Les députés libanais ont échoué lundi, à l'issue d'une quatrième réunion au Parlement, à élire un successeur au président Michel Aoun dont le mandat expire le 31 octobre. Ce nouvel échec est intervenu après que plusieurs parlementaires, notamment du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) et du Hezbollah, se sont retirés de la séance à l'issue d'un premier tour de vote, ce qui a abouti à la perte du quorum.
Selon le président du Parlement, plus de 110 députés ont assisté à la séance, donc plus du quorum de 86 députés sur 128 nécessaire. Les députés qui se sont absentés avec une excuse officielle sont Hassan Mrad, Hussein Haj Hassan, Jihad el-Samad, Nadim Gemayel, Ziad Hawat, Elias Khoury et Tony Frangié.
Moawad perd des voix
Après l'ouverture de la séance à 11 h, un total de 114 députés ont voté au premier tour. Trente-neuf ont voté pour le parlementaire de Zghorta Michel Moawad qui avait obtenu 42 suffrages lors de la troisième séance électorale ; 50 ont voté blanc ; 13 ont voté "Le nouveau Liban" ; dix ont voté pour le professeur Issam Khalifé, et deux bulletins ont été annulés.
Après la perte de quorum, M. Berry a d'abord fixé une cinquième séance électorale au jeudi 27 octobre à 11h, avant d'ajouter qu'il confirmerait cette date ultérieurement.
S'adressant à la presse après la fin de la séance, Michel Moawad a estimé avoir "obtenu à peu près le même nombre de voix" que lors de la dernière séance. "Je n'ai perdu qu'une seule voix en comparaison avec la dernière séance, vu que trois députés des Forces libanaises (Ziad Hawat, Georges Okais, Elie Khoury) et un député des Kataëb Nadim Gemayel étaient absents", a-t-il dit.
Dans les faits, le fils de l'ancien président René Moawad, assassiné en 1989, a obtenu trois voix de moins que lors de la dernière séance jeudi dernier.
Le bloc de la contestation perd encore un membre
Le député issu de la contestation, Waddah Sadek, a déclaré quant à lui avoir voté pour Michel Moawad et non pour Issam Khalifé, militant et professeur universitaire respecté, affirmant que ce dernier est un candidat "crédible" mais "il a un enregistrement audio qui s'est répandu disant qu'il ne veut pas se porter candidat". M. Sadek a rejoint l'ancien député des Forces du changement Michel Douaihy en quittant ce groupe parlementaire composé auparavant de 13 députés. "Je suis un député du changement, mais en dehors de ce bloc", a-t-il dit.
Réagissant aux déclarations de son collègue, M. Firas Hamdan a déclaré que "chaque député est libre de se positionner comme il l'entend". Notre choix aujourd'hui était Issam Khalifé, en raison de ses valeurs et de son passé".
Dialogue élargi
"Je ne pense pas que quelque chose va changer. Nous nous dirigeons vers un dialogue la semaine prochaine ou celle d'après", a estimé le député du Parti socialiste progressiste (PSP, de Walid Joumblatt) Hadi Aboul Hosn. La veille, M. Berry avait confié au journal panarabe al-Chark al-Awsat qu'il appellera à "un dialogue ouvert" après la fin du délai constitutionnel, le 31 octobre, pour élire un nouveau président.
De son côté, le député Achraf Rifi a indiqué que "certains députés du groupe parlementaire de la Modération nationale n'ont pas voté pour Michel Moawad, ce qui a engendré une baisse du nombre de voix qu'il a obtenues", les députés de la Modération nationale étant ceux de l'ancien Courant du Futur de Saad Hariri.
"Le blocage est dû au fait que le Parlement ne parvient pas à élire un président et non à cause des votes blancs", s'est pour sa part défendu le député du CPL Alain Aoun, alors que le camp aouniste continue à voter blanc depuis la première séance, tout comme le Hezbollah et le mouvement Amal. "L'élection d'un président se fait en assurant un minimum de consensus", a-t-il estimé, soulignant "la nécessité d'un dialogue sérieux d'une séance à l'autre". "Si tous les groupes continuent à camper sur leurs positions, on ne pourra pas parvenir à une entente", a-t-il ajouté. Il a enfin salué l'appel au dialogue lancé par M. Berry.
Pour le député Georges Adwan, vice-président des Forces libanaises, son groupe parlementaire "continue avec notre choix clair en faveur de Michel Moawad". Il a invité tous les autres blocs parlementaires à choisir leur candidat présidentiel et ajoutant que M. Moawad est un candidat "souverainiste" et "réformateur".
"Mes condoléances"
Le député Jamil Sayyed, proche du régime syrien et du Hezbollah, a déclaré à la presse qu'il avait déposé un bulletin sur lequel il a inscrit "Awad bi Salemetkoun" ("Mes condoléances" en arabe), autrement dit un bulletin qui sera annulé. M. Sayyed a ajouté que "la question principale est externe, et la question est de savoir quelle est l'identité stratégique du prochain président. Tout le monde attend une intervention extérieure, et, à mon avis, cela devrait se produire". Il a poursuivi en affirmant que la France et l'Arabie saoudite allaient bientôt intervenir dans cette élection.
Le Liban est entré en période d'élection présidentielle le 1er septembre dernier, mais le président du Parlement avait attendu jusqu'au 29 septembre pour convoquer une première séance. Face à un camp soudé derrière le Hezbollah, l’opposition demeure noyée dans ses divergences, accentuées par le schisme au sein du bloc des députés issus de la contestation populaire. Si M. Moawad est parvenu à faire passer son score de 36 voix lors de la première séance à 42 lors de la troisième - la 2ème ayant été levée faute de quorum - il semble encore loin de recueillir le soutien de 86 députés sur 128 pour être choisi au premier tour de scrutin.
Lors des tours suivants, le président peut être élu avec une majorité absolue de 65 voix. Mais jusque-là, la Chambre n'est toujours pas parvenue à un deuxième tour de vote, faute de quorum, les députés du camp fidèle à M. Aoun et ses alliés se retirant de la séance à l'issue des premiers tours. A chaque nouvelle séance, M. Berry considère qu'il s'agit à nouveau d'un premier tour, et que le nombre de voix requis est de 86 pour élire un président.
Le risque d'une vacance totale de l'Exécutif plane sur le Liban à l'approche de la fin du sexennat Aoun, alors que le pays est sans cabinet actif depuis le 22 mai. Un rassemblement est prévu dimanche au palais présidentiel de Baabda à 11 h pour célébrer la fin du mandat du chef de l'Etat.
Jeudi dernier, M. Berry a affirmé qu'il convoquera la Chambre à des séances consécutives pour élire un nouveau président. Dimanche, le patriarche maronite Béchara Raï a critiqué les séances électorales, estimant qu'elles sont une "pièce de théâtre". De son côté, Nabil Kaouk, membre du conseil exécutif du Hezbollah, a accusé les Etats-Unis et l'Arabie saoudite de s'ingérer dans l'élection.
"M. Berry considère qu'il s'agit à nouveau d'un premier tour" et hop il bafoue la constitution, en veux tu en voila, et personne n'a a redire. Il est claire a présent que tout le monde veut éviter l’élection d'un président ou la formation d'un gouvernement car il semble que quelque chose se prépare et va changer la donne politique sur le terrain. A entendre Jamil el Sayed et Kaouk blatérer accusant et craignant une potentielle intervention extérieure, remettent les pendules a l'heure et explique toutes ces tergiversations. Est elle politique? Militaire? Economique? A suivre...
09 h 20, le 25 octobre 2022