Le Liban et Israël, pays voisins officiellement en état de guerre, ont conclu jeudi un accord délimitant leur frontière maritime après des mois de négociations ardues par l'entremise des Etats-Unis, qui assure la répartition de précieux gisements gaziers offshore en Méditerranée orientale.
En fin d'après-midi, des délégations libanaise et israélienne ont ainsi procédé à un échange de lettres qui a marqué la conclusion formelle de l'accord, lors d'une cérémonie au siège de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), dans la localité frontalière libanaise de Naqoura, en présence du médiateur américain Amos Hochstein et de la coordinatrice spéciale de l'ONU au Liban Joanna Wronecka. Une procédure intervenant après la signature de copies du texte, plus tôt dans la journée, par le président libanais Michel Aoun à Baabda et par le Premier ministre israélien Yaïr Lapid à Jérusalem.
Les délégations, qui étaient installées à des endroits différents, ont officiellement remis les documents signés à l'envoyé américain, tandis qu'une lettre, signée côté libanais par le ministre sortant des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib et confirmant les coordonnées de la frontière a été remise à la représentante du secrétaire général des Nations unies Joanna Wronecka, pour dépôt aux Nations unies conformément aux mécanismes du droit de la mer, en présence de l'ambassadrice de France Anne Grillo.
Un protocole compliqué a été conçu pour s'assurer que la signature de l'accord, qui a été négocié pendant plusieurs années, ne soit pas considérée comme une étape ouvrant la voie à la paix entre les deux pays voisins.
Les délégations et l'envoyé américain, médiateur de l'accord, étaient arrivés plus tôt dans la journée à Naqoura, malgré un incident qui avait retardé l'entrée des négociateurs libanais dans la base de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), qui refusaient de pénétrer dans le bâtiment tant qu'un bateau militaire israélien se trouvait dans les eaux territoriales libanaises.
Du côté du Liban, la délégation libanaise est composée du directeur général de la présidence, Antoine Choucair, du général de brigade Mounir Chéhadé, du président du conseil d’administration de l’Autorité de l’énergie, Wissam Chbat, et d'Ahmad el-Arfé, président du Centre de conseil juridique au ministère des Affaires étrangères.
Joe Biden exprime sa satisfaction
Les médias n'ont pas eu accès au bâtiment de la Finul, autour duquel sont déployés les casques bleus et l'armée libanaise, alors que des hélicoptères de la force onusienne survolent la zone, selon un photographe de l'AFP.
Peu après la signature, le président américain Joe Biden s'est félicité de cet accord. "Aujourd'hui, l'accord visant à mettre fin au différend sur la frontière maritime entre Israël et le Liban est entré en vigueur. Cet accord historique favorise les intérêts des deux pays et de la région, et ce moment marque un nouveau chapitre de prospérité et d'espoir. Félicitations à toutes les parties concernées", a-t-il tweeté. Mercredi soir, Joe Biden s'était félicité de la signature imminente de l'accord, disant qu'il avait fallu des "tripes" pour le conclure.
Pour sa part, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah a évoqué jeudi soir une "grande victoire" pour le Liban, annonçant dans la foulée la fin de la mobilisation "exceptionnelle" du parti chiite face à Israël.
La coordinatrice spéciale de l'ONU au Liban Joanna Wronecka s'est félicitée de "la remise des lettres liées à la démarcation de la frontière maritime suite à une médiation américaine réussie, dirigée par Amos Hochstein", saluant un "succès historique à plusieurs niveaux", rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). "J'espère que cela représente une étape pour bâtir la confiance, renforcer la sécurité et la stabilité de la région et garantir les bienfaits économiques aux deux pays". Mme Wronecka, qui remettra les documents aux Nations unies à New York, ajoute que l'ONU "restera engagée pour travailler avec les deux parties sur l'application" de cet accord.
Plus tôt dans la journée, après la signature de l'accord au Liban par Michel Aoun, le vice-président du Parlement, Elias Bou Saab avait précisé de Baabda que l'accord serait remis à M. Hochstein à Naqoura par la délégation libanaise. "La signature d'un tel accord est un accomplissement historique", avait encore déclaré celui qui était le principal négociateur pour le Liban.
