollah qui n’a fait qu’imposer son dictat par le défi veut imposer une ordure qui lui laissera les mains libres pour en finir avec le Liban…

    Zeidan

    11 h 05, le 11 novembre 2022

  • Ne pourrait-on pas debattre de choix de politiques plutot que de choix de personnes? Les forces du changement ne pourraient-elles pas se mettre d'accord sur la gestion de leurs differences pour sauvegarder l'interet commun?

    Baddoura Rafic

    11 h 01, le 11 novembre 2022

  • La farce , c' est celuji qui est a la tete du parlement..!

    LeRougeEtLeNoir

    09 h 49, le 11 novembre 2022

  • Nous, le petit peuple, retenons trois points: 1) une kyrielle de soi-disant "députés" qui manifestement ne savent pas ce que cette fonction signifie réellement pour eux, mais excellent par contre dans le ridicule 2) leur "chef"...lui...sait plaisanter, mais ne le supporte pas de la part de ses "collègues" présents dans la salle 3) tout ce beau monde ne sert strictement à rien pour notre malheureux pays, sauf à ternir de plus en plus sa réputation. Dites, pour quand un grand coup de balai pour nous débarrasser de ces parasites inutiles ??? -Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 51, le 11 novembre 2022

  • Il semble que Berry ne sache pas compter au0delà de 1. Comptons les tours d'élection présidentielle. 1+1+1+1+1 = 1 ! Par ailleurs, il d'érige en maître de la Constitution. Celle-ci prévoit que toute modification nécessite l'accord des 2/3 des députés, mais lui peut la modifier à son gré sans faire appel au vote!

    Yves Prevost

    07 h 47, le 11 novembre 2022

  • Le vote est normalement confidentiel !!!

    Céleste

    01 h 26, le 11 novembre 2022

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