S'exprimant également du palais présidentiel, Amos Hochstein avait lancé : "Nous vivons un jour historique", soulignant que l'accord permettra de "stabiliser les deux côtés de la frontière". Il avait espéré que l'accord marquera un "tournant" économique qui sera "bientôt ressenti par les citoyens" libanais, en permettant notamment à Beyrouth de commencer à "travailler dans le bloc 9", frontalier de sa Zone économique exclusive. "Personne ne prendra les revenus de ce bloc du Liban", avait-il ajouté. "L'accord entre ces deux pays qui n'ont pas de relations diplomatiques garantira qu'aucune des deux parties ne pourra accaparer la part de l'autre", selon lui.
"Des années de travail acharné"
Amos Hochstein s'était ensuite rendu au Grand Sérail, où il avait été reçu par le Premier ministre sortant Nagib Mikati, en présence de Elias Bou Saab, Abbas Ibrahim, de l'ambassadrice des Etats-Unis au Liban Dorothy Shea et de l'ancien ministre de l'Economie Nicolas Nahas.
Dans un communiqué publié l'issue de cette réunion, M. Mikati avait espéré que "ce que nous avons réalisé constituera une étape essentielle sur la voie de l'exploitation des richesses gazières et pétrolières du Liban, ce qui contribuera à résoudre les crises financière et économique que traverse le Liban et aidera l'État libanais à se relever". Il avait ajouté que "la coopération entre les différents responsables libanais, avec l'aide des amis du Liban, a permis de réaliser cette étape qualitative essentielle dans l'histoire du Liban, après des années de travail acharné", soulignant que le soutien "personnel du président américain Joe Biden et du président français Emmanuel Macron a donné l'impulsion à une nouvelle voie dans la région et à soutenir le Liban pour rétablir son redressement économique".
Les responsables libanais mentionnent régulièrement les retombées économiques de l'accord, mais les projections sont très difficiles avant qu'une découverte tangible ne soit faite dans le bloc 9 de la ZEE.
Jeudi après-midi, M. Hochstein avait également rencontré le président du Parlement, Nabih Berry. Selon une déclaration publiée par le bureau des médias de Nabih Berry, il avait estimé que "quels que soient les résultats des élections (en Israël, ndlr) et qui sera le prochain président du Liban, je suis sûr que cet accord est sûr et protégé et qu'il doit être mis en œuvre par toutes les parties". Les élections israéliennes, attendues début novembre, "ne sont ni les premières ni les dernières. Il s'agit d'un accord entre deux gouvernements, qui est contraignant pour les deux parties et le restera." "Je ne suis pas inquiet de la mise en œuvre de cet accord", avait-il déclaré.
Signature à Naqoura
Du côté israélien, le gouvernement avait, lui, officiellement approuvé l'accord dans la matinée, qui a ensuite été signé par le Premier ministre Yaïr Lapid. "Il s'agit d'un accomplissement politique, ce n'est pas tous les jours qu'un Etat ennemi reconnaît l'Etat d'Israël dans un accord écrit et ce, devant l'ensemble de la communauté internationale", a déclaré M. Lapid de la réunion.
Une déclaration à laquelle le président libanais avait rétorqué, sur Twitter, que l'accord est purement "technique" et n'a aucune "dimension politique".
Cette finalisation d'un accord considéré comme "historique" par toutes les parties impliquées a eu lieu alors que l'aviation israélienne a survolé intensément plusieurs régions du Liban ce matin et effectué des raids fictifs dans le Sud du pays.
L'accord a été conclu après des années de médiation américaine. Il va permettre aux deux pays d'exploiter des gisements gaziers en Méditerranée orientale. Le groupe énergétique Energean a d'ailleurs lancé mercredi la production de gaz naturel sur le gisement offshore de Karish au large d'Israël.
En attendant,c’est notre scarlet a nous qui a été récemment décoré par aoun. (Les italiens appellent ca Nobilta Della Scarlett’s en reference aux titres de noblesses distribues par VE II a son depart suite a la naissance de la république italienne) Surprise, surprise
20 h 09, le 27 octobre 2022